Carrefour : Assemblée générale sous tension pour Alexandre Bompard

Malgré ses meilleurs résultats réalisés l'an dernier en 10 ans, l'action Carrefour cote plus bas qu'à l'arrivée du PDG. De plus, les syndicats l'assignent en justice.

Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le PDG de Carrefour, Alexandre Bompard, le 21 mai 2025. (ALEXIS SCIARD / MAXPPP)
Le PDG de Carrefour, Alexandre Bompard, le 21 mai 2025. (ALEXIS SCIARD / MAXPPP)

Carrefour tient une Assemblée générale mercredi 28 mai qui promet d’être tendue pour le PDG, Alexandre Bompard. Face aux actionnaires, le dirigeant va devoir s’expliquer sur sa stratégie, et le plan stratégique qu’il a mis en place dans un secteur très concurrentiel, dominé par la guerre des prix. 

Avec des hypers en perte de vitesse, Carrefour mise sur les offres discounts, c’est-à-dire à bas coût, en augmentant dans les rayons, les marques distributeurs. Ces dernières années, Carrefour a aussi multiplié les ouvertures de petits magasins de proximité en franchises, ce qui lui permet d’être présents dans les gares et les centres-villes. L’enseigne a aussi fait l’acquisition de supermarchés Cora, d’une centaine de magasins de l’enseigne Match ou encore d’une trentaine de boutiques Casino. Mais, la marque a beau avoir fait sa meilleure année l’an dernier en France depuis 10 ans, son cours de bourse est plus bas qu’en 2017, quand Alexandre Bompard est arrivé. Et malgré ses 94 milliards de chiffre d'affaires annuel, il reste sous-coté : Carrefour vaut à peine 10 milliards en Bourse.

L'externalisation de certains magasins, un plan social déguisé, selon les syndicats

Par ailleurs, les syndicats l’assignent en justice. Le point de litige, c’est que l’enseigne externalise la gestion de ses magasins déficitaires, une quarantaine par an, via la location-gérance, c’est-à-dire que les magasins gardent le nom et le logo, mais les salariés ne font plus partie des effectifs de Carrefour. Selon les syndicats, les employés sont donc perdants, leurs revenus baissent, les conditions de travail se détériorent. Et pour la CFDT qui a porté l’affaire devant les tribunaux, il s'agit même d'un plan social déguisé, car la manœuvre pousse au départ des salariés.

Il faut dire que c’est un vrai changement de modèle : aujourd’hui, la moitié des 170 000 personnes qui travaillent en magasin ne sont plus employées directement par Carrefour. L’association des franchisés, soutenue par le ministère de l’Économie,  assigne la direction en justice estimant que Carrefour leur vend trop cher les produits. L’enseigne répond que ces mécontents représentent à peine 2% des franchisés. Surtout, selon Carrefour, c’est la seule manière de sauver les magasins, de continuer à réussir à développer sa part de marché et de garder sa place de numéro deux, derrière Leclerc. 

Dernier point sensible : la rémunération du patron

Alors que la stratégie fait débat, les actionnaires vont-ils valider le salaire d’Alexandre Bompard qui s'élève à près de 3,5 millions d’euros, soit 1 million de moins que l’année précédente, avec en plus un portefeuille d’actions dont la valeur peut monter jusqu’à 5, 5 millions d'euros. Enfin se posera la question de savoir si Alexandre Bompard briguera un nouveau mandat, alors qu’il doit terminer celui-ci l’an prochain.

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