Qui va payer la suspension de la réforme des retraites d'ici 2028, selon Matignon ?

Sébastien Lecornu va présenter jeudi en conseil des ministres une lettre qui confirme bien la suspension de la réforme des retraites, le gage donné aux socialistes. Mais dans cette lettre, il explique aussi comment il veut financer cette suspension.

Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Sébastien Lecornu à l'Assemblée nationale, le 22 octobre 2025. (ALAIN JOCARD / AFP)
Sébastien Lecornu à l'Assemblée nationale, le 22 octobre 2025. (ALAIN JOCARD / AFP)

Sébastien Lecornu l'a toujours dit : cette suspension de la réforme – ce "décalage", selon Emmanuel Macron - ne doit pas creuser le déficit. La réforme Borne suspendue jusqu'en 2028 revient, on le rappelle, à bloquer l'âge de départ à 62 ans et 9 mois pour les actifs nés en 1964, alors qu'il devait passer à 63 ans. Elle gèle aussi le nombre de trimestres requis pour avoir une retraite à taux plein : 170 trimestres pour cette même génération 1964 au lieu de 171 trimestres.

Selon la "lettre rectificative" au budget 2026 de la Sécurité sociale, présentée jeudi 23 octobre en Conseil des ministres, la suspension de la réforme controversée coûtera 100 millions d’euros en 2026 et 1,4 milliard d’euros en 2027.

Un coût qui explose en 2027

Jusqu'alors, pour 2026, l'exécutif parlait de 400 millions d'euros. Si le gouvernement revoit à la baisse son estimation, c'est parce qu'il part du principe que cette suspension de la réforme n'aura finalement qu'un impact marginal l'an prochain. Les caisses de retraite ont fait tourner leurs modèles et, selon elles, peu d'assurés, de salariés changeront leur comportement : ils partiront avant. 

En revanche, c'est vraiment sur 2027 que la facture va se faire sentir. Alors, comment compenser, où trouver l'argent ? Sébastien Lecornu prévoit deux sources de financement. La première est de taxer davantage les assurances, complémentaires et mutuelles, en augmentant leur contribution exceptionnelle. Il est déjà prévu dans le budget 2026 de leur demander 1 milliard d'euros. En 2027, ce sera donc plus, de quoi faire hurler les assureurs, qui risquent de répercuter la hausse sur les clients. Les Français doivent donc se préparer à payer encore plus cher leurs complémentaires et mutuelles. C'est-à-dire, plus cher que les hausses de tarifs déjà attendues, entre 5 et 8%.

La deuxième source de financement que prévoit Matignon viendra des retraités. Il prévoit de geler les pensions en 2026, comme annoncé dans le projet de budget, mais aussi - et c'est ce qui est nouveau - en sous-indexant encore plus que prévu leurs pensions en 2027. De quoi raboter leur pouvoir d'achat les deux prochaines années, car cela s'ajoute au gel des retraites complémentaires. Ce qui a fait dire à plusieurs syndicats, mardi soir, que "tous les retraités finalement vont prendre cher, pour qu'une poignée d'actifs nés en 1964 partent quelques mois plus tôt que prévu". Autant dire que la pilule risque d'être difficile à avaler chez les syndicats mais aussi chez les socialistes.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.