Sommet Choose France : Mars va investir "100 millions d'euros" en France, "choisie pour la qualité de son savoir-faire", explique Laure Mahé

Le sommet Choose France, qui s'est tenu à Versailles, a été l'occasion pour Emmanuel Macron de vanter la politique économique de la France. Pour cette 8e édition, 20 milliards d'euros de projets nouveaux ont été annoncés. Un record, selon l'Élysée.

Article rédigé par Isabelle Raymond
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Le président français Emmanuel Macron au « Sommet Choose France », qui vise à attirer les investisseurs étrangers dans le pays au Château de Versailles (GONZALO FUENTES / POOL)
Le président français Emmanuel Macron au « Sommet Choose France », qui vise à attirer les investisseurs étrangers dans le pays au Château de Versailles (GONZALO FUENTES / POOL)

La 8e édition du Sommet Choose France s’est tenue ce lundi 19 mai 2025. Le groupe Mars a annoncé 100 millions d’euros d’investissements. Propriétaire de huit sites de production en France, le groupe américain produit des barres chocolatées, mais également de la nourriture pour animaux. Entretien avec sa porte-parole en France.

Franceinfo : Vous annoncez aujourd'hui 100 millions d'euros d'investissements. Pour quoi faire concrètement ?

Laure Mahé : Ces investissements sont dans la lignée de nos investissements des cinq dernières années, puisque nous avons investi plus de 500 millions d'euros en France depuis 2020 dans nos différents sites en Alsace, en Occitanie, dans les Hauts-de-France et dans le Centre. L'objectif est d'assurer le développement et la modernisation de nos lignes de production, de développer l'innovation, de digitaliser nos lignes et évidemment de le faire dans une approche durable, en ligne avec notre engagement de décarbonation.

Aviez-vous prévu de faire ces investissements ?

"Ces investissements, nous avions prévu de les faire parce que la France est traditionnellement un marché de destination pour la production de Mars en Europe."

Laure Mahé, porte-parole de Mars Food France

à franceinfo

Nous avons 24 usines en Europe et nous en avons huit en France. C'est un territoire de destination. Mais il convient toujours de les déployer dans chacun des territoires. Donc la question est reposée chaque année et c'est extrêmement important pour nous aujourd'hui de réinvestir au sein de chacun des territoires.

Y a-t-il des créations d'emplois à la clé avec ces investissements ? Ou s'agit-il plutôt de moderniser, notamment des lignes de montage existantes, mais avec vos 5 000 salariés actuels en France ?

Notre investissement dans nos lignes de production et dans la digitalisation se fait toujours au service de l'emploi. On est toujours dans la continuité. On va par exemple monter un pilote industriel en Occitanie dans notre site de Royal Canin pour développer de nouvelles recettes à base d'ingrédients et d'emballages alternatifs. Et là, évidemment, il faut apporter des savoirs et c'est plusieurs collaborateurs spécifiques en recherche qui vont nous rejoindre.

A Haguenau, dans le Haut-Rhin, vous avez la plus grande usine de production de M&M'S en Europe. Pourquoi avoir choisi la France, plutôt que l'Allemagne par exemple ?

Notre ancrage en Alsace est historique, nous y sommes depuis 1967 avec notre usine de Biesheim et on a aujourd'hui quatre usines alsaciennes. Très spécifiquement, la France est toujours choisie pour la qualité de son savoir-faire. On a un capital humain absolument extraordinaire et aujourd'hui, faire des M&M'S en Alsace grâce à nos équipes et à nos associés dans les usines, ça fait une vraie différence.

Quels sont, selon vous, les éléments de la compétitivité française quand vous comparez aux autres pays européens ? Qu'a-t-on de plus que les autres, à part le savoir-faire ?

Le savoir-faire est lié à une très bonne formation. On bénéficie d'une énergie qui est de plus en plus décarbonée. Je prends l'exemple de nos usines qui sont désormais 100% alimentées en énergie renouvelable. Et ça, c'est un point extrêmement important dans notre feuille de route pour aller vers un "net zéro" d'un point de vue carbone. Et puis la France reste un très bon marché. Aujourd'hui, on réalise près de trois milliards d'euros de chiffre d'affaires en France et être près de nos consommateurs est extrêmement important pour mieux les servir.

Faites-vous partie de ceux qui se plaignent du coût élevé du travail en France ? La France représente le sixième coût le plus élevé de la zone euro, avec 44 euros de l'heure, contre moins de 26 euros en Espagne.

Le coût du travail en France, c'est une réalité à laquelle nous sommes sensibles. Mais chez nous, la spécificité technique du savoir-faire industriel va toujours primer. Et d'ailleurs, nous investissons pour que nos salariés, nos associés aient la meilleure rémunération.

"Aujourd'hui, les associés de Mars en France sont dans le premier quartile de la rémunération, c’est-à-dire qu'ils sont parmi les 25% les mieux rémunérés par rapport aux standards de l'industrie."

Laure Mahé, porte-parole de Mars Food France

à franceinfo

Les investissements étrangers en Europe ont diminué pour la deuxième année consécutive, et sont à leur plus bas niveau depuis neuf ans selon cette étude du cabinet EY. En parallèle, aux Etats-unis, ils ont progressé de 20%. Mars étant une entreprise américain, investissez-vous également aux Etats-Unis et dans quelle mesure ?

Mars investit dans le monde entier en tant qu'entreprise globale et internationale. Néanmoins, Mars reste ancrée dans ses territoires. Si je prends l'exemple du continent européen, aujourd'hui, 90% de la production européenne est réalisée en Europe, au service du marché européen. Il y a quelques exceptions vont plutôt s'incarner sur la base de recettes : le lait de coco de la marque Suzi Wan, on ne peut évidemment pas le fabriquer en Europe. Mais on se concentre sur une production locale et ancrée dans nos territoires.

Etes-vous, d'une façon ou d'une autre, impactés par la hausse des droits de douane, annoncée par Donald Trump ?

Notre logique locale nous permet de rester à l'abri de ces droits de douane. Néanmoins, c'est un sujet qui peut nous impacter en tant qu'entreprise internationale, sur la base des flux internationaux qu'on peut avoir, et c'est pour ça qu'on y reste très à l'écoute.

"En produisant en Europe pour l'Europe, c'est vrai que ça nous préserve de ces droits de douane."

Laure Mahé, porte-parole de Mars Food France

à franceinfo

Il y a un certain nombre de matières premières qui peuvent être affectées. Le cacao, qui nourrit nos recettes de chocolat, en fait partie. Mais l'ensemble de la production reste éminemment local.

Donc a priori, les barres chocolatées ou la nourriture pour chat de la marque Whiskas ne devraient pas augmenter dans les prochains mois ?

Dans la constitution du prix d'une barre chocolatée ou d'un produit Whiskas, par exemple, il y a un grand nombre de paramètres qui entrent en jeu. Il y a évidemment le coût de ces matières premières, qui est évolutif. Il y a aussi l'investissement qu'on fait en terme d'innovation ou de durabilité. Tout ça a un coût et c'est cette équation qui nous permet de déterminer le prix qu'on fixe auprès de nos distributeurs.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.