Rawiri Waititi, le député maori expulsé du parlement néo-zélandais pour absence de cravate
Le parlementaire est arrivé mardi dans l’hémicycle avec un pendentif maori en jade au lieu de la traditionnelle cravate. Le "speaker" lui a interdit de prendre la parole, lui ordonnant de quitter la salle.
Chaque parlement a son règlement, et celui de Nouvelle-Zélande impose vraisemblablement aux hommes de porter une cravate. En tout cas une tenue dite "correcte". Mardi 9 février, dans la matinée, Rawiri Waititi, député maori, est entré dans l’hémicycle avec un costume gris standard, une chemise blanche, et un collier d’apparat, un pendentif orné d’une pierre de jade sculptée en lieu et place de la fameuse cravate. Et lorsqu’il a voulu prendre la parole pendant la séance des questions, le président de l’assemblée l’en a tout simplement empêché : "accoutrement non règlementaire", a-t-il jugé, demandant au député de quitter la salle, comme on peut le voir sur cette vidéo postée par le New Zealand Herald.
Tollé général. Et grand débat entre élus. Qu’est-ce qu’un accoutrement réglementaire ? D’autant que le mot "cravate" n’apparait pas dans le règlement. Le texte parle de "business attire", de tenue d’affaire, excluant les T-shirts et les vêtements de sport. Mais qu’importe, au fond il y a bien plus qu’une cravate derrière tout ça. Le vêtement est un message. Et c’est ce qu’a expliqué Rawiri Waititi en sortant de l’hémicycle : "ce collier, dit-il, c’est ma cravate à moi, c’est une tenue d’affaire dans la culture maori. Or, ici, en m’empêchant de prendre la parole sur ce prétexte, on me demande d’être ce que je ne suis pas."
Dissapointing the Speaker has set one precedent for some members of but not for everyone. Being told to leave the house because of my choice to wear hei-tiki as cultural business attire is absurd.
— Rawiri Waititi MP (@Rawiri_Waititi) February 9, 2021
Avec ses épaules carrées et les tatouages ornant son visage, Rawiri Waititi est impressionnant de calme, et de sérénité. Il est né en 1980 et a grandi à Whangaparaoa, au nord d’Auckland, élevé par ses parents, mais aussi par ses oncles, tantes, grands-parents, "en gros, tout mon village", dit-il. "Je suis Maori, et fier de cet héritage." Un héritage qu’il a choisi de transmettre en devenant enseignant, avant d’être élu député l’année dernière pour porter la parole des Maoris.
"Les règles d’un parlement ne devraient pas imposer la culture d’un seul peuple à tous les autres, a-t-il expliqué en sortant de l’hémicycle, vivre, construire, gouverner ensemble, ça n’est pas fondre tout le monde dans le même moule". En l’occurrence, le moule des descendants des colons anglais, qui ont débarqué là en 1642, six siècles après l’installation des Maoris en l’an 1000. Aujourd’hui, en 2021, au parlement de Nouvelle-Zélande, 21% des députés sont Maoris, 8% Polynésiens, 7% Asiatiques. Sachant que la moitié des sièges est occupée par des femmes, qui ne portent pas de cravate et peuvent venir avec un pendentif.
Et c’est ce règlement obsolète, ce non-sens que pointe Rawiri Waititi, dans un pays si fier de ses démonstrations de haka à chaque match des All Blacks, mais où un collier peut encore priver celui qui le porte du droit de parler.
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