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"La traque de Mohamed Amra" (6/8) : sous les radars

Mohamed Amra aura été un détenu passé sous les radars pendant son incarcération, jusqu’à son évasion.

Article rédigé par Yannick Falt
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La maison d'arrêt d'Evreux. Photo d'illustration. (LOU BENOIST / AFP)
La maison d'arrêt d'Evreux. Photo d'illustration. (LOU BENOIST / AFP)

Le 14 mai 2024, la France a été secouée par l'attaque meurtrière et sans précédent au péage d'Incarville. Deux agents de l'administration pénitentiaire ont été tués et trois autres grièvement blessés lors de l'évasion de Mohamed Amra, 30 ans, connu pour trafic de drogue. Notre pays a été plongé dans le deuil et des questions ont rapidement émergé sur la traque de celui qui est devenu l'ennemi public numéro 1. Connu de la justice et ayant multiplié les séjours derrière les barreaux dès l'âge de 20 ans, Mohamed Amra n'était pourtant pas considéré comme un homme de "très haut niveau" dans le milieu du banditisme. Pour Pierre, un surveillant pénitentiaire qui l'a côtoyé pendant un an et demi à la prison de la Santé, Mohamed Amra était un "détenu lambda", rendant son implication dans une telle violence d'autant plus choquante.

Pourtant, la progression de Mohamed Amra dans la criminalité a été "linéaire, voire exponentielle". De son premier délit à 11 ans à ses 15 condamnations au moment de son évasion (rodéo, vol aggravé, extorsion, violence avec armes), il a évolué vers des affaires de "très haut du spectre de la grande criminalité", incluant une tentative de meurtre et des soupçons d'assassinat commandités depuis sa cellule parisienne. En prison, bien qu'il ait eu quelques procédures disciplinaires (sept passages en commission, quatre séjours en quartier disciplinaire) et qu'il ait été fréquemment trouvé en possession de téléphones portables et de stupéfiants, Mohamed Amra savait comment se comporter avec le personnel, se montrant respectueux et sans violence envers d'autres détenus. Son avocat, Maître Benoît David, a même déclaré qu'il n'avait "pas du tout envisagé une telle violence" et était "choqué" par la mort des surveillants.

Malgré son profil en constante évolution, Mohamed Amra n'a jamais été classé "détenu particulièrement surveillé (DPS)" ni aux Baumettes, ni à la prison d'Evreux. Son séjour en détention n'a pas empêché sa détermination à s'évader, comme en témoignent au moins deux tentatives précédentes au 14 mai, organisées depuis sa cellule par le biais de communications. L'Inspection générale de la justice a d'ailleurs estimé que l'administration pénitentiaire avait évalué de manière "adaptée" son comportement, mais que sa "véritable dangerosité" connue des juges d'instruction aurait dû être communiquée aux différents établissements. L'enquête continue de se pencher sur la manière dont Mohamed Amra a pu organiser une telle opération. Le centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil, près de Lens, accueillera à partir de la fin du mois de juillet, cent narcotrafiquants considérés comme parmi les plus dangereux du pays. 


Un podcast du service Police-Justice de franceinfo, avec en invités fils rouges : le commissaire Yann Sourisseau, ex-patron de l’Office central de lutte contre le crime organisé (OCLCO), et Eric Serfass, le procureur adjoint chargé de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (JUNALCO). 

Production : David Di Giacomo, Pierre de Cossette, Gaële Joly, Mathilde Lemaire, Yannick Falt | Réalisation : Vanessa Nadjar | Rédaction en chef : David Di Giacamo | Coordination : Pauline Pennanec’h | Mixage : Raphaël Rasson 

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