Plats, tétines, spatules... Attention, les ustensiles en silicone peuvent être toxiques et ne se recyclent pas

Ils connaissent un véritable succès, mais tous les silicones ne se valent pas. Certaines qualités inférieures peuvent libérer des molécules qui vont se retrouver dans les aliments. De plus, on ne sait pas le recycler. Le magazine "60 millions de consommateurs" a mené l'enquête.

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Un cake dans un plat en silicone. (RICHARD VILLALON / MAXPPP)
Un cake dans un plat en silicone. (RICHARD VILLALON / MAXPPP)

Le magazine 60 millions de consommateurs s'est penché sur les ustensiles de cuisine en silicone. Ils sont pratiques, légers, incassables, faciles d’entretien et l’un de leurs atouts c’est que le silicone ne colle pas, ce qui évite l’ajout de matières grasses. En revanche, le silicone ne se recycle pas et il peut parfois être toxique. "Les silicones de moins bonne qualité, qui ne sont pas à base de platinium, sont moins stables à la chaleur et peuvent relarguer des molécules qui vont se retrouver dans les aliments", avertit la journaliste Patricia Chairopoulos.

franceinfo : Depuis quelques années, il y a une profusion d’articles en silicone. Pourquoi ont-ils autant de succès ?

Patricia Chairopoulos : Oui, vous trouvez des moules à gâteaux, des spatules, des pinces à salade, des tétines de biberon ou encore des sacs de congélation, des bacs des Air Fryer. Cette profusion s’explique par tous les intérêts pratiques du silicone pour la cuisine. C’est un matériau léger, incassable et facile d’entretien. De plus, sa souplesse permet un démoulage facile, et en plus, le silicone ne colle pas, ce qui évite l’utilisation de matières grasses. Enfin, certains silicones résistent à une grande amplitude de températures, de -40°C à la congélation à plus de 200°C au four. C’est un autre de ses avantages, le silicone est adapté à des températures extrêmes, car il ne se déforme pas. 

Mais de quoi est composé le silicone ?

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le silicone n'est pas un plastique. Même s’il est tout mou, il fait partie de la famille des thermodurcissables, comme l’epoxy ou le formica. Plus précisément, c’est un polymère à base de silice, un élément chimique abondant qu'on trouve aussi dans le verre.

Alors les fabricants mettent souvent en avant la durée de vie du silicone. C'est parfait d’un point de vue économique, mais le problème c’est que cette matière ne peut pas se recycler. Ce n'est donc pas très écolo. 

"Le gros problème du silicone est sa nature non recyclable. Une fois que ce polymère très résistant est constitué, on ne peut plus le casser. Des travaux de recherche existent pour tenter de le déstructurer, mais on en est encore aux balbutiements."

Patricia Chairopoulos

sur franceinfo

Pour se défendre, les fabricants mettent en avant une durée de vie des produits en silicone plus longue que celle des plastiques, sans pour autant la préciser. Mais, selon la qualité du silicone, l’usure sera plus ou moins rapide et donc la durée de vie plus ou moins longue.

Quand on dit que le silicone n’accroche pas, est-ce vrai quelle que soit la température de chauffe ?

Pour des silicones de bonne qualité, les fabricants affichent une résistance jusqu’à 250 degrés. Mais globalement, les experts conseillent de ne pas chauffer au-delà de 200°C, même si les températures d'utilisation indiquées sont de +230°C, voire +280°C. 

"Seuls les silicones platinium, c’est-à-dire intégrant du platine dans leur processus de fabrication, sont aptes à monter en température. Cette caractéristique, généralement indiquée sur l’emballage, justifie un prix plus élevé."

Patricia Chairopoulos

sur franceinfo

"Le platine garantit un matériau plus stable, avec moins de risque de relargage de monomères", explique Hervé Pelletier. Monomères qui vont se retrouver dans les aliments et avec les autres produits contenus dans le silicone. Si le silicone platinium est plus cher à produire, cela tient à la fois au coût du platine, mais aussi au process industriel, plus exigeant. D’où un coût d’achat autour de 30-40 euros pour un plat en silicone allant au four, plutôt que 10-15 euros.

Le problème c’est que certains silicones peuvent dégager des substances nocives pour la santé si les conditions d’utilisation ne sont pas respectées, à quoi faut-il faire attention justement ?

Justement, les silicones de moins bonne qualité, qui ne sont pas à base de platinium, sont moins stables à la chaleur et peuvent relarguer des molécules qui vont se retrouver dans les aliments. De plus, certains signes attestent d’une mauvaise qualité comme un moule poisseux ou donnant une odeur ou un goût à vos aliments : ça peut être signe d’une mauvaise qualité ou d’un relargage de substances. Donc à éviter.

Mais y a-t-il suffisamment d’informations sur les étiquettes pour se repérer ?

Sur les étiquettes, on peut trouver l’allégation 100% platinium qui est fiable ou encore "100% premium". Mais celle-ci n’est pas une marque officielle de qualité, elle ne garantit pas un silicone fait avec du platine.

Quelle autorité contrôle les produits en silicone avant leur mise sur le marché ? Sont-ils tous conformes aux normes sanitaires ?

C’est l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses) qui est chargée d’évaluer la dangerosité éventuelle des matériaux et substances autorisées pour la fabrication des ustensiles en contact avec les aliments. Cette dangerosité se mesure selon les quantités et la nature des matières organiques volatiles libres émises.

Or, selon le dernier contrôle de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) en 2023, sur quinze échantillons en silicone analysés en laboratoire, cinq d’entre eux se sont révélés non-conformes : un set de repas pour bébé, deux produits avec des couvercles en silicone, une gourde, une tétine en silicone. Tous ces articles présentaient la même non-conformité : des taux de composés organiques volatils trop élevés.

Le prix est-il un gage de qualité ?

Oui, car le silicone platinium est plus cher à produire, donc vendu plus cher. Pour un plat allant au four, il faut compter autour de 30-40 euros pour avoir de la qualité, contre 10-15 euros pour un plat en silicone ordinaire.

Dernier conseil : quelle que soit la qualité du silicone, il est important de bien laver les ustensiles avant leurs premières utilisations, et d’éviter de cuisiner des aliments trop gras ou encore de huiler ou de beurrer les plats en silicone.

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