Réformes des institutions : "Un texte un peu bâclé, mal ficelé et pas à la hauteur", selon Sébastien Chenu, porte-parole du FN
Invité du "19h20 politique", mercredi, sur franceinfo, Sébastien Chenu, porte-parole du Front national et député du Nord, a réagi à la présentation de la révision constitutionnelle.
Le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé, mercredi 4 avril, à Matignon, les réformes du gouvernement sur les institutions. Parmi les annonces importantes : la réduction de 30% des députés et sénateurs, l'instauration d'une dose de proportionnelle à 15% aux élections législatives, mais aussi la limitation du cumul des mandats pour les parlementaires et les présidents d'exécutif locaux. Pour Sébastien Chenu, porte-parole du Front national et député du Nord, invité du "19h20 politique" sur franceinfo, "le texte est un peu bâclé, mal ficelé et pas à la hauteur des enjeux."
franceinfo : Pourquoi ces 15 % de proportionnelle aux législatives, que le gouvernement veut introduire à partir de 2022, ne vous satisfont pas ?
Sébastien Chenu : On a le sentiment un peu que cette réforme constitutionnelle c'est une montagne qui accouche d'une souris dont on ne connaît ni la couleur ni la taille. On nous a vendu pendant des mois une réforme absolument incroyable et on accouche d'une bouillie absolument pathétique, dans laquelle évidemment la proportionnelle est résumée à 15 % de 400 députés. La proportionnelle, c'est une philosophie politique, c'est l'idée de dire que chaque Français - quelle que soit sa sensibilité politique - peut être représenté, à partir d'un seuil évidemment, à l'Assemblée nationale. Le fait de trancher, de couper en morceaux la proportionnelle, d'en faire une espèce de cache-sexe, me semble être complètement contre-productif. Le compte n'y est pas. J'aurais préféré - comme aux municipales et aux régionales - un scrutin proportionnel avec une prime majoritaire. Je trouvais que c'était très bien. On n'inventait pas quelque chose de très différent de ce qui se passe dans les régions. Il y a des majorités, elles sont stables, et tout le monde peut être représenté. Pourquoi le gouvernement n'y va pas ? De quoi a-t-il peur ? Qu'est-ce que c'est que cette sous-réforme constitutionnelle ? Emmanuel Macron a sûrement peur de se retrouver avec une centaine de députés FN, ce qui serait le cas si on avait eu la proportionnelle avec le résultat des dernières législatives. Je trouve que ce n'est pas le grand démocrate qu'il dit être. Le compte n'y est pas.
Concernant la fin des mandat dans le temps : pas plus de trois mandats consécutifs complets, qu'en pensez-vous ?
D'accord, mais à partir de quand ? Si c'est à partir de la fin de ce mandat et que c'est dans 15 ans, parce que c'est à peu près le temps si on compte 3 x 5 = 15. À partir de 2037 ? C'est un peu particulier. Moi je pense que tout ça est un peu bâclé, que le texte est mal ficelé, pas à la hauteur des enjeux. On va voir. Il y a quelque chose de particulier aussi sur le filtre des amendements qui me semble être très dangereux. Est-ce que le gouvernement ne chercherait pas à limiter le droit d'amendement des parlementaires, en particulier de l'opposition ? Édouard Philippe a parlé d'un filtre vis-à-vis des amendements, il va falloir y être attentif. Il y a quelque chose sur la Corse, la spécificité de la Corse, qui me semble ouvrir une brèche et une porte sur d'autres revendications possibles. Je crois que personne n'est en train de s'y retrouver avec ce texte.
Autre actualité : la 2e journée de grève des cheminots de la SNCF. Vous la soutenez ? Que dites-vous au gouvernement ?
Il serait temps qu'il nous explique ce qu'il veut faire réellement avec cette réforme car plus personne n'y comprend rien. Moi, je soutiens les gens qui contestent cette réforme, que ce soit les cheminots ou les usagers. Le gouvernement applique avec une docilité le 4e paquet ferroviaire qui a été voté au Parlement européen par les élus Les Républicains et socialistes. Mais qu'est-ce qu'il y a derrière ? On est en train de réaliser que ce n'est pas le statut des cheminots qui est en cause. La situation de la SNCF, elle, n'est pas dûe au statut des cheminots. Moi, je pense qu'on peut reparler du statut des cheminots, on peut faire la différence entre les personnels roulants et administratifs et revisiter leur statut parce qu'ils n'ont pas les mêmes contraintes. Aucun problème à cela. Mais le transport public en France, c'est quelque chose qui est structurant de l'aménagement du territoire. Je ne vois pas ça dans le débat. Quelles sont les lignes sur lesquelles le privé va se positionner quand on aura ouvert à terme à la concurrence ? Celles qui sont rentables. Est-ce que l'État absorbe la dette ? Quelle conception on a du transport public dans notre pays ? À quoi ça doit servir ? Oui, la SNCF a probablement besoin d'être revisitée mais on s'y prend très mal.
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