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L’avenir de l’internet chinois discuté à Seattle

Il n’y a pas que le pape François qui soit en visite officielle aux Etats-Unis, le président chinois a aussi entamé à Seattle un séjour important. L’avenir de l’internet chinois sera au cœur des discussions.

Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)
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 Une visite officielle peut en cacher une autre aux Etats-Unis et dans un autre registre, celle du président chinois n’en est pas moins importante. Pour attirer l’attention, Xi Jinping a ajouté une petite touche de people, il est venu avec son épouse, l’ex et célèbre cantatrice, Peng Liyuan. Le XXIème siècle sera celui d’une confrontation entre les Etats-Unis et la Chine, qui ont tissé des liens multiples ces dernières décennies, au point qu’il existe déjà une interdépendance économique aussi puissante que risquée. A Seattle, c’est une véritable opération de charme que mène Xi Jinping vis à vis des géants du web américain. L’objectif des chinois est assumé ouvertement : ils défendent le principe d’une souveraineté technologique, économique et donc politique. Ils veulent façonner internet selon leurs propres exigences, internet oui, disent-ils mais avec nos codes, nos propres géants, nos technologies et il faut bien l’ajouter, notre police… Le président chinois a dîné hier soir avec Bill Gates, le fondateur de Microsoft, d’Apple à Facebook, il verra tous les dirigeants du web, et un grand forum sino-américain de l’internet s’est ouvert au même moment, mêlant les grands noms de la Silicon Valley et les stars du web chinois, les Tencent, Baïdu ou Alibaba.

Mais comment réagissent les américains à cette offensive chinoise ?

=Il y a deux types de réactions, d’abord l’administration américaine qui tort un peu le nez, qui n’est pas prête à n’importe quoi, et le président Obama compte bien réprimander les chinois pour leur interventionnisme sur la Toile et pour les attaques répétées de pirates de l’informatique dont sont victimes certaines entreprises américaines ; mais de l’autre coté, les géants de la Silicon Valley, eux, ont les yeux qui brillent face à l’immense marché chinois, le plus grand marché du monde l’internet, avec ses 650 millions d’internautes. Beaucoup sont prêts à coopérer, coûte que coûte. A l’image de Cisco, géant des serveurs et réseaux, qui devrait annoncer aujourd’hui un partenariat avec un développeur chinois de logiciels.

Pourtant, pour des raisons politiques, des milliers de sites comme ceux de Facebook, Twitter ou Instagram sont régulièrement bloqués par les autorités chinoises…

Oui et c’est tout le paradoxe de cette situation. Un nombre croissant de sites étrangers sont bloqués. Au prétexte de la sécurité du réseau, les Chinois exigent depuis cet été que les sociétés high tech américaines signent un document par lequel elles s’engagent à ce que leurs produits soient  "sûrs et contrôlables" et que les données de leurs usagers chinois soient stockées sur le territoire chinois. Bien évidemment, cette disposition fait hurler les associations de défenses des droits de l’homme qui redoutent que les autorités chinoises se servent des données privées pour contrôler les esprits et envoyer les déviants en prison. Il faut donc juste espérer que les patrons du web américain savent qu’on peut toujours dîner avec le diable, mais seulement avec une très longue cuillère.

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