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Témoignages
Stress de l'examen, entrée sur le marché du travail, angoisse liée à Parcoursup... Ces trois générations de femmes racontent l'évolution du bac
Coup d'envoi aujourd'hui des épreuves finales du baccalauréat : les 724 633 candidats commencent, comme le veut la tradition, par l'épreuve de philosophie.
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Le baccalauréat, dont les épreuves finales commencent lundi 16 juin, a-t-il toujours la même valeur ? Depuis la réforme de 2021, les élèves n'ont plus que quatre épreuves contre une grosse dizaine avant cette réforme. Et 80% d'une génération décrochent désormais le diplôme. Beaucoup de choses ont changé par rapport aux générations précédentes de candidats au bac.
Vérification à Grambois, dans le Vaucluse : Chiara, 17 ans, qui passe le bac cette année, sa mère Emma, 50 ans, et sa grand-mère Mireille, 71 ans, sont installées autour de la table de la cuisine. Mireille a passé son bac "il y a très longtemps : en 1973", à une époque où les bacheliers ne représentaient que 20% d'une génération. "C'était un stress abominable, se souvient-elle, parce qu'avec le bac à l'époque, on avait quasiment terminé ses études, du moins dans le milieu où je vivais." Ses parents n'avaient pas le bac : "Absolument pas. Non, non. Mon père était agriculteur et ensuite commerçant, et ma mère n'a pas fait d'études du tout. Donc c'était une pression supplémentaire."
"Je me revois dans les couloirs pour les oraux"
L'angoisse de rater son bac, Emma aussi s'en souvient bien. Elle a passé l'examen 21 ans après Mireille, en 1994 : "Je me revois dans les couloirs pour les oraux... C'était une très grosse pression." À cette époque en effet, le bac était devenu indispensable : plus de la moitié de la population l'avait.
"Pour ma génération, il fallait avoir le bac, faire des études pour avoir un travail. J'ai bien senti cette différence par rapport à mes parents, et par rapport à Chiara où il y a une normalité."
Emma, bachelière en 1994à franceinfo
Sa fille confirme : "Pour moi, c'est une formalité. Je connais très peu de gens qui n'ont pas le bac et qui ont à peu près mon âge. C'est différent de votre époque, où le bac se jouait le jour même, il n'y avait pas tout ce qui est contrôle continu. Moi j'ai fait un simulateur de bac donc j'ai pu calculer ma moyenne de contrôle continu et j'ai vu que je pouvais avoir des notes assez basses au bac. Donc je n'ai pas ce truc de me dire que si j'ai en dessous de la moyenne, je peux ne pas avoir mon bac à une de mes spécialités."
Le bac n'a plus du tout la même valeur. En 1973, Mireille n'avait besoin d'aucun autre diplôme pour trouver du travail : "Avec mon bac G, j'ai quitté l'école au mois de juin et j'ai commencé à travailler le 1ᵉʳ septembre de la même année. Ils m'ont même dit à l'époque 'Vous êtez surqualifiée pour le poste'." La même chose était impensable dans les années 90, rappelle Emma : "À mon époque, le bac seul ça ne faisait... rien ! Je ne me voyais pas aller postuler en disant 'Bonjour, j'ai le bac, vous me prenez ? J'aimerais bien travailler avec vous.' Même si tu voulais être secrétaire, il fallait un BTS."
La période post-bac plus difficile désormais
Emma le reconnaît : le bac, à ce moment-là, ouvrait toutes les portes. "En ce qui concerne les facs, on pouvait faire ce qu'on voulait. On choisissait l'endroit, on choisissait les matières, c'était libre. Moi par exemple, j'ai fait un BTS Tourisme puis j'ai bifurqué sur une licence de sciences de l'éducation. Alors qu'aujourd'hui, dès la troisième, on te demande quelle spé tu vas vouloir prendre, pour prendre des options. Ça réduit le champ des possibles." D'autant plus qu'il faut désormais se positionner avant le bac en formulant des vœux en ligne sur Parcoursup.
Chiara a été acceptée dans une école de communication à Aix-en-Provence, mais certains dans sa classe attendent encore de savoir où ils seront à la rentrée. "C'est une forme de pression, plus que la pression du bac en elle-même." "Il y a beaucoup de chagrin, poursuit sa mère Emma, beaucoup de questionnements parce qu'il faut faire des choix en plus, parce qu'ils ont deux jours pour faire le choix. Je trouve ça horrible."
"Avant, on pleurait parce qu'on n'avait pas le bac. Aujourd'hui, on pleure parce qu'on a des résultats Parcoursup qui ne nous emmènent pas où on veut aller..."
Chiara, 17 ansà franceinfo
"Nous, on était stressés juste par la fin d'année et l'examen final", se souvient Mireille, qui a un geste bien à elle pour encourager sa petite-fille, une tradition familiale restée intacte au fil des générations : serrer le pouce pour porter chance. "Il faut mettre le pouce à l'intérieur de la main, et vous pensez à la personne qui passe son examen." C'est, paraît-il, encore plus efficace que de croiser les doigts.
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