PFAS : l'exposition aux "polluants éternels" a un impact sur le placenta des femmes enceintes, selon une étude

Des chercheurs de l'Inserm ont révélé que l'exposition aux PFAS, des substances chimiques présentes dans de nombreux produits du quotidien, pourrait altérer le placenta des femmes enceintes, compromettant ainsi la santé du fœtus.

Article rédigé par Anne Le Gall
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Après trois années de suivi, les chercheurs ont mis en évidence un lien entre la présence de PFAS dans le sang des futures mères et des altérations du placenta en fin de grossesse (photo d'illustration). (REMI WAFFLART / MAXPPP)
Après trois années de suivi, les chercheurs ont mis en évidence un lien entre la présence de PFAS dans le sang des futures mères et des altérations du placenta en fin de grossesse (photo d'illustration). (REMI WAFFLART / MAXPPP)

Parallèlement à l'inquiétude croissante de la population, la recherche continue de se concentrer sur les liens récents entre les PFAS et la santé. Un nouvel effet toxique de ces "polluants éternels" a mis en évidence jeudi 13 février par des chercheurs de l'Inserm, qui ont étudié l'impact de ces substances sur la grossesse et la santé des femmes enceintes. 

Les PFAS sont des substances chimiques quasiment indestructibles, largement utilisées dans l'industrie pour leurs propriétés antiadhésives et imperméables. Ces polluants peuvent s'accumuler non seulement dans le sol et dans l'eau, mais aussi dans le corps humain. Entre 2014 et 2017, des chercheurs de l'Inserm, du CNRS et du CHU de Grenoble ont suivi 367 femmes enceintes afin d'étudier l'impact de ces polluants sur leur placenta

Le placenta joue un rôle crucial pendant la grossesse : il permet d'assurer les échanges entre le sang de la mère et celui du fœtus. Après trois années de suivi, les chercheurs ont mis en évidence un lien entre la présence de PFAS dans le sang des futures mères et des altérations du placenta en fin de grossesse. Il a été observé que le placenta pesait moins lourd et présentait des signes inhabituels de vieillissement et d'altération.

Cette découverte soulève la question suivante : en cas d'exposition importante aux PFAS, le placenta pourrait-il ne pas remplir correctement son rôle pendant la grossesse ? Bien que le lien de cause à effet ne soit pas formellement démontré dans cette étude, les altérations constatées pourraient entraîner une réduction des apports en nutriments et en oxygène pour le bébé, et expliquer un poids de naissance plus faible. Ce phénomène est un effet suspecté des PFAS, déjà pointé du doigt dans des études antérieures. 

Les conclusions de cette étude s'ajoutent à une série d'effets négatifs de PFAS sur la santé, qui ont déjà été documentés. Parmi ceux-ci, on retrouve un risque accru de cancers, de troubles du cholestérol, ainsi que des répercussions sur le foie, les reins, le système immunitaire et la fertilité. 

Comment limiter le risque pour les femmes enceintes ? 

Face à ces découvertes, une question légitime se pose : quelles précautions les femmes enceintes peuvent-elles prendre pour limiter les risques liés aux PFAS ? Selon Claire Philippat, l'une des chercheuses de l'Inserm ayant participé à l'étude, "il est très difficile en réalité de se protéger des PFAS au niveau individuel, car il est compliqué d'identifier leur source dans l'environnement quotidien". En effet, il existe des milliers de PFAS différents présents dans les vêtements, les emballages, les revêtements antiadhésifs, les cosmétiques et de nombreux objets du quotidien. Dans l'étude, seulement 13 de ces substances ont pu être dosées. 

Pour Claire Philippat, "la protection de la population passe plutôt par la réglementation des sources de PFAS". Il est donc essentiel de prendre des mesures à l'échelle collective pour limiter l'exposition de tous, et pas seulement des futures mères. Il s'agit d'un problème de santé publique qui concerne l'ensemble de la population, et qui nécessite une action réglementaire pour réduire l'usage de ces substances dans divers produits. 

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