Les Romains responsables de la première pollution à grande échelle, il y a plus de 2000 ans

Des scientifiques ont repéré de nombreuses traces de pollution vieilles de plus de 2000 ans, liée à l’Empire romain. Elle a même pu affecter le quotient intellectuel des Romains. Le billet science, avec Vincent Nouyrigat, rédacteur en chef du magazine "Epsiloon".

Article rédigé par Vincent Nouyrigat - Didier Mesgard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les activités minières des Romains polluaient déjà au plomb (NASTASIC / DIGITAL VISION VECTORS)
Les activités minières des Romains polluaient déjà au plomb (NASTASIC / DIGITAL VISION VECTORS)

Des chercheurs viennent de détecter dans les sédiments de la mer Egée de nombreuses traces de plomb, qui correspondent à l’arrivée des Romains en Grèce, au IIe siècle avant Jésus-Christ, leurs travaux ont été publiés dans la revue Nature, le 31 janvier. Ces dernières années, on a repéré dans les carottes de glaces du massif du Mont-Blanc et du Groenland beaucoup de particules de ce métal très toxique émises durant l’Antiquité. C’est la faute aux activités minières romaines, notamment l’extraction de la galène, un minerai fondu pour récupérer l’argent nécessaire à la fabrication des pièces de monnaie. Cette opération libérait énormément de plomb dans l’atmosphère. Les derniers calculs parlent de 3000 à 4000 tonnes par an durant l’apogée de l’Empire.

On sait que le plomb est très néfaste pour le développement du cerveau des enfants. Une étude vient de déterminer que cette pollution atmosphérique aurait entraîné à l’époque une baisse de 2 à 3 points de QI dans l’ensemble de la population de l’empire Romain, même si ce n’est pas autant qu’au moment de l’essence au plomb dans les années 1970. Et une analyse menée en 2021 sur une centaine de squelettes de sites archéologiques révèle de graves pathologies métaboliques liées au plomb. Les tuyauteries de la ville de Rome étaient façonnées dans ce métal, et pouvaient contaminer l’eau.

L'influence de l'homme sur l'environnement 

La théorie d’une société qui succombe à sa propre pollution est très séduisante, mais les scientifiques et historiens n’y croient pas vraiment. Il y a beaucoup d’autres facteurs qui expliqueraient la chute de l’empire romain : le climat, les épidémies, les guerres, l’instabilité politique…

Reste que ces études livrent la preuve de la première pollution à grande échelle… en pleine Antiquité ! On a plutôt tendance à placer le début l’Anthropocène, la nouvelle ère géologique dans laquelle l'impact de l'activité humaine sur la planète est devenu la principale force géologique et environnementale qui façonne la Terre, dans les années 1950, la période de l’après-guerre, étant marquée par une frénésie productiviste et ses nombreux essais nucléaires. Notre influence destructrice sur l’environnement est en réalité beaucoup plus ancienne, le mal est beaucoup plus profond. Mais il n’est pas interdit de changer.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.