Les "grandes vacances", une passion républicaine

L'actualité remise en perspective chaque samedi, grâce à l'historien Fabrice d'Almeida.

Article rédigé par franceinfo
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Des automobilistes quittent la région parisienne par la Nationale 7 pour les vacances de Pâques en avril 1957 (- / AFP)
Des automobilistes quittent la région parisienne par la Nationale 7 pour les vacances de Pâques en avril 1957 (- / AFP)

Samedi 5 juillet, c'est le premier jour des grandes vacances, et comme chaque année se pose le débat sur leur longueur et sur leur intérêt pour les enfants. Ce n'est pas seulement un enjeu familial, mais bien un enjeu national. Les grandes vacances ont d'ailleurs commencé par un débat national, à la Chambre des députés, entre républicains et cléricaux.

À la fin du XIXe siècle, dans les années 1881-1882, sont adoptées les lois Ferry. Elles créent l'école telle que nous la connaissons encore : laïque, gratuite et obligatoire de 6 à 13 ans. Tous les enfants, y compris dans les campagnes, doivent se rendre à l'école. Or les familles paysannes résistent : elles ont besoin de tous les bras entre récoltes, la cueillette, la surveillance des troupeaux et même plus tard les vendanges. C'est pour cela que les grandes vacances sont mises en place, pour que les familles acceptent de se séparer de leurs enfants. Et c'est ainsi que dès les premières années de la réforme scolaire par les républicains, on passe de six à huit semaines et plus encore. Bientôt, entre le 14 juillet et 30 septembre, tous les bras sont pour la campagne.

Car les collègues, l’enseignement technique et les lycées s'alignent sur ce calendrier. La France commence à vivre avec cette coupure des grandes vacances. Mais jusqu'à l'entre-deux-guerres, peu de Français partent en vacances. On est dans un monde rural, où l'on reste chez soi pendant les vacances. Seules de grandes familles nobles ou bourgeoises ont des résidences d'été, où elles partent généralement en mai, avant la fin des cours. 

Tout change avec l'adoption des congés payés, en 1936

Le ministre de l'Education nationale du Front Populaire, Jean Zay, pousse à l'alignement des vacances des parents et des enfants. C'est le débat de la grande migration estivale que nous vivons encore cette année. Avec le développement de l'automobile et son explosion dans les années 1950, tout change : une route devient celle des vacances, la nationale 7 chantée par Charles Trenet en 1955. À l'époque, les vacances commencent le 1er juillet et on rentre début septembre. On est confortablement installé pendant dix semaines en vacances.

La réduction des vacances commence à être discutée dès 1968. À ce moment, le grand mouvement que nous connaissons avec la moitié de la France qui bouge à la faveur des grandes vacances est déjà largement enclenché. On aménage des zones scolaires en 1964, avec deux zones. Cela sera largement retouché par la suite, et cela joue surtout sur les petites vacances. Difficile d'émietter les grandes vacances, malgré les demandes des hôteliers et restaurateurs pour répartir la consommation et l'occupation au-delà de ce que l'on appelle "la" saison.

Les pédagogues commencent à analyser les vacances et leur effet sur la connaissance. Ils notent que les enfants désapprennent. Beaucoup sont laissés à eux-mêmes. Ce temps doit être réformé. Ils s'y emploient dès les années 1980. 

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