Reportage
"C'est vraiment la belle vie" : le succès grandissant de la "van life" en France

Les vacances en van aménagé ont le vent en poupe. Au volant de leur combi ou fourgonnette transformés, de plus en plus de Français sillonnent les routes l'été.

Article rédigé par Laurine Benjebria
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Près de 15 000 vans neufs ont été vendus en 2024. Photo d'illustration. (SIMON DAVAL / MAXPPP)
Près de 15 000 vans neufs ont été vendus en 2024. Photo d'illustration. (SIMON DAVAL / MAXPPP)

Sur le parking, au bord de la plage de l'Uhabia, à Bidart, sur la côte Basque, Laurie et Robin regardent le soleil se coucher. "On a sorti notre petite table pliante et on fait une partie de cartes en buvant un petit coup tranquille", sourit Robin. Ce couple de trentenaires est parti de Lorient il y a quelques jours, direction l'Espagne, sans itinéraire précis en tête. "On s'arrête un peu où on veut, selon la météo, poursuit-il. Si l'endroit nous plaît vraiment et qu'on s'y sent bien, on décide de passer deux nuits au lieu d'une."

Ce mode de vacances nomades séduit Laurie, plutôt habituée aux voyages en hôtel. Ils avaient déjà expérimenté le temps d'un week-end, cette fois, c'est leur "première semaine complète en van". "Je trouve ça assez simple, assez facile, très sympa, toujours avec des très belles vues sur la mer. C'est vraiment la belle vie", assure-t-elle. Pourtant, leur confort est assez rudimentaire. "C'est un multivan, un sept places, décrit Robin. Là on l'a converti pour pouvoir mettre un matelas dessus, on a la glacière et puis voilà".

Un mode de voyage économique et flexible

D’autres véhicules garés un peu plus loin sont mieux équipés. C'est le cas, par exemple, du fourgon d'Anaïs et Quentin. "On a une petite banquette avec une table, un frigo, une plaque gazinière, énumère Quentin, un petit évier, histoire de faire la vaisselle et préparer la petite casserole pour les pâtes. Juste derrière le petit salon, on a la douche et les toilettes. Et derrière, au fond du fourgon, on a notre petit lit double." Ce fourgon, ils l'ont acheté en mars pour plus de 50 000 euros.

"On n’a pas de maison, on a un petit logement en location. Ce n’était pas notre priorité d'acheter une maison mais plutôt un fourgon pour pouvoir profiter au maximum de notre liberté."

Anaïs, copropriétaire d'un van aménagé

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Ça vaut le coup, assure Anaïs. Pour leurs trois semaines de vacances, cette community manager de 30 ans a fait ses calculs : "Sur trois semaines, peut-être qu'on va avoir un budget de 1 000 balles au maximum et en pleine saison. Si on avait dû louer, en même pas une semaine, on aurait fait 1 600, 1 800, ça dépend. Donc, on est gagnant sur tout."

Anaïs et Quentin devant leur fourgon aménagé. (LAURINE BENJEBRIA / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Anaïs et Quentin devant leur fourgon aménagé. (LAURINE BENJEBRIA / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Le seul inconvénient à ces vacances itinérantes, selon elle, c'est le stationnement, difficile à trouver. Elle a donc sur son téléphone une application pour rechercher des parkings avec les règles locales en vigueur, "par exemple, si c'est un stationnement van ou camping interdit". "Ce n'est pas toujours simple, raconte Anaïs. Hier, en revenant d'Espagne, on s'est un peu tiré les cheveux justement. On a dormi sur le parking de Lidl". Ils ne sont pas les seuls à se replier sur ce type d'alternatives, car les parkings autorisés sur la côte sont pris d'assaut l'été.

Un succès grandissant depuis le Covid

La van life connaît un succès grandissant depuis la fin de la crise sanitaire. Les ventes explosent, avec 14 766 vans neufs vendus en 2024 en France contre 9 231 avant le Covid en 2019, selon les statistiques du syndicat des véhicules de loisir. Depuis, sur les réseaux sociaux, de nombreuses vidéos fleurissent et rendent glamour cette vie en van.

Le mythique combi est aussi plus maniable et plus facile à garer qu'un camping-car. De nombreuses entreprises surfent sur la tendance et proposent des locations. Pierre-François Alquier a, par exemple, créé il y a trois ans et demi son entreprise Exode Van, près de Biarritz. Il possède six vans qu'il loue aux vacanciers plus ou moins adeptes de la pratique. Cela coûte en moyenne 90 euros, avec bien sûr des différences selon la saison et la taille du van.

"Ma clientèle ce sont les 25-35 ans, des gens qui ont l'habitude, comme ceux qui n'ont jamais essayé. Le calendrier se remplit de plus en plus."

Pierre-François Alquier, co-fondateur d'Exode Van

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"Le mois d'août, dit-il, c'est là où on fait le gros du chiffre. Je n'ai que six véhicules, c'est clair que sur le mois d'août, j'en aurais 15-20, ils seraient tous loués."

Pierre-Francois Alquier, fondateur d’Exode Van, devant l'un de ses vans aménagés. (LAURINE BENJEBRIA / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Pierre-Francois Alquier, fondateur d’Exode Van, devant l'un de ses vans aménagés. (LAURINE BENJEBRIA / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Le reste de l'année, les demandes sont moins nombreuses. Alors cet ancien ingénieur, qui a lui-même aménagé tous ses vans, diversifie son activité et aide ses clients à transformer leur véhicule : "J'ai plus des clients avec des véhicules qui ont suivi des tutos pour faire des bouts d'aménagement et en fait, ils se retrouvent perdus au moment de faire le câblage électrique ou autre. Ils viennent demander conseil, ou procéder à une remise en état parce qu'il y a des coquilles".

Car le secteur du van n'échappe pas à l'explosion du "Do it Yourself", le "construis ton van toi-même". Mais Pierre-François Alquier avertit les bricoleurs : installer l'électricité peut s'avérer dangereux et mieux vaut, selon lui, faire appel à un professionnel.

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