La Norvège va acheter des frégates de combat britanniques

La Norvège a choisi les frégates britanniques de BAE Systems plutôt que celles du français Naval Group, invoquant des raisons stratégiques et la proximité avec le Royaume-Uni dans un contexte de tensions accrues avec la Russie.

Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La frégate de chasse sous-marine "Bayern" est amarrée à l'arsenal naval de Rostock avant une croisière d'entraînement en mer Baltique (photo d'illustration, le 28 août 2025. (PICTURE ALLIANCE / PICTURE ALLIANCE)
La frégate de chasse sous-marine "Bayern" est amarrée à l'arsenal naval de Rostock avant une croisière d'entraînement en mer Baltique (photo d'illustration, le 28 août 2025. (PICTURE ALLIANCE / PICTURE ALLIANCE)

La France est écartée de cette commande de frégates de combat. Oslo fait un choix bien précis dans l’actuel contexte géopolitique très tendu. Cette annonce du Premier ministre norvégien, Jonas Gahr Store, dimanche 31 août à Oslo, tombe comme un couperet pour l’Union européenne de la Défense en général, et la France en particulier. Pour l’Union européenne car, contrairement à ses voisins scandinaves comme la Finlande et la Suède, la Norvège ne fait pas partie de l’Union. En choisissant des bateaux de combat britanniques – hors Union depuis le Brexit –, elle marque son geste. Et puis côté français, c’est une déconvenue pour Naval Group, le chantier naval français, leader européen, qui espérait pouvoir placer ses navires de défense. Une nouvelle déconvenue pour l’entreprise française qui a été récemment écartée de l’appel d’offre du Canada pour un contrat d’une douzaine de sous-marins.

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Le chef du gouvernement norvégien invoque la préférence exprimée par les marins du pays au nom de la performance des bâtiments construits par le britannique BAE Systems. En réalité, c’est le fruit d’un partenariat stratégique entre la Norvège et le Royaume-Uni. Les deux alliés sont des pays très proches et la situation géopolitique qui domine aujourd’hui dans cette région du monde a été déterminante. On peut penser notamment à la montée des tensions avec la Russie. C’est un des principaux points dans les mers qui bordent l’Arctique.

Un contrat évalué entre 11 et 12 milliards d’euros

La Norvège partage une frontière maritime avec la Russie en Mer de Barents. De manière générale, la situation pousse les pays de la région à moderniser leurs capacités navales de défense, qui plus est dans le cadre de l’OTAN, l’Alliance atlantique, dont la participation financière européenne est très critiquée par le président américain Donald Trump.

Ce choix de la Norvège pour les bateaux britanniques plutôt que français relève d’une démarche d’évidence géopolitique, car les navires construits par Naval Group sont dignes de confiance et compétitifs. Naval Group a-t-il le tort d’être détenu à plus de 60% par l’État français et 35% par l’autre industriel tricolore Thales ? La Norvège, partenaire politico-économique du Royaume-Uni, se garde bien d’une telle analyse mais, selon certains observateurs, les faits sont têtus dans la période que nous vivons. Pour le français et européen Naval Group, c’est un contrat évalué entre 11 et 12 milliards d’euros qui lui passe sous le nez.

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