Nicolas Sarkozy : l'introspection européenne

François Hollande et Angela Merkel sur le même bateau pour vanter l'Europe. Mais de nombreuses voix s'inquiètent en France de l'absence de débat à 15 jours du scrutin européen. Les agriculteurs notamment ont relayé cette inquiétude auprès de Nicolas Sarkozy. L'ancien président de la République a déjeuné à la FNSEA cette semaine. Beaucoup de ces interlocuteurs pressent Nicolas Sarkozy d'intervenir dans cette campagne électorale. 

Il n'a toujours pas pris sa décision,
mais Nicolas Sarkozy réfléchit beaucoup. Il reçoit beaucoup aussi. Et quasiment tous ses interlocuteurs lui
parlent de l'Europe, des élections du 25 mai, de la campagne atone en France, de
la montée des extrêmes.

Lorsqu'il a déjeuné au siège de la FNSEA,
avec le bureau du syndicat, dès l'entrée du repas, les responsables ont mis le
sujet sur la table. Ils ont fait part à Nicolas Sarkozy de
leur inquiétude quant à la progression de l'euroscepticisme  auprès des agriculteurs.

Nicolas
Sarkozy partage leur inquiétude

L'ancien chef d'Etat s'est longuement
exprimé. Un discours improvisé mais qui reflétait ses convictions profondes d'européen.
Nicolas Sarkozy a démontré combien l'Union européenne était profitable aux
agriculteurs, un dossier auquel il s'est toujours montré attentif. Et même s'il
n'a pas toujours affiché une fibre agricole comparable à celle de Jacques
Chirac par exemple, son discours correspondait à l'attente de son auditoire.

A tel point qu'autour de la table, les
responsables agricoles se sont aussitôt exclamés : "Voilà ce que
les agriculteurs ont besoin d'entendre" . Et de presser Nicolas Sarkozy d'intervenir
dans la campagne.

Les
agriculteurs ne sont pas seuls. A l'UMP, François Baroin, Brice Hortefeux ou
Bernard Accoyer réclament également son intervention. Et pourtant, Nicolas
Sarkozy n'est pas encore décidé.

Nicolas Sarkozy réfléchit

Parler pour ne rien dire, ou dire des
banalités, ce n'est pas le genre de Nicolas Sarkozy. Si l'ancien président intervient dans
cette campagne, ce sera pour dire des choses fortes, et dont la portée sera
forte.

"Il le faut !" plaident
certains auprès de lui, car le Front National menace de devancer l'UMP.

Précisément, dans ce cas de figure, l'intervention
de Nicolas Sarkozy dévaluerait sa cote présidentielle, s'inquiètent d'autres. Ceux-là
jugent prudent d'attendre de sentir le vent des sondages.

Nicolas Sarkozy se défend de prendre en
compte ces basses considérations. Il mène une "réflexion intime" ,
expliquent ses proches. Mais il est une troisième donnée qui
pourrait s'imposer à l'ancien président.

Si le FN sort premier parti de France le
25 mai au soir, Nicolas Sarkozy pourrait-il continuer à se tenir à distance. Ne
pourrait-on lui reprocher son silence dans la campagne ?

Nicolas Sarkozy dispose de deux semaines
de réflexion.

Après, le 25 mai, le vote aura lieu. Le
même jour, son épouse Carla donnera un concert à Tel Aviv, Nicolas Sarkozy a
prévu de la rejoindre pour quelques jours.

L'UMP devra tirer les leçons du scrutin
sans lui.