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"La traque de Mohamed Amra" (1/8) : le piège de Bucarest

Le 22 février 2025 marque la fin des 284 jours de cavale de Mohamed Amra. Après neuf mois d’évasion, il est arrêté à Bucarest en Roumanie.

Article rédigé par Gaële Joly - Avec Paul Cozighian
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le trafiquant de drogue français en fuite Mohamed Amra est escorté par des agents armés des forces spéciales de police depuis le fourgon de police vers le bâtiment de la Cour d'appel à Bucarest, en Roumanie, le 23 février 2025. (ROBERT GHEMENT / EPA)
Le trafiquant de drogue français en fuite Mohamed Amra est escorté par des agents armés des forces spéciales de police depuis le fourgon de police vers le bâtiment de la Cour d'appel à Bucarest, en Roumanie, le 23 février 2025. (ROBERT GHEMENT / EPA)

Le 14 mai 2024, la France a été secouée par une attaque meurtrière au péage d'Incarville. Un fourgon pénitentiaire transportant le détenu Mohamed Amra, surnommé "La Mouche", âgé de 30 ans, et connu pour trafic de drogue, a été pris pour cible par un commando lourdement armé. Cette attaque brutale a coûté la vie à deux agents de l'administration pénitentiaire parmi les cinq qui constituaient l'escorte d'Amra. L'événement, d'une violence inouïe et d'une rapidité déconcertante (à peine 3 minutes), a plongé le pays dans le deuil et la sidération, révélant la brutalité du narcobanditisme. Mohamed Amra est alors devenu l'homme le plus recherché de France.

Une traque "hors norme" a été lancée par les autorités françaises. Neuf mois après son évasion, Mohamed Amra a été localisé en Roumanie. A l'époque chef de l'OCLCO, Office Central de lutte contre le crime organisé, Yann Sourisseau, a indiqué que sa localisation en Roumanie était très récente, deux ou trois jours seulement avant son arrestation. Les policiers roumains, dont le travail a été salué pour sa qualité et son efficacité, ont accompli l'exploit de le retrouver et de le capturer en moins de 48 heures. Auparavant, les policiers français l’avaient identifié grâce à des images de vidéosurveillance à la frontière et ont pisté sa voiture depuis la Normandie, où il avait débuté son trajet. Mohamed Amra est interpellé le 22 février 2025 devant un salon de coiffure à Bucarest. Il était "très choqué" et "déboussolé", reconnaissant immédiatement son identité. Lors de son arrestation, il était en possession de faux papiers, de 300 euros et de deux téléphones. Il a même tenté de soudoyer les policiers avec 2 millions d'euros et a affirmé que la Roumanie n'était qu'une étape avant la Colombie, bien que son avocate roumaine ait déclaré qu'il se disait innocent et en Roumanie pour du tourisme. Bien qu'il ait affiché un "sourire provocateur" sur les images publiques après son arrestation, il était "très déçu" au moment de sa capture.

Quelques jours après son arrestation, Mohamed Amra a été rapatrié en France, traversant l'aéroport de Bucarest au milieu des passagers, escorté par les forces spéciales roumaines à bord d'un fourgon blindé. Cette affaire a eu un impact profond sur les familles des victimes et sur l'ensemble du personnel pénitentiaire, qui ont exprimé leur colère, leur sidération et une longue attente. L'enquête se poursuit, et les familles attendent avec impatience le procès pour que "justice soit faite" et pour identifier le tireur. Un processus qui pourrait s'étendre sur des années. L'affaire a également mené à la suppression d'un groupe WhatsApp interne créé pour l'occasion par la police roumaine, signe de la fin de leur mission avec "La Mouche".


Un podcast du service Police-Justice de franceinfo, avec en invités fils rouges : le commissaire Yann Sourisseau, ex-patron de l’Office central de lutte contre le crime organisé (OCLCO), et Eric Serfass, le procureur adjoint chargé de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (JUNALCO). 

Production : David Di Giacomo, Pierre de Cossette, Gaële Joly, Mathilde Lemaire, Yannick Falt | Réalisation : Vanessa Nadjar | Rédaction en chef : David Di Giacamo | Coordination : Pauline Pennanec’h | Mixage : Raphaël Rasson 

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