Serpents : bientôt un antivenin universel ?
Un Américain mordu des centaines de fois par des serpents pourrait aider les scientifiques à mettre au point un antivenin universel. Il s'est fait mordre volontairement pour tenter d'auto-immuniser son corps.
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Tim Friede est un ancien mécanicien. Spécialiste autodidacte des serpents, l'Américain s’est auto-administré durant 18 ans plus de 800 doses de venins de cobras, crotales et autres espèces dangereuses, en se laissant mordre volontairement par des serpents de sa collection personnelle. Il l’a fait dans l’espoir justement de pouvoir peut-être un jour, aider les scientifiques à créer un antivenin universel.
Durant son programme d’auto-immunisation volontaire, il s’est progressivement exposé à de petites doses de venins de serpents potentiellement mortels. La morsure d’un cobra a même failli lui coûter la vie, il est resté quatre jours dans le coma mais il s’en est sorti. Après avoir raconté son histoire, il a été contacté par une société de biotechnologie américaine baptisée Centivax et cette expérience scientifique extrêmement risquée, semble commencer à porter ses fruits.
Cet antivenin pourrait-il fonctionner rapidement sur les humains ?
Son sang a en effet déjà permis d’élaborer un sérum protecteur, d'après des travaux récemment publiés dans la revue scientifique Cell. Des chercheurs ont réussi à créer un premier cocktail protecteur en utilisant deux anticorps particuliers du sang de Tim Friede et une molécule déjà connue pour neutraliser des toxines dangereuses. Pour l’instant, c’est l'antivenin le plus largement protecteur à ce jour dans le monde. Testé sur des souris, il a démontré une efficacité de 100% contre 13 venins de serpents classés parmi les plus mortels au monde par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Avant de faire des tests sur les humains, l’équipe de recherche va tester son sérum antivenin sur des chiens amenés dans des cliniques vétérinaires pour des morsures de serpent en Australie. Et si cet antivenin confirme son efficacité sur les chiens, les essais sur l’homme seront envisagés. L’espoir est immense car, selon les chiffres de l’OMS, un être humain meurt toutes les 4 à 6 minutes d’une morsure de serpent dans le monde. Or la technique de fabrication des antivenins actuels n’a pas évolué depuis un siècle. Ils sont fabriqués en injectant du venin de serpent à des animaux chevaux ou moutons, et en recueillant les anticorps obtenus. Leur limite est que chaque antivenin ne protège que contre quelques espèces de serpents. Les anticorps de Tim Friede pourraient très bien conduire à une forme d’antivenin universel ou presque.
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