"On va s'en sortir" : empêché de rouvrir par le Covid-19, le monde culturel continue à créer en espérant des jours meilleurs
Les lieux culturels vont devoir rester fermés au moins jusqu'à la fin du mois de janvier, a prévenu jeudi le Premier ministre. Ils sont pourtant des milliers d'artistes aux quatre coins du pays à continuer de travailler ensemble et d'inventer. Reportage à Saint-Ouen.
Quel horizon pour la culture en temps de Covid-19 ? Les portes des cinémas, des théâtres, des salles de concert et des musées restent désespérément closes en raison de l'épidémie. "Toutes les activités et tous les équipements aujourd'hui fermés le resteront encore jusqu'à la fin de ce mois", a annoncé Jean Castex, jeudi 7 janvier, lors d'une conférence de presse.
Un nouveau point d'étape est prévu le 20 janvier pour envisager une réouverture début février notamment des lieux culturels. En attendant le retour des spectateurs, des artistes continuent de créer et d'inventer comme dans cet établissement au cœur de Saint-Ouen. Bienvenue à Mains d'Œuvres, il s'agit d'un "lieu pour l'imagination artistique et citoyenne". Juste en-dessous de cette définition, sur la façade est inscrite la devise, empruntée à Samuel Beckett : "À ceux qui essayent, ratent, essayent encore, ratent mieux".
"Des espaces de libertés et de respiration"
Là-bas, il y a toujours quelqu'un derrière la porte. Salle de spectacles, bureaux partagés, école de musique, ateliers de plasticiens ou photographes, studios de danse et de musique... c'est tout ça à la fois. Ici, on continue à travailler, et faire vivre la culture sur plus de 4 000 mètres carrés. "Depuis le Covid, on peut dire que ce sont des espaces de liberté et de respiration qui sont vraiment nécessaires dans le quotidien que l'on traverse actuellement, explique Juliette Bompoint, la directrice de Mains d'Œuvres. Pour nous, la distanciation sociale est un non-sens. On est dedans qu'il y ait du Covid ou pas. On fait notre métier comme si ça allait aller."
Et c'est ainsi que Mains d'Œuvres, géré par une association depuis 20 ans, largement auto-financé, ne s'est jamais arrêté depuis neuf mois. Mais pour les artistes qui viennent répéter, ou préparer de futurs projets, il est difficile de se projeter aujourd'hui. Au sous-sol, Il y a une vingtaine de studios de musique répartis dans un ancien parking souterrain complètement réaménagé. Ici, celui qui gère, c'est Norbert. Prix de la location des studios : 5 euros de l'heure. "On arrive à faire un chiffre correct pour mettre un peu de beurre dans nos épinards", explique-t-il.
Offrir un lieu fixe aux artistes pour travailler
Mains d'Œuvres accueille aussi des musiciens en résidence, "même si des groupes résidents ont annulé toute leur tournée et sont dans des situations bien compliquées, poursuit Norbert. D'ailleurs, certains ont commencé à ne plus bien payer leur loyer. On a l'impression qu'on n'en verra jamais la fin mais il y a une volonté que cela perdure, qu'on passera le Covid en attendant encore un petit peu et qu'on va s'en sortir."
En tout cas je sens, un optimisme ça serait un grand mots, une volonté coûte que coûte d'affronter toutes les merdes qu'on a.
Norbert, Mains d'Œuvresà franceinfo
Pour la directrice Juliette Bompoint, l'essentiel est de donner un lieu fixe à tous ces artistes : "On ne peut pas leur promettre grand-chose. Pouvoir venir et travailler donnent un peu de baume au cœur, et avoir quand même un endroit où ils peuvent voir des gens. On a beaucoup de jeunes qui vivent dans des tout petits espaces, et juste de pouvoir sortir de chez eux pour aller quelque part leur donne un peu une destination."
"Imaginer" de nouvelles perspectives
Et justement, derrière des masques, voici un groupe en résidence. Il s'agit des rockeurs des Psychotic Monks, révélations des plus grands festivals en 2019. Comment vivent-ils cette période ? "On l'a vécue plutôt mal comme beaucoup de gens, répondent-ils. On a eu la chance d'avoir un lieu où pouvoir travailler, et avec la musique de pouvoir essayer de se faire du bien juste entre nous quatre. Il n'y a pas vraiment les perspectives habituelles de possibles alors on va s'en imaginer des nouvelles. Le deuxième confinement si on l'avait vécu encore enfermé cela aurait été difficile."
Pouvoir venir dans un endroit et croiser d'autres personnes qui viennent travailler, bien évidemment en respectant, ça donne l'impression qu'il y a de la vie qui continue d'une manière ou d'une autre.
Psychotic Monksà franceinfo
En pause forcée, ils ont fait trois concerts l'automne dernier, et ils ont un album à préparer, sans savoir quand ils pourront le sortir. On les imagine donc impatients de reprendre une activité "normale" : "Oui, mais ce qu'on ressent davantage, c'est la volonté de trouver un autre modèle", expliquent-ils sans cacher une certaine lassitude vis-à-vis du gouvernement.
Un nouveau modèle pour d'abord rouvrir les salles en temps de crise sanitaire. Il faut "vraiment nous faire confiance, dire qu'on n'est pas complètement irresponsables, plaide la directrice de Mains d'Œuvres. On a envie que ça continue, et on a envie d'avoir les protocoles adaptés en mettant en sécurité tous les publics. On le fera volontiers et on mettra les moyens qu'il faut."
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