"C’est très dur sans lui" : un an après la mort de l'opposant russe Alexeï Navalny, personne n'a repris le flambeau
Alexeï Navalny est mort le 16 février 2024 à 47 ans dans une colonie pénitentiaire. À l’approche de ce lugubre anniversaire, le Parlement européen comme ses partisans en Russie, lui ont rendu hommage.
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Un an après sa mort dans une colonie pénitentiaire russe de l'Arctique, la figure d’Alexeï Navalny est encore bien présente dans la mémoire des eurodéputés. Les circonstances de son décès ne sont toujours pas éclaircies, le prisonnier aurait fait un malaise d'après les autorités russes, une version mise en doute par ses proches. Les eurodéputés qui ont fidèlement soutenu son combat, à droite ou à gauche de l’hémicycle européen, ont donné de la voix cette semaine, lors de la session plénière à Strasbourg pour lui rendre hommage.
Selon le socialiste autrichien Andreas Schieder, l'hommage à Navalny doit s’étendre à l’ensemble des opposants politiques inquiétés en Russie. "Ces personnes ont besoin de notre solidarité mais aussi de notre engagement clair en faveur des droits de l’homme, de la démocratie et de la liberté, en Russie, en Europe et partout dans le monde".
"Un sacrifice délibéré"
Même l’extrême-droite européenne, dont certains partis sont pourtant réputés proches du Kremlin, rend hommage à Alexeï Navalny. L’eurodéputé RN Pierre-Romain Thionnet rappelle le souvenir d’un Navalny qui avait fréquenté, un temps, les milieux nationalistes russes avant de s’en éloigner. "Navalny était un fervent patriote, à tel point que certains milieux libéraux avaient jugé bon de l’exclure car jugé trop nationaliste, souligne Pierre-Romain Thionnet. Patriote russe, Navalny était aussi devenu un fervent orthodoxe. Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice car ils seront rassasiés. Ce verset de l’évangile selon Mathieu était, selon lui, la doctrine politique centrale de la Russie moderne".
La justice, c’est justement ce qui a cruellement manqué à Alexeï Navalny, arrêté dès son retour en Russie, après avoir failli mourir d’un empoisonnement et condamné pour "extrémisme". Réponse cinglante de l’eurodéputé centriste Bernard Guetta, qui choisit de s’adresser à la tribune à Navalny lui-même ou au souvenir qu’il en garde, alors que la guerre fait toujours rage en Ukraine : "Dans un sacrifice délibéré, vous étiez revenu vous livrer à Vladimir Poutine, à votre assassin, pour dire au monde que tous les Russes, loin de là, ne soutenaient ni cette guerre d’agression, ni la dictature exercée par le sabre et le vol".
Personne pour prendre la relève
En Russie même, des milliers de personnes avaient bravé la répression pour assister à ses obsèques. Un an après, la figure et le souvenir d'Alexeï Navalny ont totalement disparu de l'espace public, mais ses partisans continuent à venir se recueillir devant sa tombe dans le petit cimetière de Borissovo, dans la banlieue sud de Moscou. Dimanche 17 février, ils sont plusieurs centaines à avoir fait le déplacement, malgré le risque de poursuites judiciaires.
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La tombe de l'opposant est immédiatement reconnaissable, toujours fleurie, avec un immense portrait, et souvent quelqu'un pour s'y recueillir, comme Sofia. "C'est terrible ce qu'ils lui ont fait, dit la femme en larmes. Elle a 48 ans, l'âge qu'aurait eu Alexeï Navalny ce dimanche. De telles personnes devraient être en vie".
"C’était un homme jeune et des gens comme lui devraient diriger le pays. Ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui devraient être à la retraite, s’occuper de leurs affaires. Leur temps est révolu. Place aux jeunes!"
Sofia, une Russe croisée près de la tombe de Navalnyà franceinfo
Sofia, comme Elizabeth qui arrive juste après, se sentent orphelines dans leur parcours d'opposantes au régime. "C’est très dur sans lui, confie Elizabeth. Il nous manque. C’est triste de ne plus avoir de leader. Quand j’entendais sa voix, c’était comme s’il me soutenait. En tout".
La répression de ses partisans continue
Tous ceux que nous avons croisé devant la tombe d'Alexeï Navalny nous ont dit la même chose : un an après, personne n'a repris l'espace qu'occupait l'opposant, pas même sa veuve Ioulia, dont beaucoup d’eurodéputés gardent cependant le souvenir marquant de sa venue à Strasbourg. Elle n’avait pas attendu deux semaines après son décès, pour venir s’exprimer au Parlement européen. Ioulia Navalnaïa est désormais inscrite sur la même liste d’extrémistes et de terroristes que son mari. Un mandat d’arrêt a été émis à son encontre pour participation à un groupe terroriste. "Je pense qu’il est impossible de s’engager dans la politique russe si l’on n’est pas en Russie, explique Danyl. C’est ce que disait Alexeï. Il y a des gens qui continuent son travail et nous les en remercions, nous les respectons. Mais la société russe ne les entend pas".
En Russie, les réseaux Navalny ont été réprimés, démantelés. L'ex-organisation d'Alexeï Navalny a été classée extrémiste, ce qui signifie qu'il est quasi impossible d'en parler. À Saint-Pétersbourg, une femme qui portait un portrait d'Alexeï Navalny a été arrêtée et condamnée à payer des amendes. Même les avocats de l'opposant ont été poursuivis et condamnés à de lourdes peines de prison le mois dernier. La machine répressive a totalement écrasé le souvenir d'Alexeï Navalny. Il ne reste qu'une tombe. Et une photo.
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