Les taxis et la Sécu, une vieille histoire

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Article rédigé par Fabrice d'Almeida
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des chauffeurs de taxi en grève, à Strasbourg (Bas-Rhin), le 10 janvier 2013. (FREDERICK FLORIN / AFP)
Des chauffeurs de taxi en grève, à Strasbourg (Bas-Rhin), le 10 janvier 2013. (FREDERICK FLORIN / AFP)

La grève des taxis se poursuit. François Bayrou a accepté de recevoir leurs représentants, samedi 24 mai. Au cœur des revendications : la question de la réduction du coût des transports de patients pris en charge par l’assurance maladie. Un sujet sensible pour les chauffeurs, qui n'en sont pas à leur première mobilisation.

Les taxis comptent parmi les plus anciennes professions françaises. Dès 1905, ils transportaient les Français — valides ou malades — en automobile, succédant aux voitures à cheval. Mais ce n'est qu’en 1945, avec la création de la Sécurité sociale, que la question des frais de transport se pose réellement. Très vite, dès 1950, des accords sont conclus avec les professionnels pour assurer les déplacements des malades. Ce sont ces accords qui font des taxis de véritables outils de la politique de santé publique.

Dès les années 1960, les questions tarifaires deviennent lancinantes. Les grèves se multiplient, paralysant régulièrement les grands centres urbains. Ces mouvements réclament une revalorisation du tarif, encadré par l'État, et jugé insuffisant. Une revendication qui touche directement au remboursement des transports médicaux. Plus tard, en 2004, à Ajaccio, les chauffeurs protestent pour une meilleure prise en charge. L’assurance maladie les reçoit, et les autorités suspendent la réduction prévue pour apaiser les tensions.

Dix ans plus tard, le conflit prend une ampleur nationale

En cause : une nouvelle loi de financement de la Sécurité sociale, accusée de favoriser les grandes entreprises de transport au détriment des artisans, jugés trop coûteux. À Chalon, une opération escargot réunit les chauffeurs. Les reportages relèvent alors que certains réalisent jusqu’à 90 % de leur chiffre d’affaires en transportant des patients, devenant de fait des auxiliaires de santé. Ils les accompagnent parfois jusque dans les services hospitaliers. Selon eux, leur combat est aussi celui du bien-être des malades.

Mais cette revendication sanitaire n'est pas la seule à mobiliser la profession. Le sujet le plus explosif reste celui de la concurrence. Aujourd’hui, la question des VTC (véhicules de transport avec chauffeur) revient dans le débat. Et déjà, en 1973, les chauffeurs marseillais s’étaient mobilisés contre ce qu’on appelait alors les voitures de petite remise — une centaine de véhicules opérant depuis un garage, sans compteur, ni possibilité d’être hélés dans la rue : les ancêtres des VTC. Les taxis avaient alors réussi à freiner leur développement.

Pas commodes, les chauffeurs, quand leur situation économique est menacée. Mais essentiels, pour les malades, dans la logique de ces taxis solidaires, disponibles la nuit, et dont Vanessa Paradis chantait l’hymne en 1987 : Joe le Taxi.

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