Le décryptage éco. Les bonus des grands patrons peuvent-ils être encadrés ?
Le patron de Technip part avec 14 millions d’euros, alors que le groupe a enregistré presque deux milliards de pertes. Cela suscite un tollé. Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Opinion").
Technic a beau afficher près de deux milliards de pertes, son patron Thierry Pilenko quitte ce groupe parapétrolier avec 14 millions de d'euros. Ce qui provoque colère et incompréhension dans l'opinion.
La question d'encadrer le salaire et les bonus des patrons se pose à chaque affaire de ce type. Souvent, c’est la pression de l’opinion publique, médiatique, mais aussi politique qui joue les juges de paix. Souvenez-vous de Georges Plassat, le patron de Carrefour, qui avait dû renoncer à son indemnité de départ l'année dernière, alors qu’il laissait un groupe qui faisait un vaste plan social. C’est parce qu’il était montré du doigt qu’il s’était ravisé. Le patron de Technip va-t-il faire pareil alors que Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, s’est dit hier choqué, évoquant : "Des comportements inacceptables et intolérables" ?
"Le say on pay" dans Ia loi
Depuis fin 2016, il y a la loi Sapin 2 qui oblige les actionnaires à voter les rémunérations des dirigeants dans toutes grandes entreprises.Ces votes sont maintenant contraignants et pas uniquement consultatifs. C’est simple : pas d’approbation des actionnaires, pas de rémunération, de variables, de prime exceptionnelle, etc. Souvent, ces packages choquent, comme celui de Technip, mais en fait, ils ont été décidés tout à fait légalement.
Il n’y a donc pas de plafonnement des salaires des patrons dans la loi. Elle ne donne pas de grille de salaire à suivre. On est dans un capitalisme ouvert, en plus, ce serait juridiquement compliqué. La loi Sapin 2 laisse la main aux actionnaires : les salaires peuvent continuer à être très élevés mais à condition, et seulement à condition, qu’ils aient été votés en assemblée générale, que la composition de la rémunération – entre les bonus, les parts variables, les retraites chapeaux etc. –, soit bien détaillée, que ce soit parfaitement transparent.
C’est ce qu’on appelle le "say on pay" , l’expression est anglo-saxonne, parce qu’on s’est inspiré de ce qui se fait à l’étranger. C’est ce "say on pay" qui est inscrit dans la loi Sapin.
Un changement en douceur des comportements
On manque un peu de recul, mais on voit que les actionnaires sont plus regardants, plus sévères, ils osent s’opposer à des rémunérations trop élevées, qu’ils jugent pas toujours justifiées au vu des performances, ou pas morales. Plusieurs dirigeants ont ainsi dû revoir à la baisse leurs prétentions : cela a été le cas de Carlos Ghosn l’ancien patron de Renault. Les comportements commencent à changer mais doucement. C’est tout le pari d’ailleurs du Medef et de l’Afep, l’association des grandes entreprises de France, qui réunit le CAC40 et qui ont mis en place un code, une charte de bonnes pratiques, un code d’éthique. Pour eux, la régulation suffit à faire son œuvre.
Reste qu’il y a quand même quelques abus : dans l’affaire Technip, le patron du Medef , Geoffroy Roux de Bézieux n’est d’ailleurs pas très à l’aise. Il s’est dit contre "la prime à l’échec" mais pour le moment, il n’a prévu de revoir, ni durcir le code. La loi Pacte de Bruno Le Maire prévoit que les grandes entreprises rendent publics les écarts de salaires, entre le plus faible et le plus élevé. Mais c'est un peu différent. Elle est encore en discussion au Parlement.
À regarder
-
Victor Wembanyama : il revient encore plus fort
-
Vagues, rafales : la tempête Benjamin a battu des records
-
Tempête Benjamin : sauvetage en pleine mer
-
Nouvelle-Calédonie : 50 détenus attaquent l'État en justice
-
Cancer : grains de beauté sous surveillance grâce à l'IA
-
La langue des signes est-elle en train de mourir ?
-
Un malade de Parkinson retrouve l'usage de ses jambes
-
Ils crient tous ensemble (et c'est ok)
-
Obligée de payer une pension à sa mère maltraitante
-
Maison Blanche : Donald Trump s'offre une salle de bal
-
Musée du Louvre : de nouvelles images du cambriolage
-
Traverser ou scroller, il faut choisir
-
Manuel Valls ne veut pas vivre avec des regrets
-
Nicolas Sarkozy : protégé par des policiers en prison
-
Piétons zombies : les dangers du téléphone
-
Tempête "Benjamin" : des annulations de trains en cascade
-
Femme séquestrée : enfermée 5 ans dans un garage
-
Vaccin anti-Covid et cancer, le retour des antivax
-
A 14 ans, il a créé son propre pays
-
Ils piratent Pronote et finissent en prison
-
Aéroports régionaux : argent public pour jets privés
-
Bali : des inondations liées au surtourisme
-
Cambriolage au Louvre : une nacelle au cœur de l'enquête
-
Alpinisme : exploit français dans l'Himalaya
-
Un objet percute un Boeing 737 et blesse un pilote
-
Cambriolage au Louvre : où en est l'enquête ?
-
Jean-Yves Le Drian défend l'image de la France
-
Chine : 16 000 drones dans le ciel, un nouveau record du monde
-
Donald Trump lance de (très) grands travaux à la Maison Blanche
-
Glissement de terrain : des appartements envahis par la boue
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter