Stratégie d’entreprise : qui est Dom Dysmas, l’actionnaire principal des liqueurs de Chartreuse qui décide de bloquer sa croissance ?
L’intrus de l’actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité.
C'est le révérend père Dom Dysmas, le responsable des moines chartreux qui a convaincu le conseil d'administration de Chartreuse Diffusion d'un virage radical : "La croissance infinie n'est plus possible", a dit Dom Dysmas il y a quelques jours aux administrateurs, demandant d'arrêter d'augmenter la production, à la fois pour protéger la planète, les collaborateurs et retrouver du temps de prière. La chartreuse, est pourtant une entreprise qui va très bien, avec des bouteilles qui se sont vendues récemment aux enchères à plus de 30 000 euros.
Des débuts difficiles
Dom Dysmas de Lassus, 66 ans, est le 74e successeur de Saint-Bruno à la tête de l'Ordre des Chartreux. Dysmas, son nom religieux, est, le bon Larron dans l'Evangile. Un homme très discret qui vit depuis plus de 40 ans dans le silence et la solitude du monastère de la Grande Chartreuse sur les hauteurs de Saint-Pierre de Chartreuse, un lieu construit au XVIIIe siècle pour 80 frères où ils sont aujourd’hui une dizaine pour les différentes productions, trente en tout si l’on inclut les pères qui ne sont pas dans la production. Dom Dysmas ils ne sont à peine une dizaine. Il est né Michel de Lassus Saint Geniès à Versailles et grandit dans une famille de marin. Son père ingénieur du génie maritime, l'un de six frères et sœurs est également sous marinier. Et cette enfance nomade contraste évidemment avec la vie qu'il se choisit à 20 ans. Les débuts ont été difficiles, il a mis sept ans à être heureux comme il l'explique dans l'un des très rares entretiens qu'il a accordé ces dix dernières années à un journaliste de la Croix.
Une fois en quarante ans, il a quitté la Grande Chartreuse. En 2012, alors qu'il est maitre des novices depuis 24 ans, il est choisi comme prieur par les moines d'un autre monastère de cet ordre, la chartreuse de Portes qui le connaissent visiblement de réputation. Mais deux ans plus tard, il est élu, cette fois, prieur de la Grande Chartreuse. Un vote qui se fait avec les haricots blancs ou noirs pour se prononcer sur les candidats. Et qui est ensuite confirmé par les prieurs des 23 autres monastères de l'ordre partout dans le monde.
Ne pas aller dans le mur
Dom Dysmas et les moines sont actionnaires à 100% de l'entreprise, si l'on excepte 1% du capital pour le symbole, totalement impliqués, donc, dans la stratégie de l'entreprise. La production est assurée par une majorité de laïcs dans l'usine d' Aiguenoire en Isère. Mais les moines participent toujours, s'occupent notamment de la mouture et du vieillissement. Ils se disent aujourd'hui débordés. D'une part parce qu'ils ne sont plus que trois à y travailler. Et aussi à cause du climat qui se dérègle, qui complique la recherche des 130 plantes nécessaires à la recette secrète.
D'où la demande de Dom Dysmas qui a dit au conseil d'administration : stop ! S'il vous plait, on calme le jeu. "Je pense que les chartreux sont conscients des enjeux qui sont là autour d'eux pour les laïcs à leur service, pour les entreprises, explique Emmanuel Delafon, le PDG de Chartreuse Diffusion, dans une interview au site internet du Dauphiné. Il a pris la décision avec Dom Dysmas . "IIs soutiennent totalement ça. Le récit unique qui dit : 'il faut faire la croissance du PIB, il faut grandir. Tuer son concurrent pour prendre des parts de marché, tout cela n'a plus de sens aujourd'hui'. On voit bien que ça nous amène dans un mur des limites planétaires.
"Si Chartreuse doit continuer demain, en lien avec les Chartreux, il faut qu'on se pose ces questions-là. Comment nous expédierons nos bouteilles, par exemple ? Nous avons les prémices des réponses, mais nous devons accélérer."
Emmanuel Delafon, le PDG de Chartreuse Diffusion
Emmanuel Delafon que nous avons eu en ligne mais qui veut aussi limiter les interviews, c'est un choix, nous explique qu'ils veulent parallèlement revenir aux plantes. Ils vont créer une herboristerie, pour vendre d'abord des tisanes et aller vers la santé. D’ici la fin de l’année, quelques moines et moniales en cultiveront même sur trois sites pilotes.
Le plus bel hommage à la Chartreuse, on le doit peut être à Quentin Tarantino, qui, dans Boulevard de la mort lance cette tournée mythique de chartrousse !! "La seule liqueur si bonne qu'elle a donné son nom à une couleur !", dit-il au milieu d'un bar dans un scène que tous les administrateurs de la Chartreuse connaissent par cœur !
À regarder
-
Avion low cost : payer pour incliner son siège
-
Otages français en Iran : l'appel de détresse de leurs familles
-
Cédric Jubillar : ses défenseurs passent à l'attaque
-
Salomé Zourabichvili : "La Russie utilise la Géorgie comme test"
-
Se faire recruter dans l’armée par tirage au sort ?
-
La détresse de Cécile Kohler et Jacques Paris, otages en Iran
-
Le fléau des courses-poursuites à Los Angeles
-
Se soigner risque-t-il de coûter plus cher ?
-
Bac sans calculette : les conseils de Lucas Maths
-
Menace des drones : la France déploie ses armes
-
Un couple sauvé des eaux au Mexique
-
Ces méthodes spectaculaires contre les courses-poursuites
-
Opération anti-drogue : 400 policiers mobilisés à Grenoble
-
En Turquie, une femme sauvée in extremis devant un tramway
-
14 milliards d'impôts en plus, qui va payer ?
-
Gaza : comment désarmer le Hamas ?
-
Menace sur les réseaux : 100 000 euros pour t*er un juge
-
Cédric Jubillar : 30 ans requis contre l'accusé
-
Impôts, retraites, que prévoit le budget 2026 ?
-
Rihanna, reine des streams sans rien faire
-
Que changera la suspension de la réforme des retraites si elle est votée ?
-
Salaire : êtes-vous prêts à jouer la transparence ?
-
Ici, des collégiens dorment à la rue
-
Nouvelle éruption d'un volcan dans l'est de l'Indonésie
-
Cœur artificiel : l'angoisse des greffés Carmat
-
Pourquoi le vote du budget peut te concerner
-
Le nouveau ministre du Travail rouvre les débats sur les retraites
-
Laurent Nuñez, nouveau ministère de l'Intérieur, se confie sur les attentats de 2015
-
Adèle Exarchopoulos : "Quand le monde se résigne à banaliser la violence... Ce qui reste, c'est le collectif"
-
Un mois après sa mort, le message de Charlie Kirk résonne encore
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter