Marc Bloch, un géant de l'histoire entre au Panthéon
L'actualité remise en perspective chaque samedi, grâce à l'historien Fabrice d'Almeida.
La décision du président Emmanuel Macron de faire entrer au Panthéon le grand historien Marc Bloch suscite une émotion particulière, car ce savant a tardé à être reconnu à sa juste valeur. Bloch, en effet, est l’une des figures tutélaires d’une école historique qui a profondément marqué pas moins de quatre générations d’historiens. Il y a d’abord la revue qu’il fonde avec Lucien Febvre en 1929, Les Annales, à l’université de Strasbourg, dans cette ville où Emmanuel Macron a voulu lui rendre hommage en célébrant le 80e anniversaire de la Libération. Une revue qui veut étudier le passé en utilisant les apports des autres sciences humaines et sociales, de l’ethnologie à l’économie.
Il y a ensuite son œuvre personnelle, avec des textes qui, aujourd’hui encore, inspirent le débat public : Les rois thaumaturges, paru en 1924, ou cet article si actuel sur les fausses nouvelles et les rumeurs de guerre, publié dans la Revue de Synthèse historique en 1921, ou encore La Société féodale, paru en 1940, qui montre la place de la tenure et du fief dans la vie des campagnes médiévales. Et surtout son livre aujourd’hui énormément cité : L’Etrange défaite, écrit pendant la guerre, sur la tragédie militaire de 1940, publié à titre posthume en 1946.
Exécuté dix jours après le Débarquement allié
Car Marc Bloch est mort en résistant à l’occupation allemande. Ancien combattant de la Grande Guerre, il reprend du service pendant la guerre et subit la débâcle. Professeur d’université, il est frappé par le statut des juifs, et chassé de la fonction publique. Mais il est rétabli pour service exceptionnel par le ministre vichyste Jacques Chevalier, père d’un de ses élèves. Pendant l’Occupation, Bloch laisse reparaître Les Annales sous la direction de Lucien Febvre et doit écrire sous un faux nom.
Entré en Résistance dans le mouvement Franc-Tireur, il est fait prisonnier et exécuté le 16 juin 1944, alors que la Libération était toute proche. En l’admettant au Panthéon, le président Macron honore l’histoire qui pourtant n’a pas toujours été généreuse avec ce géant : le collège de France a refusé plusieurs fois sa candidature et les autres académies, inscriptions et belles lettres ou françaises, l’ont ignoré.
Notre héros retrouvera quelques figures qui aiment l’histoire au Panthéon : Dumas, qui l’a sublimée dans ses romans, Hugo dans son théâtre, un agrégé avec Pierre Brossolette. Mais il ne verra pas Michelet qui repose au Père-Lachaise, ni ses cadets Braudel ou Duby.
Bloch était la figure éminente de la Nouvelle histoire. Le geste présidentiel constitue une manière de saluer l’avance que son œuvre a donnée à notre pensée pendant un demi-siècle.
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