"On résiste ensemble à une situation qui nous semble mal gérée" : rencontre avec ces Français qui bravent le confinement
Ce sont des coiffeurs, des restaurateurs, ou juste des amis qui veulent se retrouver... Malgré les restrictions liées aux confinement, certains continuent d'accueillir des clients en toute clandestinité, d'autres à faire la fête. Pour quels motifs ? Franceinfo a rencontré certains d'entre eux.
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Contrairement au confinement de mars dernier, celui de novembre a été moins strict et moins respecté. Alors que nous entamons la dernière semaine du deuxième confinement, franceinfo a rencontré à Paris ceux qui contournent la règle, qui veulent vivre presque comme avant, malgré l'épidémie de Covid-19.
Des coiffeurs exercent toujours
S'il est difficile de trouver un coiffeur qui exerce, il y en a encore. Après plusieurs coups de fil, plusieurs refus, on nous invite finalement à assister à une coupe clandestine dans un appartement. Depuis la fermeture du salon où il travaille, Gérard reçoit chez lui, masqué. "C'est un peu moins confortable qu'au salon, c'est un peu plus spartiate, concède-t-il, mais ça marche quand même". On commence par un shampoing, grâce un bac installé dans la salle de bain. Ensuite, quelques coups de ciseaux. Gérard peut tout faire ici, même les couleurs. "Je demande aux gens de m'envoyer un selfie de leur couleur pour pouvoir m'approvisionner parce que je n'ai pas toutes les couleurs à disposition, ça ferait 200 références différentes", explique Gérard. Et s'il continue à travailler chez lui, c'est que son chômage partiel ne suffit pas.
J'ai un loyer de 900 euros, donc je ne peux pas me permettre d'arrêter de travailler comme ça, parce que sinon je prends ma valise tout simplement. C'est de la survie.
Gérard, coiffeurà franceinfo
Les clients, eux, en redemandent. Gérard coiffe en ce moment entre trois et cinq personnes par jour. "Il y a beaucoup de gens qui vivent très mal le confinement, note-t-il, et je pense que le fait de se sentir un peu belle ça fait aussi du bien moralement. Donc si je peux rendre ce petit service et continuer à gagner ma vie un petit peu avec ça, alors tant mieux", conclut le coiffeur.
L'incohérence de la règle comme argument
Deuxième mission : trouver ceux qui mangent assis à l'intérieur. Dans les restaurants c'est presque impossible, à chaque fois les gérants nous rappellent que c'est interdit, certains hésitent, mais ils ont trop peur de la délation. C'est plus facile pour une petite pause, un sandwich, un goûter. A l'intérieur d'une boulangerie parisienne, Laetitia, par exemple déguste assise, une pâtisserie. "Moi je viens de finir ma journée de travail en tant que soignante et là c'est un petit moment douceur, vraiment. C'est très important", dit-elle.
Je pense que je prends plus de risques dans les transports pour aller soigner des gens qu'en mangeant ma tartelette au citron assise là.
Laetitia, soignante et cliente d'une boulangerieà franceinfo
En face d'elle, le boulanger Simon. "Pour moi, c'est la même chose qu'elle s'assoie ici cinq minutes pour manger sa tartelette ou de parler à un client pendant dix minutes pour lui expliquer par exemple ce qu'il y a à l'intérieur d'une quiche, fait-il remarquer. La distance est la même, tout est pareil, c'est juste le fait de s'asseoir qui change." L'incohérence de la règle. Cet argument revient beaucoup dans la bouche de ceux qui l'enfreignent.
"Les gens sont heureux, ils nous remercient"
Et puis vient l'heure de l'apéro. Notre mission : trouver ceux qui se regroupent à l'abri des regards dans les bars. Après quelques tentatives, nous toquons à la vitre d'un bar-restaurant. Il affiche un panneau "vente à emporter". Daniel est le patron des lieux. Et il accueille encore des clients habitués, dans une salle secrète, où il nous emmène : "On va passer par la cuisine et on va aller dans cette deuxième salle qui habituellement est fermée." Ici, trois tables et une limite de 15 personnes. "Ça peut être le midi, ça peut être le soir, voilà, c'est tous les jours un petit peu", confie-t-il. "Les gens sont heureux, ils nous remercient, on résiste ensemble à une situation qui nous semble mal gérée", poursuit Daniel. "Ça permet tout simplement de payer loyer et factures en retard", ajoute le patron. Et pas question de payer en carte bleue.
Tout se fait en espèce, ce qui ramène aux années de la prohibition et aux années du speakeasy.
Daniel, patron d'un bar-restaurantà franceinfo
Pour ressortir, c'est discrètement, deux par deux. Nous partons maintenant à la recherche de ceux qui prolongent encore un peu la soirée. On nous a parlé d'une petite fête au fond d'une cour. C'est Hervé, retraité, qui nous fait rentrer. "Mot de passe s'il vous plaît ?" lance-t-il joyeusement. A l'intérieur, une grande table. "On est dix mais on fait quand même super attention. Ça fait une demi-heure que je suis là et je me suis lavé six fois les mains au gel hydroalcoolique", nous assure un des convives. Valentine, elle, a même rempli son attestation pour venir. "J'ai mis que j'allais faire des courses !", dit-elle tout sourire. Elle ne supportait plus de rester seule enfermée. "Je commençais à avoir des angoisses. J'ai besoin de voir du monde", confie-t-elle plus sérieusement. Une soirée clandestine qui s'est prolongée jusque tard dans la nuit.
A savoir que les contrevenants, les clients comme les artisans ou les cafetiers, risquent au minimum une amende pour non-confinement de 135 euros.
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