Martre, pie, renard... ces animaux échappent au statut d'espèce nuisible dans certains départements
Le Conseil d’État a retiré plusieurs espèces de la liste des nuisibles, après l'action d'associations environnementales, qui dénonçaient le "caractère infondé et absurde" de certains critères retenus pour établir cette classification.
/2024/03/04/anne-le-gall-65e601768c992529988570.png)
/2025/05/15/maxstockworld403190-68257f8cc0fee179584104.jpg)
Bonne nouvelle pour la martre, la pie ou le renard, ces animaux vont finalement échapper au statut d'espèce nuisible dans certains départements. C’est une décision du conseil d’État. Plusieurs associations environnementales avaient attaqué un arrêté gouvernemental de 2023 établissant la liste des espèces nuisibles ou plutôt des "espèces susceptibles d’occasionner des dégâts", selon les termes officiels : les ESOD. Cette liste est révisée tous les trois ans et les animaux qui y figurent peuvent être non seulement chassés mais aussi piégés, capturés ou déterrés, y compris en dehors des périodes de chasse.
Les ONG avaient dénoncé le "caractère infondé et absurde" de certains critères utilisés pour établir cette liste et le conseil d’État leur a donné partiellement raison pour certaines espèces. La martre échappe ainsi au statut de nuisible sur tout le territoire. La fouine, le corbeau freux, la corneille noire, la pie bavarde, l'étourneau sansonnet ou le geai des chênes échappent à cette classification dans certains départements.
Plus d'un million abattu chaque année
Cette liste est établie par le ministère de la Transition écologique en lien avec les préfectures. Les départements peuvent en effet demander le classement d'une espèce comme nuisible sur la base de dégâts constatés dans les exploitations agricoles ou les jardins, ainsi que sur la taille de population des animaux concernés.
Chaque année, si l’on compte les petits mammifères et les oiseaux, certains scientifiques ont calculé que plus d’un million d’animaux réputés nuisibles sont ainsi éliminés. Pour la Ligue de protection des oiseaux, "il n’est pas acceptable de perpétuer ce massacre inutile alors que la biodiversité connaît un effondrement dramatique".
Un rôle pourtant écologique et sanitaire
Les défenseurs de l’environnement avancent aussi que ces animaux rendent de grands services écologiques. Les martres, les renards ou les fouines consomment des rongeurs pouvant créer des dégâts dans les cultures. Ces petits carnivores jouent aussi un rôle sanitaire en consommant des carcasses d’animaux morts, ce qui peut limiter la diffusion de maladies.
Les corneilles, pies ou corbeaux peuvent eux s’en prendre aux insectes ravageurs des végétaux. Alors l’élimination de ces animaux a-t-elle vraiment un sens ? Est-ce efficace pour réguler les espèces ? Dans une synthèse de la littérature scientifique, la fondation pour la recherche sur la biodiversité a récemment émis de gros doutes. Et plusieurs associations de défense de l’environnement réclament un changement de réglementation.
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter