: Reportage

Compléments alimentaires, traceur GPS, hôtel pour chiens... Les Français dépensent de plus en plus pour le bien-être de leurs animaux de compagnie

"Il est trop mignon, je peux le caresser ?" Près de l'entrée du salon Animal Expo, qui se tient ce week-end de 4 et 5 octobre au Parc floral à Paris, les visiteurs fondent devant un petit chien aux poils gris et blancs qui batifole sur la moquette. "C'est un spitz", informe sa maîtresse Mathilde qui le couve du regard : "Je suis passionnée d'animaux depuis toute petite. Mes parents me disaient toujours que je ferais ce que je veux quand je serai chez moi, c'est chose faite. J'ai quatre chiens et trois chevaux. C'est ma passion. Ma vie tourne autour d'eux. Je fais tout en fonction d'eux, mes déplacements et mes dépenses."

Cette "petfluenceuse", influenceuse animaux de 26 ans, partage son quotidien avec ses bêtes depuis cinq ans à ses 95 000 followers sur Instagram et 150 000 sur TikTok. Mathilde, qui est aussi community manager dans une agence de communication pour des marques animalières, consacre un budget conséquent aux "amours de sa vie". "Les chevaux, plus les chiens, je suis à 1 500 euros par mois, indique Mathilde. Je travaille à mort comme tout le monde. Je suis en freelance dans la communication. Je fais plein de trucs à droite à gauche, je me débrouille bien. Je peux pleinement assumer mes animaux et ils ne manquent de rien."

En France, six personnes sur dix possèdent un animal de compagnie et on comptabilise 16,6 millions de chats et près de 10 millions de chiens. Dans ce salon parisien, qui a accueilli 35 000 visiteurs en 2024, les propriétaires d'animaux confirment ne pas regarder à la dépense pour ceux qu'ils considèrent comme des compagnons de vie. Pour Mathilde, rien n'est trop beau pour ses animaux : "La dernière fois je les ai emmenés dans une piscine, il y avait jacuzzi, bains à remous pour leurs articulations. C'était 50 euros l'heure, c'est raisonnable."

"Ce sont mes animaux, ce n'est pas mes frères et sœurs, mais ce sont mes meilleurs amis. Je leur raconte ma vie, ils sont là quand ça va, quand ça va pas, ce sont mes bébés."

Mathilde, 26 ans

à franceinfo

"J'ai six caméras chez moi, pour savoir comment va mon chat"

"C'est un garçon adorable qui adore tout le monde, c'est vraiment mon fils", explique Cyrine qui nous présente Snoop, un labrador retriever de 5 ans. Ce chien est un membre de la famille pour Cyrine et Noé, 22 ans tous les deux, avec les dépenses qui vont avec, soit plusieurs centaines d'euros par an malgré leurs revenus modestes. "C'est un chien qui coûte cher. Déjà il y a les frais vétérinaires, c'est onéreux mais il n'y a pas que ça, détaille Cyrine. Quand on part en vacances, j'aime l'emmener un maximum. Les hôtels avec chien c'est un peu plus cher. Au quotidien, j'aime bien le gâter pour qu'il soit heureux. Des petits jouets par-ci, par-là, des objets éducatifs, ça coûte cher."

Cyrine et Noé sont catégoriques : s'il faut un arbitrage côté budget, c'est en faveur du chien. "Je préfère qu'il ait plus lui que nous, indique Noé. C'est comme si c'était notre enfant. On donne plus à son enfant qu'à soi-même. Donc on priorise forcément notre chien." Les quelque 300 exposants du salon l'ont bien en tête. Avec un secteur en forte croissance celui de la Pet Tech, c'est-à-dire les objets connectés pour animaux.

Selon une étude de BPI France, la France est numéro 1 en Europe sur ce marché en plein essor avec 219 entreprises actives en 2024. Dans un stand des litières automatisées de 400 à 1 000 euros  sont proposées aux visiteurs. Adeline y réfléchit. "On va demander au patron une petite augmentation, explique Adeline. Je n'ai pas de compagnon, pas d'enfant, mais j'ai un chat. Il s'appelle Dark Vador mais il est très gentil. Je m'intéresse à tout ce qui est connecté : fontaine à eau connectée, distributeur de croquettes connecté. J'ai six caméras partout chez moi, pour savoir comment il va. Je regarde pour la litière connectée pour avoir plein d'éléments sur la santé de mon chat."

Un marché en pleine expansion

Le bien-être des animaux est un argument massue pour les quelque 300 exposants du salon Animal Expo. Par exemple, l'entreprise Dog Chef propose des repas faits maison. "Les consommateurs veulent aujourd'hui pour leurs chiens, ce qu'ils font pour eux, des compléments alimentaires, une meilleure alimentation, explique Valentin Housieaux, un des responsables de l'entreprise Dog Chef. C'est notre cible aujourd'hui, on est en pleine expansion. C'est un marché qui se développe. La motivation première c'est le bien-être du chien. On le voit sur le salon. On oublie le prix, on remplit le panier et après on demande le prix."

Dans un autre stand, le produit phare est un traceur GPS pour localiser son animal et surveiller sa ligne. "C'est un 'device' qu'on met sur le collier du chat ou du chien, explique Ludovic Deswarte, PDG de Martin Sellier, poids lourds français des accessoires pour animaux. Cela permet de voir sur l'application smartphone s'il a bougé ou pas et ça permet de diminuer son apport en calorie. Parce qu'on a 50% des chiens et des chats qui sont obèses. Ça monte, comme les humains."

Et pourquoi pas une nuit dans le premier hôtel canin de France ? Il a ouvert il y a quelques mois à Vincennes en région parisienne. Votre chien peut s'y prélasser quelques heures ou toute une nuit pour 70 euros. "On a les pyjamas partys pour des chiens qui restent la nuit, explique Chloé Le Cossec du Doggy's Hotel. Ils vont se retrouver autour de petites activités d'éveil. Lorsqu'il y avait la canicule cet été, on avait des summer party pour tous nos résidents et donc on avait une piscine d'eau avec des balles. Ils avaient leur petit cocktail de concombre et de persil. Est-ce que c'est un besoin profond ? Non, mais en tout cas, c'est une vraie offre qui plait. Et en tout cas, il y a la clientèle qui est au rendez-vous."

Le marché français des animaux de compagnie pèse 6,7 milliards d'euros. Selon les dernières estimations du cabinet Xerfi, il pourrait atteindre 7,5 milliards d’euros en 2027.