L’immense histoire des droits de douane : l'info de l'histoire du 15 mars
L'actualité remise en perspective chaque samedi, grâce à l'historien Fabrice d'Almeida.
Cette semaine la guerre commerciale continue, avec des hausses de droits de douane lancées par les Etats-Unis. 200% sur le champagne et d’autres produits européens. Mais en fait, les douanes sont parmi les plus anciennes taxes au monde.
Quand on remonte dans l’histoire de l'humanité, on en retrouve des traces dans tout le monde antique. Aux portes des villes, à Ur, à Sumer voici plus de 3 000 ans. C’est même d’un mot sumérien, dub, qui désigne les tablettes sur lesquelles on écrivait, que vient le mot perse diwan, qui signifiait à la fois la tablette et l’administration. Diwan a ensuite donné notre mot actuel, douane.
Dans ces vieilles cités d’Orient, de Mésopotamie, dans l’actuelle Irak, il existait déjà des droits de passage et d’accès au marché. Les Grecs et les Romains ont repris le principe. À Athènes, les fonctionnaires contrôlent les navires, font ouvrir les cargaisons pour calculer le pourcentage qui va être prélevé. C’est la même chose à Rome, où les frontières de l’empire sont contrôlées et où l’on applique un impôt : le portorium. Son taux varie suivant les époques, 2%, 5% et au maximum 12,5%. Le but remplir les caisses de l’Etat (déjà) et couvrir les dépenses publiques, notamment militaires. Dans certaines provinces de l’empire comme en Judée, on confiait le péage à un autochtone qui avançait la somme globale et se remboursait sur les passants et les commerçants.
Au début de l’empire romain, sous le règne de l’empereur Tibère, Le responsable du péage de Capharnaüm, un très grand marché, vers 30 de notre ère, se nommait Mathieu Levi. Les gens ne l’aimaient pas beaucoup car il remplissait une fonction au service de l’occupant romain. C’est là qu’un jour, un certain Jésus l’a vu à la tâche et lui a dit de le suivre, ce que ce percepteur a fait. Il a fait partie des Apôtres et on l’appelle de nos jours Saint-Mathieu. Il est devenu le saint patron des douaniers…
À Rome, le portorium au départ est seulement fiscal. Mais progressivement on remarque qu’il change de fonction. Vers le IIIe siècle, les taxes des villes frontières de l’empire s’envolent, alors que les taux intérieurs de l’empire restent raisonnables. On comprend que l’on veut éviter de faire rentrer des choses dans l’empire, comme pour le garder en autarcie. Et quand une marchandise concurrence les habitants de Rome et de l’Italie, on prend des mesures radicales, comme les arrachages de vignes, ordonnés par Domitien pour limiter la concurrence des vins italiens.
Chassé-croisé entre droits de douane et libre-échange
La vraie politique douanière s’affirme quand commence le débat sur la concurrence économique entre les puissances, au XIXe siècle. C’est alors que commencent des guerres douanières. On augmente les droits de douane pour éviter des importations. Il faut attendre 1860 et le traité de libre-échange entre la France et l’Angleterre pour que le protectionnisme soit vraiment critiqué. Et il revient à la fin du XIXe siècle avec le tarif voulu par un ministre français, Jules Méline, en 1892. Protectionnisme et autarcie fleurissent dans les années 1930.
Il y aura un vrai retour au libre-échange après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le libre-échange a culminé avec la création de l’OMC en 1994, et l’adhésion de la Chine à ce système en 2001. Mais depuis 2008, le système se grippe. Et le président Trump participe de cette crispation globale. Comme si les peuples voulaient revenir à un monde plus cloisonné, peut-être plus rassurant. Au risque de voir les prix monter et les innovations se diffuser plus lentement. Au fond, la génération bousculée par le numérique, les ordinateurs et maintenant l’IA veut ralentir le rythme, et calmer aussi le réchauffement climatique liés aux transports. On est vraiment dans un autre monde, avec ce retour des tarifs douaniers élevés.
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