La France relance sa filière nucléaire

Le gouvernement vient de signer le document qui fixe ses engagements avec les professionnels de l'atome jusqu’en 2028.

Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La centrale nucléaire du Bugey, dans l'Indre, à proximité de laquelle il y a un projet de construction de deux réacteurs nucléaires EPR2, le 17 février 2025. (PIERRE-YVES ROYET / MAXPPP)
La centrale nucléaire du Bugey, dans l'Indre, à proximité de laquelle il y a un projet de construction de deux réacteurs nucléaires EPR2, le 17 février 2025. (PIERRE-YVES ROYET / MAXPPP)

Le gouvernement a signé mardi 10 juin ce qu'on appelle le contrat de filière nucléaire pour la période 2025-2028. Il permet d’appliquer concrètement l’ambition affichée par Emmanuel Macron lors de son discours prononcé à Belfort en février 2022. Discours dans lequel le président de la République avait annoncé un programme de construction de six nouveaux réacteurs nucléaires, avec option pour huit autres à terme. Ce fameux programme EPR2 visait initialement une entrée en service des nouvelles installations en 2035, au moins pour un premier réacteur, mais l’échéance a été reportée à 2038.

Signé par les ministres de l’Économie, Éric Lombard, et son collègue de l’Industrie, Marc Ferracci, celui-ci prévoit quatre objectifs. D’abord, l’exigence opérationnelle (la maîtrise des coûts et des délais par les professionnels concernés), ensuite l’emploi et les compétences (la filière nucléaire va devoir recruter 100 000 ingénieurs sur dix ans, avec la volonté de féminiser les équipes), puis le développement de la recherche et développement, enfin respecter la transition écologique (gestion des déchets). Quatre objectifs qui sont très lourds, dont celui de l’emploi. Former 100 000 personnes au métier du nucléaire en dix ans apparaît aujourd’hui comme un véritable défi.

Réévaluation financière

Dans les projections faites en 2020, le coût du programme avait été estimé à près de 52 milliards d’euros. Mais en cinq ans, le chiffrage a été réévalué. Aujourd’hui, la Cour des comptes – qui se base sur un chiffrage d’EDF – parle d’environ 80 milliards d’euros. Vu le contexte budgétaire de la France, l’équation paraît compliquée, d’autant que le contrat de filière signé par l’État n’aborde pas directement le financement du programme. On sait simplement que la puissance publique s’engage à prêter de l'argent. Un prêt à taux préférentiel couvrant au moins 50% du devis initial.

EDF est en train de peaufiner ses chiffrages et doit rendre sa copie, normalement, d’ici la fin de l’année 2025. Sur le papier, le financement de ce programme est assorti d’un contrat pour une production nucléaire à un prix garanti par l’État de cent euros du mégawatheure. C’est-à-dire que si l’électricité produite par EDF est vendue plus cher sur le marché, l’énergéticien devra reverser le surplus à l’État. Dans le cas contraire, c’est l’État qui compensera EDF. On en reparlera fin 2026, période prévue pour les premières décisions d'investissements.

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