"Dark stores" : le départ annoncé de Getir et Flink marque la faillite, en France, des courses livrées en dix minutes
Deux ans après l'émergence du "commerce ultrarapide", qui promettait une livraison de courses en moins de dix minutes, les deux dernières entreprises du secteur viennent d'annoncer leur départ, faute d'avoir trouvé un modèle économique durable.
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C'est une bulle qui éclate. Celle du commerce ultrarapide, des promesses de livraisons de courses en moins de dix minutes, nées à la faveur du confinement en 2021. Deux ans plus tard, les deux dernières sociétés spécialisées, Flink et Getir, viennent d'annoncer leur départ pour laisser le marché, qui a compté jusqu'à une douzaine d'entreprises, aux plateformes Uber Eats et Deliveroo.
Le départ de l'allemand Flink et du turc Getir devrait provoquer de nombreux licenciements : ces sociétés ont massivement embauché leurs livreurs et préparateurs de commandes dans leurs "dark stores", des supermarchés sans clients, en plein centre-ville.
"Un gros coup au moral" pour les salariés
"On a l'impression d'avoir un peu un couteau dans le dos", se désespère l'un des salariés de Getir devant le tribunal de commerce de Paris, chargé d'examiner, lundi 26 juin, l'avenir de Getir, de sa filiale Gorillas et de ses près de 500 salariés. Les présents évoquent "un gros coup au moral", "une grosse surprise, ça met tout le monde sur le carreau". "J'ai 60 ans, retrouver du travail ce n'est pas simple, ajoute un autre, mais ce que j'ai adoré chez Gorillas, c'est de voir des jeunes en magasin qui sont rentrés livreurs et qui sont aujourd'hui superviseurs. C'était un ascenseur social extraordinaire."
"Plus de 1800 personnes vont être licenciées, c'est trop. On croyait tous au projet, c'est un choc, c'est difficile franchement."
Arnaud Coulibaly, délégué CGT à Gorillasà franceinfo
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L'ascenseur social se retrouve stoppé net, suspendu à l'infime espoir d'une reprise de ces sociétés qui n'ont pas trouvé leur modèle économique.
"Il fallait clairement être patient"
Pour justifier leur départ, les dirigeants de ces sociétés avancent deux explications principales. D'abord, la nouvelle réglementation mise en place pour encadrer le secteur. Le gouvernement a pris un arrêté : dès le 1er juillet, l'implantation de ces entrepôts sera plus difficile au cœur des villes, et donc au plus près des clients. Une décision prise en réponse aux demandes des riverains et élus opposés à l'installation des dark stores, aux nuisances et aux allées et venues des livreurs à scooter et vélo, du matin au soir.
Ensuite, les deux entreprises avancent leurs pertes financières. Face à la concurrence très forte, avec des coûts réduits au maximum et des promotions à tout va pour attirer la clientèle, les actionnaires veulent arrêter les frais. L'explication se retrouve pourtant balayée par les représentants du personnel. "La logique de l'entreprise était faite pour perdre de l'argent", estime Johann Tchissambou, délégué CFDT de Getir.
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S'il estime que Getir a investi 350 millions d'euros depuis son installation en France, le représentant syndical déplore que "dès le départ, ils savaient que pour prendre une position dominante sur un marché où il y a énormément de concurrents, il est impensable de s'imposer en douceur. C'est celui qui a le plus d'argent, qui investit le plus longtemps, qui peut prendre le marché et se donner une chance à l'horizon 2030 de potentiellement récupérer un chiffre d'affaires annuel de 430 millions d'euros. Il fallait clairement être patient."
Uber Eats et Deliveroo grands gagnants
Le marché des livraisons express sera pourtant toujours là malgré le départ des acteurs spécialisés. Il sera toujours possible de se faire livrer des courses en moins d'une heure en passant par des plateformes bien connues : Uber Eats et Deliveroo récupèrent le marché en s'alliant avec les géants de la grande distribution comme Carrefour, Auchan, Monoprix, ou Franprix. Uber Eats assure ainsi que son activité livraison de courses a ainsi été multipliée par cinq en deux ans, entre l'automne 2020 et 2022.
Cette récupération inquiète la députée Modem Maud Gatel, coautrice d'un rapport sur le commerce ultrarapide, notamment sur la question du modèle social de ces deux plateformes. "Moi ce que je voudrais vraiment, c'est qu'on ne se dise pas 'si les dark stores s'en vont, tout est réglé', parce que ce n'est absolument pas le cas", explique l'élue. "Les plateformes ont une stratégie extrêmement agressive et s'appuient sur des autoentrepreneurs. Ce ne sont pas les mêmes coûts et ce ne sont pas les mêmes droits sociaux pour ces collaborateurs de plateformes qui ne sont pas salariés et qui malheureusement ont beaucoup moins de droits. C'est la raison pour laquelle je souhaite vivement que l'on puisse avancer sur cette question des droits des livreurs."
La députée de majorité appelle à une régulation, qui arrivera trop tard pour les salariés de Flink et Getir. Certains d'entre eux craignent même de ne pas recevoir leur salaire à la fin du mois de juillet. Avant cela, le groupe turc Getir a de nouveau rendez-vous au tribunal de commerce le 19 juillet.
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