Dix ans après Fukushima : l'Allemagne s'approche d'une sortie du nucléaire et au Japon les réacteurs tournent au ralenti
L'Allemagne a mis en place un plan de fin du nucléaire d'ici 2022 tandis qu'au Japon dix ans après la catastrophe de Fukushim, le nucléaire ne représente plus que 6% de la production d'électricité du pays.
L'Elysée veut lancer le chantier de nouvelles centrales nucléaires. Emmanuel Macron l'a dit dans son allocution mardi 9 novembre. Une décision à contre-courant du choix pris par l'Allemagne après Fukushima au Japon en 2011.
L'Allemagne déjà bien engagé dans la sortie du nucléaire
Dix ans après la catastrophe japonaise, le plan de fin du nucléaire est parfaitement mis en œuvre par Berlin, dans le respect du calendrier, 2022. Sur les 17 centrales existantes, onze sont déjà fermées, les six dernières seront hors service d’ici l’an prochain. Trois d’entre elles, même avant la fin de cette année. Il s’agit de Grohnde près d’Hanovre en Basse-Saxe. La centrale de Brokdorf tout près de la grande ville de Hambourg sur l’estuaire de l’Elbe. Ainsi que la dernière tour de Gundremmigen en Bavière.
L’an prochain, arrêt définitif d’un autre réacteur bavarois, d’une autre centrale près des Pays-Bas et de la dernière près de la frontière française, près de l’Alsace, Neckarwestheim au nord de Stuttgart. Une enquête menée cette année à l’occasion des 10 ans de cette sortie du nucléaire montre que trois quarts des Allemands saluent cette décision. Deux tiers de la population interrogée s’accorde sur le risque d’utiliser cette énergie. Cela ne fait donc pas débat et il n’est pas question de revenir dessus. Le choix a été fait et l’Allemagne juge sévèrement ses voisins européens pro-nucléaires.
La moitié des Etats-membres de l’Union européenne n’ont jamais eu recours à cette énergie, c'est le cas de l’Autriche, le Luxembourg ou encore le Danemark, et d’autres comme la Belgique et l’Espagne veulent aussi en sortir. Toujours à l’occasion de ce dixième anniversaire, la ministre allemande de l’environnement, au mois de juin, considérait l’énergie nucléaire comme appartenant au passé. Elle s’inquiète de réacteurs toujours plus vétustes sur le continent dont on prolonge sans cesse la durée de vie bien au-delà des 40 ans, sans pouvoir vraiment les moderniser. C’est un danger disait-elle pour tous les citoyens européens. A la question de produire plus d’énergie nucléaire devrait d’abord être opposée la question d’augmenter la sûreté nucléaire. Cela passe forcément par les démantèlements des plus anciennes centrales, par la question du stockage des déchets qui est un sujet pour l’humanité toute entière et qui est un sujet en Allemagne qui n’a toujours pas trouvé un endroit pour le faire. Personne ne veut d’une décharge nucléaire près de chez soi.
Sortir du nucléaire représente aussi un coût, celui du démantèlement bien sûr et un coût écologique puisqu’on a souvent expliqué que l’Allemagne a dû compenser la quantité d’électricité qui n’était plus produite par le recours aux vieilles centrales au charbon. Scientifiquement et techniquement, l’Allemagne aurait dû sortir d’abord du charbon et ensuite du nucléaire. Là-dessus, presque tout le monde est d’accord. Sauf qu’il y a eu l’accident de Fukushima, que l’opinion publique allemande a été profondément choquée et politiquement, c’est la décision qui a été prise. Il a donc fallu faire avec l’existant, le gaz, le charbon, un peu de renouvelables déjà à l’époque mais pas suffisamment. Cela a conduit l’Allemagne à accélérer comme aucun autre de ces voisins ou presque sur la transition énergétique, à développer l’éolien d’abord sur terre puis en mer, ce qu’on appelle "offshore", et puis aussi beaucoup le solaire. Ce tournant a mis presque 10 ans à se faire mais désormais l’Allemagne peut aussi prétendre sortir du charbon en 2038. Peut-être même avant 2030 ou 2035 ce sera selon les choix du futur gouvernement de coalition dans lequel on devrait retrouver les écologistes et qui poussent pour une sortie plus rapide de cette vieille énergie fossile.
Au Japon, le nucléaire en rade
Au Japon, alors, le traumatisme Fukushima est encore dans toutes les têtes l’énergie nucléaire tourne toujours au ralenti. Il y avait 54 réacteurs exploitables au moment de la catastrophe de Fukushima, et à ce jour il n’en reste plus que 33 dont seulement sept sont actuellement en service. Une vingtaine de tranches, dont les dix saccagées des centrales 1 et 2 de Fukushima, vont être démantelés. Avant l’accident de mars 2011, l’énergie nucléaire représentait entre un quart et un tiers de la production d’électricité au Japon, elle n’est plus que 6% actuellement et le manque a été comblé essentiellement avec les centrales thermiques au charbon ou au gaz et des énergies renouvelables. Selon les plans du gouvernement, pour faire baisser les émissions de gaz à effet de serre, la part de l’énergie nucléaire doit remonter à 22% environ d’ici à 2030.
Le gouvernement japonais rêve de faire comme la France et décider de construire de nouvelles tranches. La télévision publique NHK n’a pas manqué de rapporter les annonces du président français Emmanuel Macron, en expliquant que cela visait à l’indépendance énergétique et au respect des engagements de réduction de gaz à effet de serre, deux arguments qui valent aussi pour le Japon.
En théorie le Japon ne peut pas remplir ses objectifs sans bâtir de nouvelles tranches. Car le parc, qui ne fonctionne qu’à un quart de ses capacités, est très ancien. Quatre réacteurs ont plus de 40 ans, douze entre 30 et 39 ans et seulement 17 moins de 29 ans. Le gouvernement a décidé d’étendre à 60 années l’exploitation sous conditions de travaux, mais compte tenu des périodes de maintenance, les 33 réacteurs encore exploitables ne pourront jamais tous tourner en même temps.
En fait, trois réacteurs étaient entrés en construction avant le sinistre de Fukushima et 6 autres sont en projet, mais tout est de facto gelé depuis cette catastrophe et aucune date de mise en service n’est prévue. De surcroît, la plupart des installations qui devaient permettre au Japon de maîtriser le cycle nucléaire, dont une usine de retraitement de combustible, n’ont jamais fonctionné et une partie sera même démantelée sans jamais avoir été utilisée.
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