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Reportage
"Les élèves viennent chercher de l'information et ne sont pas là pour polémiquer" : comment les profs abordent le sujet de la guerre entre Israël et le Hamas
Comment, dans le contexte de la guerre entre Israël et le Hamas, parler de ce qu’il se passe aux enfants et aux adolescents en France ? Certains professeurs ont évoqué le sujet en classe depuis le début de la semaine, notamment en histoire-géographie. Un sujet parfois très sensible, toute à la fois complexe.
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La situation en Israël et à Gaza occupe l'actualité depuis le samedi 7 octobre et l'attaque du Hamas sur le territoire israélien. Comment faut-il aborder cette actualité chaude dans les établissements scolaires ? Nous avons posé la question d'abord à un groupe d'élève, aux abords d'un lycée parisien : "Alors moi, je suis plutôt du côté d'Israël parce que toutes les données chiffrées qu'on peut avoir sur les réseaux, je pense qu'elles sont assez fausses", avance l'un d'eux. "Je ne suis pas assez renseignée pour m'exprimer ce sujet-là.", répond une autre.
Ces élèves de Terminale savent bien qu'il se passe des choses en Israël et à Gaza mais quand on creuse, peu ont les idées vraiment au clair. Certains professeurs ont donc pris l'initiative d'évoquer le sujet, pour donner des clés de compréhension. "En fait, ce qui les touche énormément, c'est que c'est pour eux un conflit entre musulmans et juifs, explique Benjamin Marol, enseignant en histoire-géographie dans un collège très populaire de Montreuil, en Seine-Saint-Denis. Donc ça les interpelle parce que beaucoup de mes élèves sont de confession ou de culture musulmane. Mon rôle est d'essayer de leur montrer qu'on a des faits et qu'il faut sortir de cette simple question de la religion."
"Factuellement, ce qui s'est déroulé, c'est du terrorisme, c'est gravissime, c'est sans précédent. C'est pour ça qu'on en parle en fait, et ils le comprennent. Il n'y a pas un élève, à un moment, qui va me dire : 'Ah non, mais c'est justifié en fait.'"
Benjamin Marol, professeur d'histoire-géographie dans un collège de Montreuilà franceinfo
L'enseignant s'attache à remettre en perspective historique ce qu'il se passe aujourd'hui, à expliquer aussi la diversité des avis, et même des religions, qui peuvent exister au sein des peuples israélien et palestinien. Sans pouvoir être sûr que les jeunes soient toujours convaincus.
Le conflit israélo-palestinien au programme commun
Pour les enseignants avec qui nous avons échangé, il ne s'agit pas d'un sujet particulièrement difficile à aborder en classe. Il faut préciser que le conflit israélo-palestinien est au programme en classe de 3e et de Terminale, dans le tronc commun et dans une des spécialités que les élèves peuvent choisir. Sarah, 17 ans, en d'ailleurs a entendu parler dans ce cadre. "Nous, on n'attendait que ça, raconte Sarah. On a vraiment eu hâte d'en parler avec notre professeur. Ça se voyait qu'elle aussi, elle n'attendait que ça. Pour moi, la source du problème était assez floue. Je voyais plein de personnalités publiques qu'on connaissait qui défendaient soit Israël, soit la Palestine."
"Du coup, je ne comprenais pas pourquoi il y avait deux côtés aussi démarqués. La professeure nous a beaucoup éclairés sur ça."
Sarah, 17 ans, élève de Terminaleà franceinfo
Aborder ce sujet en classe, c'est aussi répondre aux questions des élèves. Par exemple, certains ont été étonnés que la Tour Eiffel soit illuminée aux couleurs du drapeau israélien. Pourquoi le monument n'a-t-il jamais arboré celles du drapeau palestinien ? Pourquoi n'a-t-on pas préféré un drapeau blanc, synonyme de paix ? Voilà certaines interrogations des jeunes, auxquelles il n'est pas toujours facile de répondre.
Un besoin d'informations
La plupart des élèves sont plutôt demandeurs sur ce sujet, même s'il peut y avoir des différences d'un établissement à un autre. La proximité culturelle ou religieuse, qui peut exister avec les Israéliens ou les Palestiniens, joue sans doute sur l'intérêt qu'ils portent à ce conflit. Nous avons rencontré plusieurs jeunes qui n'ont pas abordé le sujet en classe avec leurs professeurs et qui le regrettent : "Ça aurait été intéressant qu'ils en parlent parce qu'ils savent bien expliquer aux enfants, mieux qu'un post sur Instagram." "Oui, je pense que c'est intéressant parce que justement, vu qu'on n'est pas très informés, ce serait bien de l'être plus."
Mickaël Bertrand, professeur d'histoire-géographie dans un lycée de Dijon, constate lui aussi ce besoin d'informations parmi les jeunes : "Nos élèves sont souvent très, très demandeurs parce qu'au-delà de l'événement actuel, c'est quand même un conflit dont ils entendent parler depuis plusieurs années et qui, clairement, est très, très complexe."
"Cela donne lieu souvent à des cours qui sont très intéressants, avec des élèves qui posent énormément de questions passionnantes. La plupart du temps, ils viennent chercher de l'information et ils ne sont pas là pour polémiquer."
Mickaël Bertrand, professeur d'histoire-géographie dans un lycée de Dijonà franceinfo
Au-delà des programmes, ces sujets sensibles doivent être abordés à l'école, estime le professeur de collège de Montreuil, Benjamin Marol : "C'est évidemment le rôle de l'école de parler de ces choses-là. Parce que si on réfléchit bien, qui leur en parle ailleurs ? Les médias, mais quels médias ? Les réseaux sociaux, mais quels réseaux sociaux ? Les amis, la famille, etc... Donc oui, évidemment, il faut que nous, on leur en parle, c'est leur attente. Surtout avec les ados de 15 ans, on sort quand même de moments difficiles dans les banlieues. Il faut parler, il faut écouter ces adolescents."
Les événements en Israël et à Gaza seront sans aucun doute de nouveau abordés en classe, ces prochaines semaines.
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