Mathilda Di Matteo : "Même quand on fuit, on reproduit son milieu familial"

Dans son premier roman "La Bonne Mère" (L'Iconoclaste), Mathilda Di Matteo raconte le parcours d'émancipation d'une adolescente marseillaise. Un premier roman très remarqué, à l'énergie communicative et à la sincérité profonde.

Article rédigé par Frédéric Carbonne
Radio France
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Temps de lecture : 2min
L'écrivaine Mathilda Di Matteo fin août à "La forêt des livres chez Gonzague Saint-Bris", festival littéraire en Indre-et-Loire. (GUILLAUME SOUVANT / AFP)
L'écrivaine Mathilda Di Matteo fin août à "La forêt des livres chez Gonzague Saint-Bris", festival littéraire en Indre-et-Loire. (GUILLAUME SOUVANT / AFP)

La relation mère fille est presque un incontournable de la rentrée littéraire. Elle est au cœur du premier roman de Mathilda Di Matteo La Bonne Mère. On a surtout l'impression de découvrir une nouvelle voix de la littérature française, qui nous touche souvent, qui nous fait rire parfois, et qui jamais ne cède aux clichés et aux caricatures.

Le livre raconte le grand écart géographique et social entre une mère qui ne quittera jamais ses plages marseillaises, et sa fille qui cherche sa place dans la bonne bourgeoisie parisienne.

Mettre une distance avec sa famille

Clara, lycéenne marseillaise, ressent après le bac la nécessité de mettre de la distance avec sa famille, sa mère notamment que Mathilda Di Matteo décrit comme "une tornade". Direction Paris, Sciences Po, et un copain de la bonne bourgeoisie. Mais elle n'est jamais vraiment acceptée.

"À Paris, Clara est la cagole marseillaise, alors qu'elle fuyait sa mère qui est, elle, la vraie cagole." Mathilda Di Matteo reconnaît qu'il y a beaucoup de Clara en elle : "J'ai une culture que je commence à peine à reconnaître comme riche, et j'ai essayé dans ce livre de faire un grand écart qui me ressemble entre Bourdieu et Johnny".

Cela donne un roman à une plume, mais à deux voix, alternance d'un chapitre dans la voix de Clara et d'un autre dans celle de sa mère Véro.

Solidarité féminine

C'est un roman de l'éloignement pour s'émanciper, mais aussi du rapprochement avec sa mère. C'est un livre où la solidarité féminine tient une grande place.

Mère et fille partagent le fait d'avoir subi la violence des hommes mais Mathilda Di Matteo revendique une forme de nuance : "C'était important pour moi de montrer à la fois des hommes violents qui ne sont pas des monstres et des victimes qui sont imparfaites. On est dans le monologue intérieur de ces femmes pendant tout le roman et on peut avoir cette empathie et cette nuance."

La Bonne Mère est une lettre d'amour à une mère dans laquelle, certes, Marseille est un décor essentiel, mais dont les ressorts sont absolument universels.

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