Le salon du Bourget, un évènement qui redevient politique

Cette année, le Salon international de l'Aéronautique et de l'Espace, plus connu comme "Salon du Bourget" ou encore "Paris Air Show", a été une réussite. Le beau temps était au rendez-vous et on a pu voir les évolutions des avions au grand soleil. Depuis 1909, cet événement, qui a lieu tous les deux ans, est l'une des plus importantes manifestations mondiales dans ce domaine.

Emmanuel Macron, sur place, vendredi 20 juin, a souligné le rôle des industries de défense : "Toute la partie défense correspond à l'état du monde, à ses désordres, à ses déséquilibres, avec de plus en plus de pays qui s'équipent", a-t-il déclaré, en relevant une composante défense qui "croît chaque année davantage". Quant au déplacement commun, le jour précédent, des têtes du Rassemblement national Marine Le Pen et Jordan Bardella, c'est un fait plutôt nouveau pour ce salon. La situation géopolitique et le retour des questions de défense dans l'agenda expliquent cet engouement renforcé des dirigeants de partis et des médias pour cet événement.

Une dimension politique depuis 1953

Depuis qu'il a été créé en 1909 et surtout depuis qu'il s'est installé au Bourget, en 1953, le salon de l'aéronautique est un concentré de politique et de technologie, à cause de la nature même de l'avion. En plus de servir au transport, voler est aussi un outil pour les armées et les découvertes. Dès 1953, les récits journalistiques en témoignent : "Les visiteurs du 20e Salon de l'Aéronautique, qui s'est ouvert cette année au Bourget, auront pu s'y rendre en hélicoptère, raconte un présentateur d'actualités. À cet effet, d'une porte de Paris à l'aérodrome, une navette a été organisée et les amateurs de sensations nouvelles auront pu se familiariser avec les modernes taxis du ciel. Dont l'un était piloté par la seule pilote militaire d'hélicoptère, Mademoiselle André, qui sauva dans son appareil plus de 600 blessés en Indochine !" Valérie André, qui cette année-là emportait les VIP depuis Paris au salon, finira sa carrière comme première femme générale de l'armée française.

Pendant la guerre froide, le salon est aussi devenu un lieu de rivalité entre les grandes puissances. Pour la France, c'est le moyen de montrer sa spécificité, mais pour les deux grandes puissances d'alors - les États-Unis et l'URSS - c'est un lieu de démonstration de capacités militaires. Les Américains l'ont compris dès l'après-guerre et montrent en France leurs Sky Blazers - leur patrouille de vol acrobatique - dès 1951. Ils y envoient aussi leurs hélicoptères, leurs chasseurs et leurs bombardiers en démonstration. Le salon est en effet devenu un grand marché où de nombreuses délégations internationales viennent pour conclure des accords commerciaux dans le secteur militaire.

L'entrée du bloc de l'Est sur le marché

Ensuite, les Soviétiques décident de s'y rendre aussi, avec une fortune pas toujours au rendez-vous. C'est là qu'en 1973, le Tupolev TU 144 - qui ressemblait au Concorde - s'écrase sur Goussainville, faisant 14 morts et 28 blessés. Puis, en 1999, après la chute de l'URSS, c'est un Sukoy SU 30 qui se crashe. Entre-temps, la Chine est entrée au salon en 1985, à la faveur de sa libéralisation et de son rapprochement avec les États-Unis.

Avec un nombre d'exposants toujours plus important au fil du temps, le salon est devenu un lieu d'affichage de tous les pays et où se retrouvent les tensions du monde actuel. La nouveauté en 2025 est que d'autres partis que le gouvernement ont tenu à y être visibles, pour manifester leur intérêt pour les questions internationales et de défense. En cela, le salon de cette année marque un tournant, au-delà des grandes réussites économiques et techniques de l'air et de l'espace.