L’affaire Pélicot, un procès historique : l'info de l'histoire du 21 décembre

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Article rédigé par Fabrice d'Almeida
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les très nombreux journalistes couvrant le procès des viols de Mazan, à l'arrivée de Gisèle Pelicot (à droite) le 19 décembre 2024 au ribunal d'Avignon (Vaucluse) (SYLVAIN THOMAS / AFP)
Les très nombreux journalistes couvrant le procès des viols de Mazan, à l'arrivée de Gisèle Pelicot (à droite) le 19 décembre 2024 au ribunal d'Avignon (Vaucluse) (SYLVAIN THOMAS / AFP)

Le procès de Mazan a retenu une attention internationale, au point que le chancelier d’Allemagne ou le Premier ministre espagnol ont envoyé des mots de sympathie à Gisèle Pélicot. C’est un procès qui a changé l’histoire, un procès hors-norme. Par le nombre des accusés, d’abord : 51. Trois ans d’enquête. Quatre mois de procès et un verdict. Et une victime, hors-norme ensuite, Gisèle Pélicot, dont l’attitude exemplaire a provoqué des réactions de soutien unanimes.

Une affaire jour après jour suivie par les grands journaux internationaux comme le New York Times. La même sidération que celle que nous avons connue pour la perversion mise au jour par les débats. Ces viols effectués sous la direction de son mari qui utilisait des somnifères pour la forcer à dormir. La fascination ne s’est pas démentie tout au long des débats, non moins que l’admiration pour Gisèle Pélicot, faisant de cette affaire un des rares faits-divers planétaires.

L'affaire Landru, seul précédent ?

Dans notre histoire, peut-être une seule affaire a eu une telle résonance internationale : celle de Landru. Trois ans d’enquête, trois semaines de procès, du 7 au 30 novembre 1921. Landru profite du désordre et de la solitude de femmes pendant la Grande Guerre pour en rencontrer avec les petites annonces. Puis il les emmène dans sa villa à Vernouillet, d’abord, puis surtout à Gambais et les tue. Le "Barbe-bleue" du XXe siècle se débarrasse ensuite des corps en les découpant et en les brulant dans sa cuisinière… 283 femmes auraient répondu à ses annonces. Le procès s’appuie sur les restes retrouvés à Gambais de dix d’entre elles et d’un adolescent.

La presse de l’époque s’interroge sur ce personnage à l’allure étrange. Est-il séduisant, pour soulever de telles réactions ? Comment gérait-il les relations avec ses victimes ? Et sa famille, que savait-elle ? Tout tourne autour de Landru, ce bourreau qui a inspiré des fims et des chansons par la suite. Au moment de son procès l’accusé glisse à son avocat qu’il est "l’homme le plus célèbre du monde".

Un siècle plus tard, la victime est au centre de l’attention. C’est elle qui soulève une mobilisation. A cause de sa décision courageuse d’accepter que le procès se tienne publiquement et que son image puisse être utilisée pour les médias. Le procès de Mazan marque ce tournant où l’attention se porte sur les victimes pour donner un sens à notre histoire.

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