Lactalis va investir un milliard d’euros dans ses usines en France

Le géant laitier veut garder son rang de numéro un mondial, en adaptant ses site pour mieux coller aux attentes des consommateurs. C'est aussi une manière de se réancrer en France, face aux droits de douane américains et à la baisse de croissance chinoise.

Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Usine Lactalis de Saint-Florent-le-Vieil, dans le Maine-et-Loire, en 2022. (JOSSELIN CLAIR / MAXPPP)
Usine Lactalis de Saint-Florent-le-Vieil, dans le Maine-et-Loire, en 2022. (JOSSELIN CLAIR / MAXPPP)

Alors que le plateau de fromages a moins la cote, les Français sont les premiers consommateurs en yaourts. Lactalis veut notamment intensifier sa production de Skyr, plus riches en protéines (et plus chers aussi) dont les jeunes raffolent.

Chaque année, le groupe Lactalis lance une centaine de nouveaux produits, d'où cet investissement dans ses 69 laiteries et usines de l'Hexagone :  250 millions d'euros par an sur 5 ans, soit 1 milliard d'ici 2030, a annoncé Jean-Marc Bernier, directeur général du groupe lors d’une conférence de presse, mardi 16 septembre. Le groupe veut, par exemple, faire plus de fromages râpés - emmental ou mozza rappés - que les Français achètent de plus en plus pour garnir leur pizza ou pâtes.

Faire davantage de haut de gamme

L'objectif est clairement identifié, à savoir faire moins de volumes, mais plus de produits de qualité, à grands coups de publicité. Lactalis veut moins de produits de "MDD" aussi, ces marques de distributeurs dont le groupe estime qu'elles ne se développeront plus. Face à la concurrence d'indépendants, comme "C'est qui le patron", Lactalis parie sur ses appellations propres : Président, Lactel, Bridel, roquefort Société, La Laitière, Yoplait. Il lui faut aussi compenser la baisse de produits phares, comme le beurre, dont les prix ont beaucoup augmenté et dont les ventes ont reculé en 2025.

Avec cet investissement important, Lactalis cherche aussi à répondre aux critiques de 2024, quand le numéro un mondial des produits laitiers - avec ses 30 milliards d'euros de chiffre d'affaires - a annoncé qu'il réduisait drastiquement sa collecte de lait en France. Les éleveurs, producteurs, coopératives l'ont accusé de lâcher l'hexagone et de s'intéresser un peu trop au marché américain et asiatique.

Ce milliard d'euros d'investissement est une façon de réaffirmer l'ancrage en France. C'est aussi, sans le dire, une manière de réinvestir l'hexagone, de privilégier la consommation intérieure, face à la hausse des droits de douane sur les exportations aux États-Unis et le ralentissement de la croissance en Chine.

Les scandales du lait contaminé

En attendant, en France, Lactalis a du mal à sortir des démêlés judiciaires. Après les scandales du lait contaminé et le règlement d'un chèque de 475 millions d'euros pour solder ses comptes avec le fisc, le groupe fait face à une action collective de salariés, qui l'accusent de montage financier et d'évasion fiscale, lui ayant permis de réduire artificiellement les primes et participation qu'il devait leur verser.

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