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Podcast
"La traque de Mohamed Amra" (7/8) : la colère et le chagrin
À la suite de la mort des deux agents, toute l’administration pénitentiaire a été choquée. Le père d’une des victimes et un surveillant nous livrent leurs témoignages.
Le 14 mai 2024, la France a été secouée par une attaque meurtrière et sans précédent au péage d'Incarville. Un fourgon pénitentiaire transportant le détenu Mohamed Amra, 30 ans, connu pour trafic de drogue, a été la cible d'un commando lourdement armé de Kalachnikovs. Cette agression brutale a coûté la vie à deux agents de l'administration pénitentiaire, Arnaud Garcia (34 ans) et Fabrice Moello (52 ans), et en a blessé trois autres. Dominique Garcia, le père d'Arnaud, a appris la nouvelle par sa belle-fille Marie, avant de confirmer l'horreur avec un appel du garde des Sceaux. Le pays a été plongé dans le deuil et la sidération, car aucun agent pénitentiaire n'avait été tué depuis 1992. Des collègues comme Bruno Brasme, secrétaire régional du syndicat UFA UNSA Justice, ont exprimé leur "choc" et leur "cœur serré" face à l'atrocité des images, soulignant que "jamais ça n'aurait dû arriver".
Face à ce drame, une onde de choc a traversé toute l'administration pénitentiaire et au-delà. Dès le lendemain, des minutes de silence ont été observées et des prisons bloquées, avec des syndicats demandant des mesures à la chancellerie. Éric Serfass, chef de la JUNALCO, juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée, a souligné la sidération face à la coordination du commando et l'incompréhension rationnelle des meurtres, commis alors que l'évasion était presque consommée, comme un "signe particulier de sauvagerie et peut-être de défiance par rapport à l'état de droit". Une cérémonie nationale en hommage aux deux agents décédés s'est tenue à l'ancienne maison d'arrêt de Val-de-Reuil, le 22 mai. Présidée par le Premier ministre Gabriel Attal, qui a décoré Arnaud Garcia et Fabrice Moello à titre posthume de la Légion d'honneur, cette cérémonie a été un moment de recueillement intense. Les trois agents blessés y étaient présents, et les familles, notamment celle d'Arnaud qui attendait un enfant, ont reçu des témoignages de soutien précieux.
La traque "hors norme" de Mohamed Amra et de ses complices a duré neuf mois. L'arrestation d'Amra le 22 février 2025 à Bucarest, en Roumanie, a apporté un "gros soulagement" pour les familles et les forces de l'ordre. Plus d'une quarantaine de personnes ont été mises en examen dans ce dossier. Pour Dominique Garcia, l'arrestation d'Amra n'est qu'une étape, son obsession étant de voir le tueur de son fils comparaître devant un tribunal et de "savoir qui a fait quoi" lors du procès, qu'il n'espère pas avant au moins trois ans. En réponse à ces événements, des mesures sont prises, comme la création de deux prisons haute sécurité dédiées aux narcotrafiquants et une loi contre le narcotrafic. Les familles des victimes se sont rapprochées et suivent ensemble l'enquête, tandis que les agents pénitentiaires continuent de réclamer plus de sécurité face aux nouvelles menaces, y compris des attaques sur leurs domiciles privés. Les trois agents blessés ce jour-là n'ont pas encore pu reprendre le travail, et l'enquête se poursuit.
Un podcast du service Police-Justice de franceinfo, avec en invités fils rouges : le commissaire Yann Sourisseau, ex-patron de l’Office central de lutte contre le crime organisé (OCLCO), et Eric Serfass, le procureur adjoint chargé de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (JUNALCO).
Production : David Di Giacomo, Pierre de Cossette, Gaële Joly, Mathilde Lemaire, Yannick Falt | Réalisation : Vanessa Nadjar | Rédaction en chef : David Di Giacamo | Coordination : Pauline Pennanec’h | Mixage : Raphaël Rasson
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