Malgré la suspension de la réforme des retraites, les marchés font confiance à Sébastien Lecornu

On s‘attendait à ce que les marchés financiers sanctionnent la France après l’annonce de la suspension de la réforme des retraites. Non seulement ce n’est pas le cas, mais c'est l’inverse. Dans son discours, le Premier ministre a réussi à repousser la censure et à rassurer les créanciers.

Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Roland Lescure, ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle, énergétique et numérique, avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, le 14 Octobre 2025. (JULIEN MATTIA / LE PICTORIUM / MAXPPP)
Roland Lescure, ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle, énergétique et numérique, avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, le 14 Octobre 2025. (JULIEN MATTIA / LE PICTORIUM / MAXPPP)

Cela peut sembler paradoxal, mais les marchés ont plutôt "voté" Sébastien Lecornu II : ils lui donnent quitus. Non seulement les taux d'intérêt concernant notre dette à 10 ans n'ont pas flambé depuis le discours, mais ils sont passés en dessous de ceux de l'Italie. Sur 10 ans, la France emprunte désormais à 3,36%, contre 3,39% en Italie. Même le "spread" - l'écart entre deux taux d'emprunt à même échéance - avec l'Allemagne a baissé.

Le CAC 40 a aussi repris des couleurs depuis l'allocution du Premier ministre. Les créanciers et investisseurs reprennent confiance dans la capacité de la France à retrouver une stabilité politique, car leur grande crainte, ces derniers jours, était le chaos politique et social.

Les "marchés" sont un mot abstrait, mais ce sont des gens, des particuliers, des fonds, qui mettent leur argent dans des bons du Trésor français, et qui entendent être remboursés. En ce moment, ils se disent que la France a un Premier ministre qui ne sera pas renversé tout de suite, au moins le temps d'avoir un budget. Et leur calcul est simple : il est moins coûteux de mettre sur pause pendant un an et demi la réforme des retraites - et perdre au passage 3 milliards d'euros – que d'avoir une instabilité, voire une dissolution, qui coûterait bien plus.

Les précautions de Matignon envers les marchés

D'ailleurs, Matignon a cherché à rassurer les marchés financiers. Mardi 14 octobre, lors de son discours de politique générale, Sébastien Lecornu s'adressait certes aux députés dans l'hémicycle, mais il a aussi beaucoup orienté son discours en direction des investisseurs. Selon nos informations, pour éviter le faux pas en amont et taper juste, Matignon a pris soin de sonder les experts de la finance. C'est ainsi, que Sébastien Lecornu a répété qu'il était prêt à suspendre la réforme des retraites, mais en insistant bien sur le cadre, le calendrier, restreint, précis, jusqu'à 2028. Et il a ajouté que cela ne se ferait pas à n'importe quel prix, l'équilibre des comptes devra être préservé, et le déficit contenu.
 
Si la France n'est pas encore sauvée, elle gagne du temps, elle est en sursis. Les marchés font le pari que la France aura un budget avant la fin décembre. À condition qu'il s'agisse d'un budget qui comporte 30 milliards d'euros d'économie, pas un budget dans lequel les comptes dérapent… Pour l'instant, c'est loin d'être gagné et, à moyen terme, nos créanciers ne manqueront pas de nous le faire payer cher.

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