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Reportage
"Aller vers des solutions plus vertueuses et écologiques" : à Sarcelles, près de Paris, la collecte des déchets alimentaires est désormais assurée par un cheval de trait
Le cheval de 900 kg parcourt depuis cet été la ville du Val-d'Oise pour relever de manière écologique les déchets alimentaires qui seront ensuite transformés en biogaz.
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Il est la nouvelle star de Sarcelles : tout le monde prend Mermoz en photo, ou le filme en train de cheminer dans cette commune du Val-d'Oise, au nord de Paris. La Ville l'a recruté depuis cet été pour ramasser les déchets alimentaires de ses habitants, afin de réduire la circulation de ses camions bennes.
Dans le passé, cette race de cheval de trait, le Boulonnais, était utilisée pour amener le poisson frais de Boulogne-sur-Mer à Paris, d'où son nom. Sa mission est d’aller relever les nouveaux bacs de collecte mis en place cet été. Son cocher, Philippe Caré, prend la poubelle pleine dans le bac, la vérifie et la remplace par une vide qu'il descend de sa calèche.
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Au trot, les deux compères parcourent la ville. "C'est une collecte de résidus alimentaires, tous les résidus de table, les coquilles d'œuf, les épluchures de carottes, le pain, le melon qui reste..., détaille Philippe Caré. Ensuite, c'est broyé pour faire de la méthanisation".
Au fil de sa tournée dans la ville, Mermoz ne passe pas inaperçu. Les habitants et les passants sortent leur portable pour immortaliser une scène qui semble tout droit surgir du passé.
"Tout le monde te dit bonjour. C'est marrant, en fait, ils ne sont pas du tout habitués au cheval dans la ville. Je m'arrête souvent d'ailleurs pour que les gens viennent le toucher."
Philippe Caréà franceinfo
"Voir un cheval blanc comme ça, dans un quartier comme ici à Sarcelles en plus, ça fait plaisir quoi", témoigne un habitant, pendant que le tramway de la ville salue Mermoz avec sa cloche.
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Cependant, l’environnement d’une ville dense comme Sarcelles peut être angoissant pour un cheval. Les sirènes de la police et des véhicules de secours perturbent Mermoz, même s'il a été entraîné à tous ces bruits. Son cocher tente immédiatement de le rassurer dès qu'il entend une pollution sonore.
Philippe Caré est aussi attentif aux charges que porte son cheval. "Il peut tirer deux fois son poids, environ deux tonnes. La calèche fait déjà 600 kilos", explique le cocher. Pour ce dernier, les polémiques liées à l'utilisation d'un cheval en ville, et parfois la maltraitance que ce type d'animal endure, "n'ont pas lieu d'être".
"On voit bien que le cheval, il est bien, il adore venir travailler. Je l'ai pris ce matin au pré. Il vient en courant ! S'il n'était pas bien, j'arrêterais."
Philippe Caréà franceinfo
La collecte dure environ deux heures. Ensuite, Mermoz retourne dans son pré sécurisé par une clôture portative. Voir ce grand cheval blanc brouter entre les immeubles de Sarcelles n'a pas fini d'enchanter les habitants.
50% plus cher que les camions-bennes
Le maire de Sarcelles, Patrick Haddad, chiffre le surcoût par rapport aux camions à environ 50%. Cependant, la qualité de la collecte et la gestion des déchets a été améliorée grâce à Mermoz, selon l'édile. "Quand le cheval passe, les habitants vont à sa rencontre et du coup ça les sensibilise au tri, raconte Patrick Haddad. On sait que dans nos villes, c'est plus difficile qu'ailleurs de faire respecter les consignes de tri. Et si le fait de penser au cheval fait penser à ce pour quoi il est là, c'est-à-dire qu'il faut mettre son compost dans le bac marron prévu à cet effet, alors on a gagné sur les deux tableaux".
C'est le syndicat intercommunal de gestion des déchets qui prend en charge la collecte faite par Mermoz et Philippe Caré. La matière part chez des agriculteurs d'Île-de-France, et finit dans leurs méthaniseurs. "Le processus de méthanisation va permettre de produire une énergie verte, du biogaz", explique David Bedin, directeur Prévention et Sensibilisation au syndicat intercommunal de gestion des déchets Sigidurs. "On aura aussi la production d'une sous-matière finale qui servira de fertilisant pour les terres agricoles. Donc, que ce soit sur la collecte, que ce soit sur le traitement, il y a une vraie volonté d'aller vers des solutions qui y sont plus vertueuses et écologiques".
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