Panama papers : convoquée à Bercy, la Société générale se défend
La Société générale est prise dans le tourbillon des Panama Papers : le ministre des Finances Michel Sapin a convoqué mardi soir le patron de la banque Frédéric Oudéa. Et l'explication a dû être tendue.
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Une explication tendue, c’est sans doute le moins que l’on puisse dire. Le patron d’une banque convoqué dans la journée à une heure où il n’y a plus grand monde dans les bureaux, par le ministre des Finances lui même, pour un tête-à-tête, c’est du jamais vu. Et on aurait tort d’y voir seulement une petite mise en scène de la colère de l’Etat face à une opinion publique choquée, un peu écœurée même, par les révélations sur l’usage immodéré des paradis fiscaux par une grande institution financière.
Les grandes banques au coeur du système offshore
Car si l’Etat cherche à afficher sa détermination, c’est aussi et d’abord pour des raisons de principe et de fond. Dans les millions de documents du cabinet panaméen, la Société générale apparaît dans le top 5 des établissements qui ont le plus utilisé ces sociétés offshore, créées et domiciliées dans les paradis fiscaux. Et elle est en compagnie de plusieurs des très mauvais élèves de la finance, comme UBS ou HSBC, deux établissements dont certaines pratiques douteuses ont été déjà dénoncées. L’affaire des Panama Papers montrent que les grandes banques sont plus que jamais au cœur du système offshore et ce, malgré l’offensive politique contre les paradis fiscaux lancée en 2009 par les pays du G20.
La défense de la Société générale
La banque a d’abord exprimé sa colère contre ces révélations, dénonçant "l’exploitation de données incohérentes, générant des amalgames scandaleux". Puis, un ton en-dessous, elle donne des explications plus précises : la banque affirme que la plupart de ces structures offshore créées par l’intermédiaire du cabinet panaméen ont été fermées depuis 2012, et qu’il en reste au plus "quelques dizaines", créées pour les affaires patrimoniales de certains clients et gérées comme des structures "totalement transparentes". Pourquoi passer par le Panama, si tout ça est transparent ? Voilà une des questions qu’a certainement posée Michel Sapin hier soir.
Ce que risque la banque
Le secrétaire d’Etat Christian Eckert a évoqué mardi soir la possibilité de sanctions contre la Société générale. Mais pour l’heure, c’est le temps des explications et des vérifications. Bien sûr l’Etat français n’a pas intérêt à déstabiliser une grande banque comme la Société générale au moment même où certains évoquent le spectre d’une possible nouvelle crise financière. Mais l’Etat ne peut pas non plus rester les bras croisés : il veut savoir si la banque a trahi ou non son engagement de ne plus participer à des opérations opaques dans les paradis fiscaux, une promesse faite au lendemain de la grave crise de 2007-2008. Et l'Etat n’est pas seul dans cette affaire : le superviseur bancaire, une autorité indépendante à l'acronyme un peu barbare, l’ACPR (autorité de contrôle prudentiel et de résolution), aura elle aussi son mot à dire.
Réagir au plus vite
Elle est sans complaisance sur ces sujets et a déjà renforcé ses contrôles anti-blanchiment sur les banques. La Société générale avait été d’ailleurs déjà dans le collimateur des autorités, pour des manquements dans ses procédures de contrôle, justement pour une implantation aux Bahamas, un autre paradis fiscal. Et la banque avait été sanctionnée pour ces faits en 2012, avec un avertissement, et 500.000 euros d’amende. Cette fois, l’affaire est hyper-médiatisée et tous les acteurs -la banque, l’Etat, le régulateur- vont devoir agir au plus vite et sous le feu de l’opinion publique. C’est sans doute ce qu’ils détestent le plus. Mais ils n’ont pas le choix.
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