Plus 15% de la population française vit en dessous du seuil de pauvreté, selon l'Insee

Le taux de pauvreté en France a atteint un niveau record touchant près de 10 millions de personnes; dévoile, lundi, l'Insee. La réduction des aides et les salaires qui ne suivent pas toujours l'inflation sont autant de facteurs pouvant expliquer cette situation.

Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Manifestation et grève interprofessionnelle à l'appel des syndicats pour l'augmentation des salaires pour faire face à l'inflation (photo d'illustration, le 18 novermbre 2022). (ANNA MARGUERITAT / HANS LUCAS)
Manifestation et grève interprofessionnelle à l'appel des syndicats pour l'augmentation des salaires pour faire face à l'inflation (photo d'illustration, le 18 novermbre 2022). (ANNA MARGUERITAT / HANS LUCAS)

Alors que François Bayrou va présenter les grandes lignes de son budget le 15 juillet, les chiffres publiés par l'Insee, lundi 7 juillet, promettent de faire débat. Une première donnée attire l’attention, dans cette étude sur le niveau de vie des Français :le taux de pauvreté en France n’a jamais été aussi élevée depuis en 1996, date à laquelle l’institut de la statistique a commencé à le calculer.  

Dans l’hexagone, plus 15% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec 1 288 euros par mois. En 2023, cela représentait près de 10 millions de Français, surtout des chômeurs, mais aussi des familles monoparentales, donc des enfants. Cette progression s’explique notamment par la réduction des aides après le covid, mais aussi parce que face à l’inflation, les salaires n’ont pas toujours suivi. Les travailleurs indépendants sont aussi particulièrement exposés à la pauvreté. De quoi relancer les débats sur le travail qui ne paie plus, en tout cas, qui protège moins qu’avant.

Des inégalités en forte hausse

L’étude montre aussi que après redistribution, les inégalités se creusent. Les niveaux de vie des 30% les plus modestes diminuent, tandis que les 10% les plus riches voient leur niveau de vie croître. De quoi relancer, là aussi, le débat sur l’efficacité de notre modèle social, sur les aides et les hausses d’impôts. Dans ce contexte, le gouvernement martèle toujours que pour faire 40 milliards d’euros d’économie, il n’augmentera pas les prélèvements.

Selon l’économiste Pierre Madec de l'OFCE, qui vient de sortir une étude sur le sujet, geler les prestations, mais aussi le barème des impôts représenterait un effort de plus de six milliards d'euros pour les ménages français. De façon comptable, l'impact serait plus fort sur les plus aisés. Les 5% de ménages les plus favorisés verraient leur revenu  disponible diminuer de près de 400 euros sur l'année, contre moins de 100 euros pour ceux en bas de l’échelle. Rapporté au niveau de vie, ce sont bien les ménages les plus modestes qui verraient leur revenu être le plus amputé par une "année blanche".

Certes, François Bayrou promet de demander à tous des efforts, mais ce sera probablement difficile de demander à tous le même niveau d’effort et de contribution. L’Insee montre, par exemple que le niveau de vie médian des retraités augmente bien plus vite que celui de l’ensemble de la population, parce que leurs pensions de retraite ont été alignées sur la hausse des prix, et même un peu au-dessus. Si le taux de retraités pauvre dépasse les 11%, il reste nettement en dessous de celui de la moyenne de la population qui se rapproche des 15,5%. Au delà des données comptables, toucher au niveau de vie des plus âgés, qui votent le plus, est très sensible politiquement.

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