Édito

Sécurité : la gauche face à ses contradictions à l’approche des municipales

L'édito politique Renaud Dély Du lundi au vendredi

La gauche tente de regagner en crédibilité sur la sécurité, un thème longtemps jugé tabou dans son camp. Les différentes déclarations autour de l'armement de la police municipale et de la vidéosurveillance montrent néanmoins qu'elle reste divisée et fragilisée.

Agathe Lambret

Radio France

Publié le 09/07/2025 08:23 Mis à jour le 09/07/2025 08:23

Temps de lecture : 3min

Une caméra de vidéosurveillance à Puteaux dans les Hauts de Seine, le 22 mars 2024. (ERIC BERACASSAT / HANS LUCAS)

À moins d’un an des municipales, la gauche, souvent taxée de laxisme en matière de sécurité, a-t-elle fait sa mue sur le sujet ? Il est possible de s’interroger quand l’insoumise Mathilde Panot promet que son parti désarmera la police municipale et supprimera les caméras de vidéosurveillance dans les villes où les Insoumis seront élus… Une sortie sans nuance, sans un mot pour les habitants ou pour ces maires qui tentent de faire régner l’ordre. Pour certains, l’ordre est un gros mot. Le PS s’est immédiatement désolidarisé. "Ça n’a aucun sens", a rétorqué, lundi 7 juillet, Olivier Faure, qui promet qu’il ne se rangera jamais derrière un insoumis avec un tel programme.

La sécurité sera un enjeu prochaines municipales. Elle l’est déjà. Selon une enquête Ipsos, quand on demande aux Français ce qu’ils attendent de leur prochain maire, ils répondent d’abord : "sécurité et tranquillité publique". Depuis 2020, le thème a bondi de neuf points ! Quelle est la ligne du PS en la matière ? Faut-il prévenir, réprimer, ou les deux ? Faut-il armer la police municipale, comme à Saint-Nazaire, ou ne pas l’équiper, comme à Nantes, pour ménager les écologistes ? Le parti promet aujourd’hui qu’il présentera "des marqueurs" pour ses candidats à l’automne, notamment en matière de sécurité.

Un sujet politiquement incorrect

La gauche évolue en matière de sécurité. Elle a conscience de manquer de crédibilité sur ce sujet, et qu’elle essaye de réinvestir ce terrain vague. Elle a présenté en avril une "convention du PS sur la sécurité et la prévention de la délinquance". Raphaël Glucksmann promet lui d’aborder "les thèmes qui mettent la gauche mal à l’aise", c’est l’ex-insoumis François Ruffin qui s’empare aussi de la question sécuritaire, notamment dans les quartiers populaires. Mais à quel prix, parfois ! On se rappelle l’anathème qui avait frappé le communiste Fabien Roussel quand il avait osé parler d’insécurité en 2022.

Ces initiatives individuelles restent insuffisantes et n’effacent pas des années de dogmatisme, ni le poids d’alliances avec des partis qui relèguent ce sujet. Si la gauche a eu ses grandes voix — entre autres Jean-Pierre Chevènement ou Manuel Valls — la sécurité reste encore politiquement incorrecte pour un camp qui n’arrive pas à la concilier avec la lutte contre les inégalités. Un camp qui juge que ce thème serait de droite. C’est ce qui l’a coupée des classes populaires. Et c’est oublier que ce sont précisément ces classes populaires qui sont souvent les premières victimes de l’insécurité.