"Plus traditionnel", "plus jeune" ? À l'heure des obsèques du pape François, les fidèles français s'interrogent sur le profil de son successeur

Alors qu'à Paris, les jeunes fidèles se projettent sur la nomination du prochain pape, Rome se prépare aux obsèques du pape François dans une effervescence mêlant locaux, touristes, pèlerins et scouts.

Article rédigé par Benjamin Illy - Martin Cotta
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Des centaines de milliers de personnes ont fait la queue pour pouvoir rendre hommage à la dépouille du pape François, au Vatican. (HENRY NICHOLLS / AFP)
Des centaines de milliers de personnes ont fait la queue pour pouvoir rendre hommage à la dépouille du pape François, au Vatican. (HENRY NICHOLLS / AFP)

Les cloches de Notre-Dame de Paris ont encore sonné, vendredi 25 avril, pour le pape François. Une messe et une veillée de prière avant les obsèques du souverain pontife qui se déroulent à Rome samedi, cinq jours après son décès. La file d'attente pour rentrer dans la cathédrale s'allonge sur le parvis. Des centaines de personnes attendent pour prendre place à l'intérieur. Les jeunes fidèles réunis ici sont tous déjà tournés vers l'avenir.

Colomba, 19 ans, a vu le pape François lors de sa visite en Corse, car elle habite là-bas. "C'était vraiment un grand moment. Il y avait beaucoup de monde, beaucoup de ferveur", se souvient la jeune femme. "Le pape François essaye quand même d'être assez moderne dans son approche de l'Église"; souligne celle qui se dit prête à accueillir "un pape plus traditionnel". "Ce que j'ai trouvé beau avec le pape François, c'est que, pour ses obsèques, il a demandé un cercueil simple, une célébration assez simple", affirme Adrien, 19 ans. "Il faut évidemment que le pape soit humble et au service", ajoute-t-il.

À 15 ans, Coline explique qu'elle "priait assez souvent" le pape, qui était un "exemple à suivre" pour elle. Elle attend du prochain pape que ce soit "quelqu'un qui sait mettre de la nouveauté, de la fraîcheur..." Sa mère lui coupe la parole et ajoute : "Qui soit plus jeune !" Selon elle, "pour attirer plus de fidèles, il faut donner une image de l'Église plus moderne, plus ouverte sur le monde surtout, et puis, une évolution sur des sujets comme l'avortement". Une position que partage sa fille : "C'est important de pouvoir choisir l'avenir qu'on a avec un enfant ou pas." Anna, 20 ans, souhaite quant à elle "un pape inclusif".

"Tout le monde doit pouvoir trouver sa place dans l'Église, d'une manière ou d'une autre."

Anna

à franceinfo

L'effervescence à Rome

Mais avant de penser au prochain chef de la religion catholique, Rome est concentrée sur l'organisation des obsèques du pape François. La capitale italienne est devenue le centre du monde depuis sa mort, le lundi de Pâques. La ville est ultra-sécurisée et l'ambiance dans les rues tout à fait singulière. Des dizaines de milliers de fidèles sont attendus. Plus de 2 700 journalistes du monde entier sont accrédités. "On sent un début de pression. Les hélicoptères qui survolent la ville, c'est assez étonnant", raconte Hélène qui ne s'attendait pas à vivre une telle frénésie quand elle a réservé ses vacances en famille à Rome. "À côté de ça, toujours des Italiens accueillants, souriants. Ils ont cette capacité à être désorganisés et ultra-organisés qui est assez impressionnante. Ce n'était pas prévu ce décès du pape, mais ils le gèrent parfaitement bien", poursuit la touriste française.

Le visage souriant du pape François s'affiche ici et là dans les rues, sur des panneaux publicitaires même. "Il y a des photos de lui partout, donc je pense que tout le monde est très touché. Papa Francesco n'est plus là, on prie pour le nouveau pape", explique Anne, une touriste belge. "On voit des prêtres partout, des prêtres jeunes aussi", raconte Léa qui voyage avec elle. "Déjà quand on a pris l'avion, il y avait deux prêtres jeunes avec nous. Ce n'est pas toujours le cas. Je pense qu'en France ou en Belgique les gens ont un peu plus peur d'annoncer ou de montrer leur foi", ajoute-t-elle.

Des touristes, des pèlerins, des scouts

Sur le marché de Campo dei Fiori, à quatre kilomètres du Vatican, des touristes savourent du jus d'oranges fraîchement pressées. Fabrizio, un vendeur de casquettes, remarque que l'ambiance du marché a changé ces derniers jours. "Le 25 avril est normalement un jour de fête pour nous, mais là il y a moins de monde", remarque-t-il. "Les gens sont sûrement tous sur la place Saint-Pierre au lieu de faire un petit tour dans Rome. Ils ont d'avantage envie d'être proches du Vatican et du Saint-Père", estime le vendeur. 

De nombreux pèlerins marchent dans les rues, des scouts aussi, comme Eleonora qui séjourne dans la capitale italienne avec 17 jeunes filles venues de Palerme, en Sicile. Elles regarderont les obsèques du pape à la télévision, avant de franchir la porte de Saint-Jean de Latran.

"Nous attendons ce moment depuis longtemps, on est parties avec plein d'enthousiasme pour vivre tous ces événements"

Eleonora

à franceinfo

À l'est de la ville, près de la gare centrale, des rubalises jaunes et des barrières empêchent les automobilistes de circuler, surtout autour de la basilique Saint-Marie-Majeure, là où le pape sera inhumé samedi matin. Betty, une Anglaise, est l'une des dernières à visiter les lieux : "C'est absolument magnifique. J'aurais simplement voulu que les gens soient plus respectueux à l'intérieur, car il y avait énormément de bruit. Ici, ça doit être un endroit silencieux et de réflexion." Ici, deux écrans retransmettront la cérémonie d'obsèques de la place Saint-Pierre pour les curieux. Des écrans qui s'éteindront lors de l'inhumation du pape François à l'intérieur de la basilique Sainte-Marie-Majeure.

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