Des mutations génétiques décelées chez des apnéistes sud-coréennes

Elles pêchent en apnée, au large de l’île de Jeju et leur génome, étudiés par des biologistes, révèle des super-pouvoirs.

Article rédigé par Vincent Nouyrigat
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les Haenyeo surnommées les femmes de la mer, plongent depuis des siècles en apnée au large de l’île Jeju (Corée du Sud). (ED JONES / AFP)
Les Haenyeo surnommées les femmes de la mer, plongent depuis des siècles en apnée au large de l’île Jeju (Corée du Sud). (ED JONES / AFP)

Les chercheurs ont étudié une communauté très particulière de femmes, les Haenyeo, qui pêchent depuis des siècles au large de l’île Jeju. Leur particularité, c’est qu’elles attrapent directement les algues, coquillages et oursins en plongeant en apnée dans les eaux froides, parfois jusqu’à 15 mètres de profondeur. Elles font ça tout l’année, 4 à 5 heures par jour en moyenne, toute leur vie, y compris lorsqu’elles sont enceintes.

Sans surprise, les chercheurs ont détecté des capacités physiques très impressionnantes chez ces femmes hors du commun, liées à leur pratique quotidienne : les Haenyeo ont une capacité à abaisser leur rythme cardiaque beaucoup plus marquée que les Sud-Coréennes de Séoul. Mais il n’y a pas que l’entraînement dans cette histoire.

Des femmes mutantes

En fait, ces femmes sont des mutantes : les chercheurs se sont rendus compte qu’elles étaient porteuses de deux mutations génétiques, l’une qui les protège de l’hypothermie dans les eaux froides, et une autre qui permet de baisser la pression artérielle entre deux battements de cœur, cela leur permet de se protéger de l’hypertension lorsqu’elles font de l’apnée en étant enceintes. On comprend que les femmes ayant des complications durant leur grossesse ont eu moins d’enfants. La sélection naturelle a opéré sur cette population de plongeuses, tout comme elle s’est exercée sur les apnéistes en eaux profondes du peuple des Bajau, ces nomades de la mer qui évoluent entre Indonésie, Malaisie et Philippines. Chez eux aussi; les scientifiques ont détecté des mutations et une rate énorme. 
 
Les humains n’ont donc pas cessé d’évoluer, même si notre espèce semble complètement à l’arrêt depuis des millénaires, protégée des effets de l’environnement par la société et maintenant le confort moderne. On se rend compte qu’il suffit de nous exposer à des conditions extrêmes pour que l’évolution s’exprime. Les génomes des Tibétains et Péruviens qui vivent à plus de 4 000 mètres d’altitude ont été sélectionnés pour assurer une bonne circulation sanguine, les organismes de certains peuples boliviens et argentins se sont adaptés à des doses très élevées d’arsenic dans leur sol et leurs eaux. Et toutes ces mutations originales sont considérées aujourd’hui comme des sources potentielles de traitement médicamenteux. Un argument de plus pour célébrer la diversité humaine.

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