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Reportage
Touchés par le changement climatique, des vignerons de l'Aude misent sur l'aloès
Les vignes sont menacées par la sécheresse. Alors dans l'Aude et les Pyrénées-Orientales, certains agriculteurs cultivent désormais de l'aloès destiné à des produits cosmétiques.
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Après l'incendie déclenché mardi 5 août qui a ravagé 17 000 hectares dans l'Aude, retour sur le sujet de la sécheresse, cause de nombreux feux de végétation mais qui menace aussi la survie de certaines cultures, les vignes notamment. Franceinfo a rencontré des agriculteurs dans l'Aude et dans les Pyrénées-Orientales qui se diversifient en misant sur la culture de l'aloès, cette plante dite "succulente" dont l'aloe vera, la plus connue, fait partie.
Nous sommes à Fitou, dans l’Aude, une petite commune au pied des Corbières, ce massif encore calciné après le passage de l'incendie. Laurent Maynadier est vigneron, mais c'est dans son champ d’aloès qu'il nous reçoit. Autour de nous, 3 000 plants répartis sur 5 000 mètres carrés. Depuis ses premiers essais il y a quatre ans, il s'est rendu compte que la plante s’adapte très bien au climat local. "On multiplie par trois tous les ans le nombre d'aloès, ça se multiplie très très vite ! Et ça résiste aussi à des températures qui sont au-delà de 45°C. Mais il reste sensible à deux choses : l'excès d'eau – ici on est tranquille – et le gel. On a jamais eu de problème depuis quatre ans, certes, mais un jour ou l'autre, on aura des températures négatives et je risque de tout perdre."
Climat, économie… Le vin en perte de vitesse
Le vigneron sait de quoi il parle, ces deux dernières années il a perdu ses récoltes de raisin à cause de la sécheresse. "Sur le domaine, en cinq ans, on est passé de 18 hectares à 9 hectares. Il y a la crise climatique, ça, c'est un premier paramètre. Une crise structurelle : le vin, aujourd'hui, on en consomme moins en France. Et enfin une crise économique : en France, le vin n'est pas un produit de première nécessité, donc on en consomme moins." Désormais en plus du vin, Laurent Maynadier fait des produits cosmétiques à base d'aloès. Et dans quelques mois il va commercialiser du jus d’aloe vera en bouteille.
Pour le moment, les producteurs d'aloès dans tout le pays se comptent sur les doigts d'une main. Et l'objectif n'est pas de remplacer la production de vin dans le sud de la France par des aloès. Le but, c'est d'inciter les producteurs à ne pas tout miser sur la vigne. Laurent Ratia est chargé de la diversification à la chambre d’agriculture de l’Aude. Des formations vont démarrer en décembre prochain pour répondre aux questions des agriculteurs : "Est-ce que dans mon calendrier de production, l'aloe vera va venir en décalé et ne va pas venir percuter le moment où je récolte mes raisins ? Est-ce que le matériel que j'utilise en viticulture va être aussi utile pour mutualiser les outils sur la production d'aloe vera et je ne vais pas être obligé d'acheter du matériel supplémentaire ? Est-ce que je sais ce que je vais faire de ma production ?" Pour la première journée de formation la chambre d'agriculture espère attirer une quinzaine de candidats.
Les producteurs misent sur l'aloès "made in France"
On part à quelques kilomètres de l'Aude, dans le département voisin des Pyrénées-Orientales à Espira-de-l'Agly sur l'exploitation de Thomas Montès. Nous sommes au milieu de grandes serres métalliques qui abritent 4 hectares d'aloès, qu'il a commencé à cultiver il y a huit ans pour faire des cosmétiques. "Sur la partie gauche, là, on a des aloe barbadensis miller, c'est celui qui est connu pour la cosmétique." Il pratique une petite incision sur le coin, arrache une feuille et montre "la pulpe fraîche" qu'il récupère pour ses produits.
"L'aloe vera est utilisé depuis des années pour les vertus hydratantes, apaisantes, cicatrisantes. On essaie de préserver tous les principes actifs de la plante dans nos transformations."
Thomas Montès, producteur d'aloe dans les Pyrénées-Orientalessru franceinfo
L'usine de transformation est à 20 minutes de route dans le village de Vingrau. Le producteur nous montre les différentes étapes. "Donc ça, c'est l'extraction. On retire toute l'écorce et on vient préserver juste la pulpe qui est à l'intérieur. Ensuite on décontamine l'aloïne. Donc on enlève ce fameux latex toxique qui est entre l'écorce et la pulpe. Ensuite, on mixe. On stabilise la matière. Et ensuite, une fois que c'est stabilisé, on met dans des bidons et on sort de ce côté-là."
Thomas Montès travaille avec une dizaine de marques et laboratoires français et aujourd'hui son chiffre d’affaires atteint 50 000 euros. Mais la concurrence étrangère est écrasante. La quasi-totalité de l'aloès utilisé dans l'hexagone est importé d'Espagne et du Mexique sous forme de poudre qui est ensuite réhydratée. À la vente, l'aloès français est environ six fois plus cher. Mais Thomas Montès et les autres producteurs misent sur "le made in France" et "la meilleure qualité", disent-ils, "des produits fabriqués localement".
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