Conflit Israël-Iran : vers un nouveau choc pétrolier mondial ?

La question est sur toutes les lèvres : les conditions d’une nouvelle crise mondiale sont-elles réunies ? L’Iran ne représente que 2% de la consommation mondiale, mais d'autres paramètres sont à prendre en compte.

Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les traders s'activent à la bourse de New York, le 16 juin 2025, le marché continuant de réagir au conflit entre Israël et l'Iran, qui a provoqué une flambée des prix du pétrole. (MICHAEL M. SANTIAGO / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)
Les traders s'activent à la bourse de New York, le 16 juin 2025, le marché continuant de réagir au conflit entre Israël et l'Iran, qui a provoqué une flambée des prix du pétrole. (MICHAEL M. SANTIAGO / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Le pétrole reprend sa hausse, mardi 17 juin, sous l'effet des tensions croissantes au
Moyen-Orient. Le Brent avance de 0,85% à 73,85 dollars le baril. Mais, à quoi correspond exactement un "choc pétrolier" ? C’est le moment où le prix du pétrole augmente de manière brutale et a un impact négatif sur la croissance économique. Aujourd'hui, malgré une orientation progressive vers les énergies renouvelables, l’or noir continue d'être utilisé par l’industrie pour faire tourner les entreprises et assurer les transports de marchandise à travers la planète. Une hausse brutale des cours affecterait donc l’ensemble des économies avec une envolée des prix, une inflation générale et un impact direct sur le pouvoir d’achat et la consommation.

L’histoire retient deux crises majeures de ce genre. La première remonte à 1973 et Israël est déjà concerné. En octobre 1973, l’État hébreu est attaqué par une coalition d’États arabes emmenés par la Syrie et l’Égypte. Certains pays occidentaux soutiennent Israël et, en réponse, les pays producteurs de brut augmentent le prix du baril de 70%. Une deuxième crise surgit en 1979, deuxième choc pétrolier avec la révolution iranienne et la chute du Shah d’Iran. L’économie mondiale sera affectée jusqu’en 1982. Une autre crise apparaîtra en 2008, mais plus pour des questions de baisse de la demande de pétrole avec le ralentissement de l’économie globale que de réelles causes géopolitiques.

Le détroit d'Ormuz et les autres pays membres de l'OPEP+

Les conditions d’un nouveau choc pétrolier sont-elles réunies, 52 ans après la première grande crise ? Le Proche-Orient fournit aujourd’hui un tiers des exportations de brut et l’Iran ne représente que 2% de la consommation mondiale. Certains pays, certaines zones, n’achètent pas de pétrole directement à l’Iran, c’est le cas de la France. Reste la faculté de nuisance du régime iranien, notamment en bloquant le détroit d’Ormuz, étroit passage entre l'Iran et les Émirats arabes unis qui voit passer 20% du marché mondial de brut et une grande partie du gaz naturel liquéfié.

Tout va dépendre aussi de l’attitude des autres pays producteurs, membres de l’OPEP+, dont la Russie. Ils continuent d'alimenter le marché, pas de réaction particulière, personne n’a intérêt à un marché avec des prix volatils. Mardi 17 juin matin, le prix du baril revient aux alentours de 70 dollars. Pour référence, nous étions à 76 dollars lors des premiers bombardements israéliens sur l’Iran dans la nuit de jeudi 12 au vendredi 13 juin. Nous sommes loin des 140/150 dollars atteints en 2008, mais si d’autres pays se mêlent au conflit israélo-iranien actuel, on pourrait très facilement atteindre, voire dépasser les 100 dollars le baril. Se poserait alors, effectivement, la question d’un nouveau choc pétrolier. Nous n’y sommes pas encore à l’heure où nous parlons, mais la situation peut évoluer très rapidement.

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