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Reportage
"Maintenant, c'est nous qui allons en payer le prix" : après les frappes américaines en Iran, l'inquiétude de ces Israéliens, dont les immeubles ont été visés par Téhéran
Après les frappes américaines en Iran, tôt dimanche, l'agence de presse iranienne Irna a fait état de 40 missiles tirés sur Israël depuis l'Iran, visant notamment l'aéroport Ben Gourion, près de Tel-Aviv, et un "centre de recherche biologique". Les habitants, dont les logements ont été détruits, sont partagés.
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Nily a enfilé ses gants. Avec l'aide des secouristes, au milieu des débris de verre, elle retourne les gravats, déplace des morceaux de plafond tombés au milieu de son salon pulvérisé par une frappe iranienne, dimanche 22 juin, au nord de Tel-Aviv. "Je vois ce qu'il est encore possible de récupérer, ce qui n'a pas été détruit... C'est toute ma vie qui est ici", confie-t-elle.
De son appartement, il ne reste que quelques murs, une petite table de chevet, des vêtements, une pince à cheveux. Un secouriste vient de retrouver une petite photo : "C'est une photo de nous avec les enfants. Elle était accrochée ici avec d'autres photos. C'est ma famille", décrit-elle. Tous ont survécu, à l'abri dans la pièce sécurisée. "Au moment où je suis rentrée dans l'abri, dit-elle, je ne savais même pas qu'il y avait eu la frappe américaine parce que ça s'est passé dans la nuit. Mais moi, je suis pour parce qu'on n'a pas le choix et je pense qu'il faut continuer".
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Avant de préciser, en regardant ce qu'il reste de son appartement : "Et si c'est le prix à payer, et bien on est prêt à payer ce prix... Je ne sais combien de temps ça va durer, personne ne le sait. Mais j'espère que ce qui doit être fait le sera le plus vite possible et que ça va se terminer", conclut Nily.
"Je ne pensais pas que cette guerre durerait si longtemps"
Dehors, sa voisine Miral charge, elle, le coffre de la voiture de son père avec des valises. "On a tout emballé rapidement", souffle-t-elle. Sa famille part : l'appartement est détruit. "C'est bien qu'ils l'aient fait, mais maintenant, nous souffrons plus parce que les Iraniens ne peuvent pas attaquer les Etats-Unis, alors ils nous attaquent à la place. Voilà le résultat ! Et c'est très triste parce que je n'ai plus d'endroit où vivre maintenant. Je ne pensais pas que cette guerre durerait si longtemps... Et maintenant, je pense que cela prendra encore plus de temps que prévu", estime la jeune femme.
Sharon, elle, reste dans son appartement : seules quelques vitres ont été brisées par le souffle du missile iranien. La retraitée salue cette intervention américaine : "De toute manière, Israël ne pouvait pas faire ça tout seul. Je pense que la guerre avec l'Iran va se terminer beaucoup plus rapidement que ce que je pensais. C'est une bonne chose dans la mesure où les Américains ont frappé, mais maintenant, c'est nous qui allons en payer le prix", finit-elle.
"L'image de la destruction totale"
Direction le sud de Tel-Aviv, dans la ville de Bat Yam. Dans un quartier meurtri et défiguré après une frappe il y a une semaine, qui a fait 9 morts, Kati Piasecki, responsable des services sociaux à la mairie, nous accompagne. C'est le seul moyen de pénétrer dans cette zone défigurée interdite d'accès. Devant nous : un bâtiment tranché en deux par un missile iranien.
"Nous sommes précisément au point d’impact. Toute l’aile droite s’est effondrée. Les gens qui se trouvaient dans la pièce sécurisée ont survécu. Ceux qui ne l’étaient pas sont tous morts"
Kati Piasecki, responsable à la mairie de Bat Yamà franceinfo
"La déflagration a rayonné sur des centaines de mètres autour du point d'impact. Une centaine de bâtiments a été atteinte. Tous ceux que vous voyez derrière sont encore plus touchés que celui qui a été directement impacté par le missile... On a évacué plus de 35 bâtiments. Les habitants sont dans des chambres d'hôtel à Tel-Aviv et Jérusalem", précise-t-elle.
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En tout, ce sont 2000 personnes qui ont été évacuées, dont une majorité de personnes âgées. "Les gens que j'ai vu arriver avaient peur, ils étaient perdus et perturbés. Moi, à chaque fois que je ferme les yeux, maintenant je vois l'image de ce bâtiment détruit, l'image de la destruction totale... C'est devenu un quartier complètement silencieux, il y a un silence terrifiant. Ça va prendre entre cinq et dix ans pour tout déblayer, planifier et reconstruire... Nous sommes ici à côté d'un axe central de la ville où passent beaucoup de transports publics, il y a beaucoup de commerces, donc on veut rétablir la vie le plus rapidement possible", conclut Kati Piasecki.
"Mon quotidien me manque"
Marina, les traits tirés, commence à trouver le temps long dans sa chambre d'hôtel de Tel-Aviv ,qu'elle partage avec son mari et ses trois enfants. Ils ont tous été évacués de Bat Yam. "Les premiers jours, c'était le choc, tu ne ressens pas le manque parce que tu es déjà content d'être en vie. Mais là, mon quotidien me manque, mes habitudes, comme me faire mon café, dormir dans mon lit, me sentir comme à la maison..." Et pour cause : sa maison n'existe plus.
Et l'avenir est flou pour cette mère de famille. "Je ne sais pas ce qui va se passer, mais j'ai une grande confiance en notre armée. Nous voulons que tout cela se termine. Nous ne sommes pas en faveur de cette guerre, nous voulons vivre, profiter de la vie". Mais, "Tant que l'Iran existera, il y aura toujours un danger", conclut-elle.
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