Les États-Unis et nous : 1979, la "guerre des hamburgers"
En 1979, McDonald’s ouvre son premier restaurant en France, puis s'étend rapidement à chaque département. De Jean-Pierre Coffe à José Bové, de nombreuses personnalités se sont opposées à cette implantation. Pourtant, il détrône désormais le classique jambon-beurre.
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En 1975, quand William Sheller lance son tube Rock'n'Dollar, tout est prêt pour que commence la guerre du hamburger, entre concurrence commerciale et défense de la gastronomie française. "Donnez-moi Madame s'il vous plaît du ketchup pour mon hamburger…", fredonne alors le chanteur français. Mais la guerre du hamburger éclate vraiment en 1979. Cette année-là, la firme américaine McDonald's ouvre directement un restaurant en France et retire sa marque à une première franchise, lancée en 1972. Motif ? Les standards d'hygiène n’étaient pas respectés. Or, l'hygiène est essentielle pour cette firme, d'autant que cette même année, McDo lance son menu pour enfant, le Happy Meal, dans tous ses restaurants.
Avec ses premiers restaurants venus directement des États-Unis, la guerre du hamburger est déclarée en France. L'ancien associé de McDonald's lance sa propre marque, O'Kitch. Puis Burger King tente une incursion sur le marché français. Bientôt, FreeTime, Quick et KFC s'implantent dans le pays qui a inventé la gastronomie. Quand on interroge les consommateurs sur leurs motivations en 1979, ils répondent que le prix et la facilité d’accès sont essentiels, avec une pointe de fascination pour les États-Unis.
"Les fast-bad-foods" de Jean-Pierre Coffe
Très tôt, le débat s’engage sur la valeur nutritive de ce hamburger. McDo est née en 1955 dans la banlieue de Chicago. Tout est standardisé dans son sandwich à la viande avec un pain en forme de bun. Les matières grasses et le sucre dominent. Dès les années 1980, les émissions alertent les consommateurs sur les questions de santé. Les grands chefs regardent avec circonspection cette nourriture industrialisée.
En fait, c'est le caractère même de la France qui paraît mis en cause. Le hamburger est le symbole de l'Amérique. Il est toujours comparé à Coca-Cola, et son aventure suit celle de la conquête du monde par les idées libérales américaines. Juste après la chute du Mur, en 1990, McDonald's ouvre un restaurant sur la place Rouge. La firme devient ainsi un symbole d’une alimentation industrielle, vendue dans de jolis emballages.
Jean-Pierre Coffe, le regretté chef aux coups de gueule légendaires, le dit brutalement. Ce défenseur des artisans charcutiers est interrogé dans une émission sur les fast-foods en 1991. "Les fast-foods ? Ce sont des fast-bad-foods", clame-t-il. Pour Coffe, il faut éduquer les enfants, leur apprendre les principes d’une alimentation saine. Sinon, "c'est de la merde !" conclut-il.
La méthode José Bové
Mais malgré ces résistances et ces critiques, les hamburgers sont déjà entrés dans les mœurs. Le nombre de restaurants McDonald's se multiplie. Plus de 70 ouvrent chaque année, et presque tous les départements en ont un en 1999. Pour certains, la présence de McDo reflète une colonisation rampante, une forme d'impérialisme américain.
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La politique s’en mêle quand des restaurants deviennent la cible de la gauche contestataire. "Ils font bouffer de la merde !" dit José Bové, leader paysan, quand ils attaquent le chantier d'un McDo, dans la banlieue de Millau, cette même année 1999.
Le hamburger s'adapte
Il n'empêche, les hamburgers continuent leur avancée. On crée même des versions françaises, avec Steve Burggraf et son Big Fernand. Les brasseries et les bistrots en proposent à la carte. Les grands chefs veulent désormais revisiter ce plat et y mettre leur patte : Thierry Marx, puis en 2022, Alain Ducasse avec un burger végétal.
Depuis 2018, le hamburger dépasse le jambon-beurre, jusqu'alors roi des sandwichs. En réalité, la guerre des hamburgers s'est éteinte, car le hamburger s'est francisé. Même McDonald's s'est adapté : des sièges plus confortables, des produits commandés auprès d'agriculteurs français, tout en conservant les recettes américaines. En somme, nous avons appris à prononcer tous ces mots à la française pour retrouver la paix.
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