La légère baisse inattendue du chômage au quatrième trimestre 2024 risque d'être seulement un sursis

Le taux de chômage en France a légèrement diminué à 7,3% à la fin de 2024, malgré une conjoncture économique difficile. Toutefois, cette stabilité reste fragile et pourrait ne pas durer.

Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L’Insee, comme l’OFCE et la Banque de France, s’attend à une remontée du taux de chômage en 2025. (photo d'illustration). (JEAN-FRANCOIS FORT / HANS LUCAS)
L’Insee, comme l’OFCE et la Banque de France, s’attend à une remontée du taux de chômage en 2025. (photo d'illustration). (JEAN-FRANCOIS FORT / HANS LUCAS)

Les chiffres du chômage au sens du Bureau International du Travail (BIT) viennent d’être publiés, mardi 11 février, pour la fin de l’année 2024. Les résultats montrent une variation relativement faible du taux de chômage. En effet, pour le quatrième trimestre de 2024, la France affiche un taux de chômage de 7,3 %, contre 7,4 % au troisième trimestre. Cette légère baisse surprend, car plusieurs indicateurs laissaient présager une remontée importante du chômage. En effet, l'ex-Pôle emploi, désormais France Travail, a enregistré 100 000 nouveaux inscrits l’an dernier, tandis que les défaillances d’entreprises ont considérablement augmenté et que de nombreux plans sociaux ont été annoncés. Cependant, ces prévisions de hausse ne se sont pas concrétisées, et une très légère baisse a été observée sur le dernier trimestre 2024, ce qui témoigne de la résilience du marché de l'emploi, malgré une conjoncture économique tendue. L'Insee évoque même une "quasi-stabilité" de la situation.

Comment expliquer cette évolution ? L’écart entre les données de France Travail et celles de l’Insee pourrait en partie expliquer cette stabilité. Les deux institutions adoptent des méthodes de comptage différentes des demandeurs d’emploi. France Travail comptabilise tous les inscrits à l’agence nationale de l’emploi, tandis que le BIT se base sur une enquête déclarative, menée auprès des personnes de plus de 15 ans. En outre, des problèmes statistiques ont parfois affecté les données de France Travail, ce qui rend les comparaisons plus complexes. Cependant, au-delà de ces différences méthodologiques, l’Insee met en lumière une amélioration de la situation chez les jeunes. Moins nombreux à chercher du travail, ces derniers bénéficient en grande partie de l’apprentissage et de l’alternance, qui ont facilité leur insertion professionnelle.

Chômage en baisse avant une remontée

Cette situation représente probablement une forme de soulagement pour le gouvernement, du moins dans un premier temps. Toutefois, derrière cette légère baisse inattendue du chômage, il existe un phénomène inquiétant appelé le "halo du chômage". Ce concept désigne les personnes qui souhaitent travailler, mais qui ne sont pas comptabilisées dans les chiffres officiels parce qu’elles ne sont pas disponibles pour travailler en raison de problèmes de garde d’enfants, de mobilité, de santé, ou tout simplement parce qu’elles se sont découragées. Ce groupe ne doit pas être ignoré, car il témoigne d'une fragilité sous-jacente du marché du travail.

Ainsi, la situation actuelle pourrait n’être qu’un sursis. L’Insee, comme l’OFCE et la Banque de France, s’attend à une remontée du taux de chômage en 2025. En effet, les prévisions tablent sur un taux de chômage qui pourrait atteindre 8 % de la population active d’ici la fin de l’année, en raison de la faiblesse des indicateurs économiques, tels que la croissance et le moral des chefs d’entreprise. Dans ce contexte, la promesse d’Emmanuel Macron d’atteindre le plein-emploi, c'est-à-dire un taux de chômage de 5 % d'ici 2027, semble de plus en plus difficile à réaliser.

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