Édito
Surveillante poignardée en Haute-Marne : l’exécutif sous pression attaqué par la droite

L'exécutif promet de s'attaquer "au fléau" des armes blanches, mais est critiqué à droite sur son "apathie" contre la violence, en particulier le chef de l'État, accusé par le RN d'avoir minimisé ces faits divers.

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
François Bayrou et Emmanuel Macron à l'Élysée, le 15 avril 2025. (SARAH MEYSSONNIER / POOL / AFP)
François Bayrou et Emmanuel Macron à l'Élysée, le 15 avril 2025. (SARAH MEYSSONNIER / POOL / AFP)

Après le drame de Nogent, mardi 10 juin; François Bayrou se retrouve sur la défensive, parce que ce cauchemar pour le monde de l’école et au-delà, pour toute "la nation en deuil", selon Emmanuel Macron, c’est aussi un cauchemar politique pour l’exécutif.

Ce meurtre d’une jeune surveillante survient après une série d’autres drames au sein ou à proximité d’établissements scolaires, avec à chaque fois des victimes et des meurtriers très jeunes. Et toujours l’usage d’armes blanches dont la circulation se banalise. Le dernier en date, c’était fin avril, à Nantes, une jeune lycéenne poignardée par un élève de seconde qui en avait blessé trois autres. Face à cette "épidémie", selon le mot de François Bayrou, l’exécutif court le risque de laisser à l’opinion le pire sentiment qui soit pour des gouvernants, celui de l’impuissance, et même de l’inutilité.

Marine Le Pen s'indigne d'une "absence de réponse politique"

L’inévitable politisation de ce drame n’a pas tardé. La cheffe de file de l’extrême droite, Marine Le Pen, a pris un ton grave, solennel, pour interpeller le Premier ministre à l’Assemblée et s’indigner de son "absence de réponse politique". Elle a aussi pris soin de cibler directement Emmanuel Macron, accusé d’être "déconnecté de cette réalité terrible et brutale". Des commentaires "malhonnêtes et sans pudeur", selon le chef de l’État. Marine Le Pen juge qu’après la tragédie de Nogent, les mots, enfin ceux de l’exécutif, ne suffisent plus.

Mais elle-même n’en manque pas pour fustiger tour à tour les "barbares", "l’ensauvagement" ou la "désacralisation de la vie". Le tout sans avancer de propositions concrètes. Le RN n’en a pas besoin. Il se contente de recourir à un registre émotionnel pour réconforter "toutes les familles qui vivent dans l’angoisse". La tâche du gouvernement est plus complexe.

Vente d'armes blanches, réseaux sociaux, santé mentale... La réponse du gouvernement

Au-delà de la compassion pour les victimes et leurs proches, l'exécutif doit surtout trouver des réponses efficaces. Le gouvernement n’est pas inactif. La preuve, le meurtre de mardi s’est produit alors que les sacs des élèves étaient contrôlés en présence de gendarmes, des fouilles aléatoires mises en place fin mars par une circulaire de Bruno Retailleau.

Au-delà, François Bayrou a annoncé l’interdiction de la vente d’armes blanches aux mineurs, l’expérimentation de portiques à l’entrée de certains établissements en difficulté. Il a surtout promis de s’atteler enfin au chantier de la santé mentale des jeunes, cet angle mort des politiques publiques. Emmanuel Macron souhaite, lui, interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans. Autant de pistes pour essayer d'enrayer un déferlement de violence qui touche les établissements scolaires. De nombreuses métropoles européennes ont récemment été endeuillées de Londres à Zagreb ou Pragues. Et mardi à Graz en Autriche, l'un des dix pays les plus sûrs au monde, selon l'indice mondial pour la paix, une fusillade dans un lycée a fait 10 morts et 12 blessés graves.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.