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Témoignage
Dix ans du "mariage pour tous" : "Un moment d’émotion dingue", raconte Vincent, premier gay français à se marier
Il y a dix ans, le "mariage pour tous" était définitivement adopté à l'Assemblée nationale. À Montpellier, Vincent et Bruno ont été les premiers à se dire officiellement "oui" à la mairie. "Un moment d'histoire", raconte Vincent.
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Le 29 mai 2013 à Montpellier, Vincent Autin et Bruno Boileau sont les premiers à se dire "oui", un mois après l’adoption définitive du "mariage pour tous" à l’Assemblée nationale. "C’est un honneur pour moi de dire que vous êtes unis par le mariage au nom de la loi", concluait la maire socialiste d’alors, Hélène Mandroux.
Pas moins de 500 personnes assistent au mariage dans la salle de cérémonie mais des milliers d'autres patientent dehors, sur le parvis de l'hôtel de ville. "De la salle avec Bruno, on les entendait scander, applaudir, crier, raconte Vincent. Ça nous a ‘foutu les poils’ comme on dit. C’était absolument incroyable, un moment d’émotion dingue."
"C’était un moment d'histoire qui dépassait largement mon union avec Bruno. Il faut se rappeler qu’à notre mariage, il y avait 300 journalistes du monde entier !"
Vincent, premier homosexuel marié de Franceà franceinfo
Vincent et Bruno sont conscients d'entrer dans l'histoire, presque par hasard. La mairie de Montpellier avait fait en sorte d'être prête, en modifiant le programme informatique de l'État civil permettant d'y enregistrer deux hommes. "On n’avait aucune volonté d'être les premiers, juste celle de se marier, ce n’est pas si différent des autres couples", confie modestement Vincent qui évoque la sérénité et la reconnaissance que le mariage leur a apportées. "Notre amour est respecté en tant que tel, protégé. Au moment où on se marie, on vous remet un livret de famille. Que vous ayez des enfants ou pas, à ce moment-là, vous êtes considérés comme une famille aux yeux de la République."
L'égalité pour se marier comme pour divorcer
Vincent vit en Suisse désormais et s'il s'exprime sans Bruno, c'est que les deux hommes se sont séparés, après 12 ans de vie commune, et sept ans de mariage. "Un épiphénomène", balaie-t-il. "Quand on lutte pour l'égalité de droit, notamment de celui de pouvoir se marier, on lutte aussi pour l’égalité de pouvoir divorcer. C’est notre cas et c’est très commun à beaucoup de couples." Aujourd'hui, il ne voit pas comment la société pourrait revenir en arrière. "Le fait que le mariage pour tous existe depuis dix ans, est une réjouissance au-delà de nos couples, évidemment, au-delà de l’égalité. Pour toutes les futures générations, c’est dans le décor, c’est logique et c’est normal", se réjouit-il.
Vincent reste cependant frappé par la violence de l'opposition d'alors. "Ce sont des personnes qui ont manifesté contre l'obtention d'un droit qui ne changeait rien à leur vie, mais qui changeait tout à la nôtre. De ce point de vue-là, il y a une vraie irresponsabilité. Et que dire de la manipulation des enfants qu’on voyait en tête de cortège à répéter les mots dictés par leur entourage et leurs parents !".
Vincent pense "malgré tout" avoir contribué à faire changer d'avis certains de ces opposants. "On a reçu des messages de gens qui avaient manifesté et qui, après avoir vu notre mariage à la télévision, nous ont envoyé des mots bienveillants en écrivant : ‘Je suis désolé'".
"Si c’était à refaire, je changerais de camp parce que j’ai quand même oublié une chose, et c’est la plus importante : l’amour."
Extrait d'une lettre reçue par Vincent et Brunofranceinfo
Depuis cette première union gay, 70 000 autres couples homosexuels sont passés devant le maire, 7 000 mariages de même sexe en moyenne sont célébrés chaque année. Le chiffre est plutôt stable même s'il avait dépassé les 10 000 unions en 2014 et puis chuté, comme tout le reste en 2020, l’année du Covid. Ce qui est notable, c'est qu'au début, ce "mariage pour tous" était plus masculin que féminin. Et aujourd’hui, c’est l'inverse. Depuis quatre ans, les mariages entre femmes sont plus nombreux que les mariages entre hommes. Cela s'explique en partie par la loi sur la PMA, (la procréation médicalement assistée) ouverte aux couples de lesbiennes car le mariage simplifie une partie des démarches.
Le Pacs a pour autant toujours la cote
Ce qui est frappant également, c’est que le mariage gay ou lesbien n'a absolument pas freiné la progression du Pacs, ouvert depuis 1999 aux couples de même sexe. Leur nombre augmente même. Plus fréquents que le mariage, 10 000 Pacs homosexuels ont été conclus, l'an dernier.
En termes de filiation, le "mariage pour tous" a été déterminant au début, dans le sens où le mariage était le passage obligé pour se lancer ensuite dans des démarches pour adopter. Mais ça n'est plus le cas aujourd'hui. "La condition maritale est tombée avec la loi Limon 2022, explique Fabien Joly, avocat et porte-parole de l'association des familles homoparentales, et donc il n’y a plus besoin d’être marié pour pouvoir adopter l’enfant de son concubin ou obtenir un agrément et demander l’adoption d’un pupille en France ou à l’étranger". Si la loi a donc encore évolué, en réalité, très peu de ces couples de même sexe ont réussi à adopter, admet l'avocat. Quelques dizaines seulement y sont parvenus ces dix dernières années, dans toute la France.
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